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19 novembre 2012 1 19 /11 /novembre /2012 06:56

Relizane.jpgJ'ai déjà évoqué cette affaire sur mon blog. Pendant la décennie noire, dans les années quatre-vingt dix, des Groupes de Défense, constitués  de patriotes souvent anciens fidaï de la guerre d'indépendance (qualifiés "d'escadrons de la mort" par Libération) et armés par le pouvoir algérien, ont combattu les terroristes du GIA. A l'époque, le journal Libération, inversant les responsabilités et dédouanant les criminels islamistes radicaux, affirmait que  l'armée et les autorités algériennes étaient responsables des crimes de masse qui ont endeuillé l'Algérie. Dans ce cadre, il a souvent été question du charnier de Relizane. Toutes les enquêtes ont démontré jusqu'à maintenant le caractère mensonger des accusations portées contre l'ANP et les Groupes de Défense. Pourtant deux protagonistes sont toujours retenus dans notre département du Gard, leur passeport ayant été confisqué par les autorités françaises. Pourquoi le journal Libération évoque-t-il cette question précisément aujourd'hui, à la veille de la visite officielle du Président de la République française, en exigeant un procès à Nîmes, alors qu'il s'agit d'un problème concernant l'Algérie dans lequel aucun Français n'est impliqué? Le rapprochement de cette démarche avec le récent bras d'honneur de Longuet, conforte l'idée actuellement très répandue en Algérie, selon laquelle des lobbies en France s'efforcent de faire capoter la visite officielle de François Hollande dont nous sommes nombreux à espérer qu'elle va enfin inaugurer un tournant des relations avec l'Algérie, dans le sens de l'amitié.

Bernard DESCHAMPS

Le combat de Mohamed Smaïn contre les milices algériennes
Libération,18 novembre 2012 à 16:04

Portrait Le militant des droits de l'homme en Algérie a dénoncé les exactions d'un «escadron de la mort» à Relizane dans les années 1990. L'enquête judiciaire menée en France est sur le point d'être bouclée.

Par FABRICE TASSEL (Journal Libération)

Difficile d’imaginer que ce septuagénaire un peu voûté est à l’origine de ce qui sera, un jour peut-être, le premier procès des Groupes de légitime défense (GLD). Ces milices algériennes sont des groupes de citoyens armés qui terrorisèrent la population civile dans les années 90. Des exactions menées en parallèle de leur mission de lutte contre les militants islamistes après l’annulation, par l’armée, des élections nationales que le FIS était en passe de remporter en décembre 1991. Mohamed Smaïn, 71 ans (photo), fut le premier à dénoncer les crimes commis par les miliciens de Relizane, une grosse bourgade de 20 000 habitants située au sud-ouest d’Alger.

 

Notre enquête Les charniers hantés de Relizane

C’était il y a quatorze ans. Depuis sa première plainte, la justice algérienne est restée immobile. En France, en revanche, une enquête a été ouverte en 2001 en raison de la présence à Nîmes des frères Mohammed, deux membres du GLD de Relizane. Les deux hommes ont été mis en examen, des témoins ont été entendus. En septembre, des rumeurs insistantes laissaient entendre que le parquet de Nîmes était enfin prêt à rendre son réquisitoire et, probablement, renvoyer les frères Mohammed devant un tribunal. Deux mois plus tard, la situation n’a pas évolué, et Robert Gelli, le procureur de la capitale gardoise, est sur le point de prendre des fonctions identiques au parquet de Nanterre. S’il quitte Nîmes sans avoir pris de décision, c’est l’assurance pour le dossier de prendre encore un an - minimum - de retard.

Un dossier sensible en Algérie

Relizane, AlgérieAlors Mohamed Smaïn continue son combat, soutenu par la Fédération internationale des droits de l’homme dont il est le représentant à Relizane depuis 1988. Début novembre, il a passé trois jours à Paris pour raconter, inlassablement, son histoire et celle des familles des deux cents victimes découvertes dans des charniers en 1998. A l’origine, ce séjour avait été programmé en juillet. Mais la veille de son départ, Mohamed Smaïn avait été interpellé et placé en détention pendant dix-neuf jours. Une décision opportune puisqu’elle matérialisait une condamnation pour «dénonciation de crimes imaginaires» remontant à 2001. Une décision témoignant de la sensibilité du dossier en Algérie et de la volonté toujours tenace du pouvoir de museler le militant.

Mais Mohamed Smaïn ne semble pas traumatisé par ces trois semaines de détention, mis à part par la nourriture «qu’on ne donnerait pas à un chien», et par l’exiguïté de sa cellule, une quinzaine de mètres carrés pour trente-deux personnes. L’essentiel reste «ces dizaines de plaintes déposées en Algérie en vain, et ces lois qu’on piétine, qu’on bafoue». On lui demande par quel miracle il n’a pas fait partie de ces deux cents victimes: «Parce que même mes ennemis me respectent. J’ai toujours mené une vie honnête, cela se sait.»

«Nous sommes devenus pires que les terroristes»

Smaïn a grandi dans le même quartier que Mohamed Fergane, l’ancien maire de Relizane et patron de facto de la milice locale, qui n’a pas été inquiété par la justice française faute d’un accord de son homologue algérienne pour l’exécution d’une commission rogatoire internationale qui aurait permis aux enquêteurs français de se rendre en Algérie. «A l’époque, si Fergane regardait quelqu’un un peu longuement, cette personne avait intérêt à déménager», se souvient Smaïn. L’homme se dit persuadé que son nom a dû circuler parmi les cibles possibles, mais qu’il a bénéficié de ses anciennes relations avec plusieurs membres du commandement local.

C’est même une de ses relations qui lui a appris l’existence des exactions et des charniers: «Nous sommes devenus pires que les terroristes, voilà ce que m’a dit un de ces hommes», se souvient Mohamed, fier de citer un général algérien qui lui aurait rendu hommage par ces mots: «Des Fergane, il y en a beaucoup, des Smaïn il y en a peu.» Mais le plus bel hommage que Smaïn, qui tient maintenant une pizzeria à Relizane, recevrait serait la tenue de ce procès à Nîmes, pour qu’enfin ce pan sombre et malconnu de l’histoire algérienne soit jugé.

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