Démentant ceux qui prédisaient "la fin de l'histoire", les Peuples, depuis une quinzaine d'années, sont à nouveau à l'offensive pour faire valoir leurs droits. D'Amérique latine au Proche-Orient; d'Afrique et du Maghreb à la "vieille Europe" ils manifestent, font grève, bousculent les dirigeants en place; imposent de nouvelles équipes gouvernementales.

Dans ce monde dominé par l'argent, ils acceptent d'autant moins que les richesses soient accaparées par quelques-uns que la crise récente a fait éclater au grand jour la malfaisance d'un système qui s'efforce de faire  payer aux plus pauvres les conséquences de ses propres turpitudes. Et les Peuples remportent des succès. Le Brésil de Lulla, dirigé aujourd'hui par Dilma Roussef, a entrepris de bannir la faim de ce grand pays de 192 millions d'habitants. Evo Moralès, en Bolivie, nationalise les hydrocarbures et renégocie les contrats des entreprises étrangères. Hugo Chavez, au Vénézuéla, a procédé à une redistribution partielle des terres.

En Tunisie et en Egypte, des foules aux mains nues ont chassé pacifiquement les satrapes qui les saignaient. L'Afrique sub-saharienne se fait à nouveau entendre. Sur tous les continents des luttes populaires se développent. En Grèce, en France, au Portugal, et ailleurs en Europe, l'année 2010 a été marquée par de grands mouvements revendicatifs pour s'opposer aux politiques d'austérité dictées par le FMI et la Banque mondiale.

Alors que d'immenses richesses sont concentrées à l'échelle mondiale, les Peuples n'acceptent plus de mourir de faim ou de vivre dans la pauvreté. Ils veulent avoir voix au chapitre, élire leurs dirigeants, contrôler leur action, participer aux décisions. Dans leur propre pays et à l'échelle du Monde. Les moyens actuels de communication le permettent. La démocratie doit entrer dans une ère nouvelle. Partout. Dans les vieilles comme dans les  Nations  plus récentes. Bien évidemment, la vie démocratique  doit revêtir des formes et des modalités  qui correspondent à l'histoire et à la culture de chaque pays et cela ne s'exporte pas. C'est d'ailleurs un des enjeux des mouvements populaires en cours: les grandes puissances impérialistes qui se prétendent des modèles de démocratie, tentent d'imposer aux Peuples leurs propres conceptions  afin de perpétuer leur domination. Y compris par les armes.

Mais ce sont  les Peuples qui toujours finissent par avoir le dernier mot. Parfois malheureusement au prix de sacrifices et de grandes souffrances. 

Les dirigeants qui n'en prennent pas la mesure sont tôt ou tard balayés. 

Bernard DESCHAMPS