La rédaction de Mediapart, 04 septembre 2014
Julien Sanchez a suscité de nombreuses réactions d'indignation après avoir fustigé le « coût » supposé « pour les contribuables » de l'accueil des enfants non-francophones dans les écoles de sa ville. Le maire a dénoncé un « traitement de faveur » et une « répercussion sur le niveau des enseignements ».
Le maire FN de Beaucaire (Gard), Julien Sanchez, a suscité de nombreuses réactions d'indignation après avoir dénoncé un « traitement de faveur » qui serait, selon lui, accordé aux enfants allophones (ceux dont la langue maternelle n'est pas le français) accueillis dans les écoles de sa ville.
Dans une tribune publiée le 1er septembre dans Midi-Libre et sur son site, le maire s'inquiète de la présence de « 22 nouveaux enfants étrangers », « pour la plupart originaires du maghreb et/ou de nationalité espagnole grâce à l’Europe passoire et laxiste en matière de naturalisations ou de droit du sol ». « Je tiens, en tant que Maire, à alerter le gouvernement et l’opinion publique sur le coût pour les contribuables et la répercussion sur le niveau des enseignements offerts à nos enfants de l’accueil d’élèves dits allophones (autrefois appelés primo-arrivants) dans les écoles françaises », écrit-il.
L'élu souligne surtout le coût supposé de « structures spécialement créées pour eux » qui « voient des enseignants (recrutés spécialement et payés par l’Éducation Nationale via nos impôts pour l’occasion) s’occuper exclusivement de ces enfants (en écoles élémentaires uniquement) pour leur apprendre le Français ». Il dénonce « une discrimination en faveur des étrangers non francophones au détriment du niveau général ». Le maire frontiste estime par ailleurs que cet accueil contribue à l'abaissement du « niveau général de nos enfants français parce que figurent dans leurs classes quelques élèves allophones qui nécessitent logiquement une attention particulière de la part des enseignants ».
Ses propos ont suscité de nombreuses réactions d'indignation, d'élus comme d'associations. La députée et conseillère municipale PS Françoise Dumas estime que Julien Sanchez « tente d’opposer des familles les unes aux autres, alors qu’en tant que premier magistrat d’une commune, il a le devoir de respecter et favoriser la paix sociale. Il a aussi des devoirs envers les enfants qui, quelles que soient leurs conditions de vie et leur nationalité, sont avant tout des élèves de la République, auxquels nous devons l’instruction, l’éducation et la protection ».
Le conseiller régional Jean-Paul Boré a de son côté écrit au préfet du Gard pour obtenir une réaction. Dans son courrier, il estime que le maire « participe à la stigmatisation et à la division de certaines populations ». « Un rappel à ce maire de nos règles républicaines me parait indispensable », écrit l'élu, en citant les articles 1 et 13 du préambule de la Constitution. « Les propos de Monsieur Sanchez sont discriminatoires à l’égard d’enfants qu’il stigmatise », ajoute-t-il.
Vincent Bouget, enseignant et secrétaire du PCF du Gard, juge que cette déclaration, « en plus d’être insupportablement xénophobe », « est d’une stupidité affligeante ». « La scolarisation de tous les enfants présents sur le territoire national est un principe constitutionnel », rappelle-t-il. C’est quand l’école ne remplit plus ce rôle que la société se fissure, et c’est bien cela qu’il faut combattre. Dire que ces élèves primo-arrivants empêchent la bonne marche d’une classe et les progrès de l’ensemble des élèves qui les côtoient est tout simplement faux. Tous les enseignants qui ont accueilli des primo-arrivants dans leur classe (et j’en suis) vous le diront. Et c’est bien leur courage, leur volonté d’apprendre et leurs formidables progrès que l’on souligne le plus souvent. »
« Le FN montre encore une fois un visage de haine, qu’il peut même tourner face à des enfants. Il montre aussi qu’il accepte complètement les logiques libérales en cours actuellement, en France comme en Europe, en demandant de faire des économies sur un service public si constitutif du modèle français », ajoute-t-il.
Ce n'est pas la première fois que le maire suscite une polémique. En mai, c'est le profil de sa chef de cabinet qui avait interrogé. Comme Mediapart l'avait raconté, Julien Sanchez a recruté comme chef de cabinet l'ex-attachée parlementaire de Gilbert Collard, dont le profil Facebook relayait un grand nombre de publications hostiles aux musulmans ou aux Arabes – quand elle ne postait pas elle-même des commentaires du même type.