L'Express, 31/10/2012

"Il m'arrive d'être réactif, et j'ai eu ce geste de mauvaise humeur bien connu des Français". Ainsi Gérard Longuet justifie-t-il son bras d'honneur, à la fin de l'émission "Preuves par 3" sur Public Sénat. 

L'explication officielle, tant de la chaîne que de l'ancien ministre, est la suivante: le sénateur rebondissait à la publication d'une dépêche AFP, indiquant que l'Algérie demande "une reconnaissance franche des crimes perpétrés à leur encontre par le colonialisme français". A quoi il aurait réagi un peu promptement: "il n'y a que les gens sans caractère qui ne réagissent jamais". 

Joint par L'Express, l'ancien ministre de la Défense a expliqué que "la France n'a pas à avoir honte de sa présence en Algérie pendant la colonisation, en tout cas c'est ma conviction." "Refaire l'histoire, 182 ans plus tard, ne permet pas d'aller de l'avant. Je souhaite une relation apaisée entre la France et l'Algérie, mais cela paraît impossible si à chaque fois que l'on se rencontre, on refait le procès de la colonisation."

Outre le fait qu'il s'agit d'un grossier personnage, l'ancien ministre de la Défense  de Sarkozy, n'a décidément rien renié de ses engagements de jeunesse dans les organisations  d'extrême-droite, Occident et Ordre nouveau. Heureusement que nous nous en sommes débarrassés comme ministre. Ce n'est pas avec des individus de son genre que progressera l'amitié entre l'Algérie et la France. Ne lui en déplaise,  la reconnaissance par la France du caractère criminel de la colonisation est la condition d'une amitié sincère et durable entre nos deux peuples. La dénonciation par François Hollande du pogrom du 17 octobre 1961 à Paris est un premier pas en ce sens.

Bernard DESCHAMPS