Le 4 mars, je terminais mon papier sur l’attitude des journaux français à l’égard de la prochaine élection présidentielle en Algérie, par cette interrogation : « Quels buts poursuivent-ils en diabolisant ainsi l’Algérie ? » La réponse nous est venue du Courrier international qui le 24 février avait publié in extenso et sans commentaire, un texte de Kamel Daoud, journaliste au Quotidien d'Oran, sous le titre : « Bouteflika, le peuple vous lynchera un jour… », faisant sienne en l'accentuant la phrase de l’auteur : «…un jour vous serez lynché. Mort, malade ou vif. Vous serez pendu, chassé, allongé sur une civière et inculpé du crime d’avoir massacré des millions d’enfants à venir. ». Ah ! Si on pouvait enfin avoir la peau de ce fellouze ! Le Monde, propriétaire du Courrier international, nous avait, pendant la guerre d’Algérie habitués à une autre attitude lorsqu’il dénonçait les crimes du colonialisme. Quelle que soit l'opinion que l'on ait du Président Bouteflika, cela est intolérable.
L'appel au meurtre en France est passible de lourdes sanctions pénales. Qu'en pensent les organisations professionnelles de la presse française ? Faute de réaction, elles risquent d'être considérées comme complices.
Cet appel au meurtre intervient en un moment où des menaces d’interventions militaires occidentales contre l’Algérie se précisent, dénoncées par plusieurs partis politiques algériens, notamment le PADS (communiste) et le PT (trotskiste). Des journaux algériens également s’en font l’écho, comme le quotidien L’expression qui écrivait dans son édition d’hier 9 mars : « L’Algérie est-elle dans le collimateur des Etats-Unis d’Amérique qui convoiteraient son Sud pour ses énormes potentialités en énergie ? La question mérite d’être posée. » Et le quotidien évoquait « un processus de désintégration territoriale et politique des Etats, comme cela est le cas au Mali et en Libye, mais aussi en Tunisie et en Egypte, s’agissant de l’Afrique. Ce processus vécu est toujours précédé par des campagnes d’influence internationale pour conclure à une situation sociale dramatique et aboutir à une intervention au nom des droits de l’homme et des libertés. Certains observateurs et analystes iront jusqu’à dire que l’installation militaire et les marines en Andalousie, en Espagne, est une intervention clairement annoncée.»
Les lecteurs de mon blog se souviendront que le 20 février dans « Au fil des jours… », je stigmatisais les manœuvres militaires franco-américaines du 3e RIMA et des Marines américains d’Andalousie qui ont lieu périodiquement à Nîmes.
Bernard DESCHAMPS
10 mars 2014