La répression sanglante, par le pouvoir gaulliste, de la manifestation du FLN à Paris le 17 octobre 1961, est une des pages les plus sombres de l'histoire de notre pays.
Comment s'est comporté le PCF à l'égard de cette répression ?
Le 5 octobre 1961, le Préfet de Police de Paris, Maurice Papon, impose aux "Français musulmans" (appellation de l'époque), de la région parisienne, un couvre-feu de 20h.30 à 5h. du matin. C'est une décision contraire à la Constitution, dans la mesure où elle instaure une discrimination entre "Français".
Les historiens s'interrogent: pourquoi le PCF qui luttait pour l'indépendance de l'Algérie, n'a-t-il pas pris l'initiative d'une manifestation de protestation? Certains affirment que le FLN ne le souhaitait pas, préférant avoir la direction du combat...Question non tranchée.
On peut, par contre, regretter que, au vu de la répression du 17 octobre, le PCF n'ait pas suscité une riposte du même niveau que celle qui aura lieu au lendemain des morts du Métro Charonne à Paris le 8 février 1962 (9 morts dont 8 PCF). Les syndicats décidèrent une grève de 24h. et 1 million de personnes participèrent aux obsèques des victimes du 8 février. Sans doute, la sensibilité à ce crime contre des Algériens, (le 17 octobre) de la majorité des Français pourtant acquis à la Paix, n'était pas au même niveau que son horreur des crimes de l'OAS (le 8 février). Mais le PCF aurait du, malgré tout, me semble-t-il, organiser une riposte populaire plus énergique.
Par contre, le PCF et son journal l'Humanité dénoncèrent la répression avec vigueur, par des articles de ses plus éminents journalistes, Robert Lambotte et Georges Bouvard. Ce qui souvent est passé sous silence.
Le 18/ l'Humanité titre en Une sur la manifestation et la répression et publie deux articles pleine page.
Le 19/ 5 articles. Le 20/ 4 articles. Le 21/ 5 articles.
Le PCF, par la voix de Léon Feix, son responsable international et par celles de Jacques Duclos au Sénat et de Robert Ballanger à l'Assemblée Nationale, interpelle le Ministre de l'Intérieur Roger Frey. Au Conseil de Paris, Raymond Bossus (PCF), comme Claude Bourdet (PSU) exigent des explications du Préfet de Police, Maurice Papon, présent.
Le 20 octobre, le Bureau politique du PCF, fait une déclaration pour dénoncer cette répression "sanglante", d'une "brutalité sans précédent" et "appelle la classe ouvrière, l'ensemble des républicains, à réagir vigoureusement contre la propagande et les mesures de discrimination raciale visant les Algériens."
Les agences de presse annoncèrent 2 morts le 17. Il fallut du temps pour se rendre compte de l'ampleur du massacre, chiffré aujourd'hui à quelque 200 morts et des milliers de blessés et d'arrestations.
Le PCF a certes eu des insuffisances, mais il fut longtemps bien seul en France dans le combat contre cette guerre faite aux Algériens qui aspiraient à juste titre à l'Indépendance.
Lire/
- Alain Ruscio, La question coloniale dans "l'Humanité", La Dispute, avril 2005.
- Bernard Deschamps, Les Gardois contre la guerre d'Algérie, Le Temps des Cerises, 2003.
- Site de la LDH-Toulon.