La manne pétrolière a plus été «dégainée» pour rassurer le pouvoir que pour porter des solutions durables!
La colère ouvrière gronde! Le mois de mars prochain s'annonce chaud. Pratiquement, tous les secteurs seront touchés par le vent de la protesta. Travailleurs de la santé, de l'éducation, ceux de l'Etusa, de la fonction publique, les gardes communaux,...tous comptent monter au créneau dans les semaines à venir. Ils seront des centaines de milliers à dire leur colère.
D'abord, les gardes communaux. La Coordination nationale de la garde communale a programmé une marche nationale le 3 mars prochain, a-t-on appris auprès du délégué de la garde communale de la wilaya d'El Tarf, Zidane Hasnaoui. Une décision prise après l'arrestation de 50 gardes communaux ils y a trois jours à Boufarik, dans la wilaya de Blida, par les services de sécurité alors qu'ils installaient un camp. Parmi les interpellés figure le porte-parole de la coordination, Aliouet Lahlou. Pour eux, le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales aura d'ici là, une période supplémentaire pour répondre favorablement aux points en suspens de leur plate-forme de revendications.
De cette plate-forme, il reste quatre points toujours en suspens. «L'augmentation de la pension de ceux qui ont choisi de partir en retraite, la révision à la hausse de la pension des veuves des gardes communaux tombés au champ d'honneur, revoir le calcul des heures supplémentaires exercées pendant les années de service et l'ouverture des dossiers des éléments de la garde communale radiés durant les années 1990 et début 2000», indique notre interlocuteur.
Du côté de l'éducation nationale, c'est l'ébullition. La protestation gagne de plus en plus de terrain. Plusieurs syndicats autonomes décident de recourir à la grève comme ultime moyen pour dénoncer «la lenteur de leur tutelle dans la prise en charge de leurs revendications».
La Commission nationale des proviseurs et censeurs des établissements secondaires, la Coordination nationale des corps communs, les ouvriers professionnels et agents de prévention et de sécurité, affiliée au Syndicat national des travailleurs de l'éducation (Snte), tous ont décidé de recourir aux grèves. De même que l'administration connaîtra une nouvelle paralysie. Le recours des corps communs, des ouvriers professionnels et des agents de prévention et de sécurité à cet énième mouvement de grève «se justifie par l'indifférence affichée par le ministère de tutelle vis-à-vis de leur plate-forme de revendications», nous explique-t-on. A Annaba, le puissant syndicat de l'Entreprise ArcelorMittal a demandé la semaine dernière une conciliation auprès de l'inspection du travail d'El Hadjar avec la direction de l'entreprise. L'action intervient après que le syndicat eut demandé «l'application effective des engagements contractés (par l'employeur) avec le partenaire syndical lors de réunions officielles sanctionnées par des procès-verbaux et par la signature d'un accord collectif entre les deux parties», selon les motivations de la saisine. Il faut dire que la demande faite à l'employeur et qui consiste à l'amener à respecter ses obligations légales, n'ont pas abouti puisque la direction générale refuse de se conformer à ses engagements vis-à-vis du partenaire syndical et des travailleurs qu'il représente. En fait, l'acte est simplement annonciateur d'une grève.
D'autre part, les travailleurs de l'Entreprise de transport urbain et suburbain d'Alger (Etusa) ont menacé une nouvelle fois de recourir à la grève pour paralyser tout le transport. Cette menace de recourir à la grève intervient suite au rejet des travailleurs de l'Etusa pour la liste des candidats proposés pour le renouvellement de la Fédération nationale des travailleurs du transport (Fntt).
Un autre secteur névralgique sera secoué une énième fois. C'est bel et bien le secteur de la santé publique. Le mouvement de grève de trois jours, observé fin janvier, dans ce secteur et qui n'a pas trouvé un écho favorable du côté du ministère de tutelle, va être reconduit prochainement. La manière dont les pouvoirs publics ont géré les contestations sociales par des réponses cherchant plus «la paix sociale» qu'une réelle prise en charge d'une manière structurelle des questions économiques, ouvre plus une brèche pour une instabilité chronique du monde du travail. La manne pétrolière a plus été «dégainée» pour rassurer les pouvoir que pour porter des solutions durables.