Elu pour la première fois en 1999, le Président Abdelaziz Bouteflika terminera son 3e mandat en 2014. L’actuelle Constitution de l’Algérie, révisée en 2008, indique en son article 74 : « La durée du mandat présidentiel est de cinq (5) ans. Le Président de la République est rééligible. ». Cependant le Président avait déclaré à Constantine: « Djayli tab Djnana (Ma génération est finie, NDLR), tab djnanou, tab djnanou », en faisant allusion à cette génération qui a fait la guerre et qui, depuis l’indépendance de 1962, est aux commandes du pays.»(DNAlgérie, 8 mai 2012), ce qui avait été interprété par de nombreux observateurs comme l’annonce de sa non-candidature en 2014 ; mais, et c’est une chose nouvelle, des voix de plus en plus nombreuses se font entendre, y compris dans l’opposition, en faveur d’un quatrième mandat ou d’une prolongation du mandat actuel.
Bernard DESCHAMPS
Algérie 360.com, 15 janvier 2013
« Pour l’instant, trois scénarios s’imposent, garder le mandat présidentiel ouvert, le limiter ou bien le prolonger, mais pour cette dernière option, on ne peut dire s’il est possible constitutionnellement, de prolonger un mandat présidentiel pour un président élu pour cinq ans ? Ou bien, il faut attendre une nouvelle réélection pour le faire ? L’article 74 de la Constitution amendé et reformulé dans le cadre de la révision de la Constitution de 2008, stipule ce qui suit : « La durée du mandat présidentiel est de cinq ans. Le président de la République est rééligible » […] Exactement, il reste une année pour la fin du troisième mandat du président Bouteflika, réélu le 9 avril 2009 pour cinq ans. Une année chargée par l’obligation de terminer le dernier programme quinquennal, et de gérer les risques sécuritaires sur les frontières de l’Algérie, en raison, notamment de la guerre du Mali. Mais est-ce que ces deux points peuvent être une justification pour aller au quatrième mandat ou un prolongement de mandat ?
La réponse sera dans la prochaine révision de la Constitution, dont des consultations ont commencées au niveau du gouvernement avec des représentants des partis politiques, sachant que la commission chargée de l’élaboration du projet portant révision a été mise en place le 7 avril. »
« Abdelaziz Belkhadem, ancien Secrétaire général du parti [FLN, ndlr] s’est déclaré, à [ce] titre , pour un mandat présidentiel « ouvert », alors que ses deux alliés à l’époque, en l’occurrence, Bouguerra Soltani, président du MSP et Ahmed Ouyahia, ex-Sg du RND, tous deux, se sont prononcés devant l’instance de Bensalah pour la limitation des mandats présidentiels. »
Quotidien Echourouk
« Dans le cadre de la polémique qui entoure l’article relatif au mandat présidentiel, des sources médiatiques ont rapporté que les présidentielles de 2014 « seront reportées de deux années soit pour 2016″ à la faveur de la prochaine révision de la constitution qui « fixerait le mandat présidentiel à 7 ans au lieu de 5 ans […] Selon le quotidien arabophone algérien Echourouk « la première mouture de la révision de la constitution algérienne qui sera proposée au président de la République, portera ainsi sur la révision de la durée du mandat présidentiel, afin de permettre à Abdelaziz Bouteflika de rester jusqu’à 2016, en reportant les élections présidentielles prévues en 2014″.
Citant des sources de l’entourage de Bouteflika, la même source indique : « le scrutin présidentiel sera ainsi repoussé d’avril 2014 pour avril 2016 fruit d’un consensus des décideurs et ce afin de contenir d’éventuelles oppositions à un quatrième mandat parmi la classe politique ».
Il est indiqué aussi que la prochaine révision de la Constitution portera sur « l’instauration du poste du vice-président de la République doté de larges prérogatives », alors que le Sg du FLN, Abdelaziz Belkhadem a déclaré, avant-hier, : « il n’ y a aucune intention chez le président Bouteflika d’instaurer un poste de vice-président ».Nacera Bechar
Les réseaux sociaux s’enflamment.
Sur Facebook et Twitter, les internautes qui s’opposent à un quatrième mandat sont nettement majoritaires par rapport à ceux qui soutiennent la réélection de l’actuel président. Certains internautes sont plus modérés et avouent que l’âge (76 ans, NDR) et l’état de santé sont en défaveur de Bouteflika. « Bouteflika a beaucoup fait pour l’Algérie. Malheureusement, il n’est plus en état de gouverner. La sagesse voudrait qu’il quitte le pouvoir la tête haute », écrit sagement Mohammed.
Les pro-Bouteflika souhaiteraient le voir encore gouverner. « Moi, je l’adore, ainsi que toute ma famille. Vive Bouteflika ! Je suis pour le quatrième mandat », écrit Fantana. « Pour un quatrième mandat », écrit Linda. »
Est-ce que le changement en Algérie est intrinsèquement lié au changement générationnel? Dans ce cadre, que pensez-vous des dernières déclarations du président Bouteflika concernant la génération de la Révolution à Sétif ? En d’autres termes, qui sont «tab j’nanou» exactement ?
Amar Ghoul (islamiste) : « La plupart des Algériens sont conscients du lien entre les générations et la politique. C’est une corrélation qu’on peut constater à l’œil nu et dont le président Bouteflika a parlé dans un style algérien de manière claire. Maintenant, la problématique posée est comment la vieille génération gouvernante (au pouvoir depuis avant l’indépendance) organisera son éloignement du pouvoir au profit d’une génération plus jeune. Ce processus peut se dérouler en partie à l’intérieur des institutions et serait donc pacifique et à moindre frais. C’est un scénario possible et positif, si cette ancienne génération ne s’accroche pas au pouvoir. Cela implique aussi que la seconde génération, celle née juste après ou avant l’indépendance, puisse se débarrasser de son négativisme exprimé dans «l’opposition» et renoncerait ainsi à «tuer le père». Mais si la génération de «tab j’nanou» ne sait pas ou refuse d’organiser son départ des centres de décision civils ou militaires, cela débouchera sur un affrontement avec la troisième génération, celle que j’appelle dans mon livre «la génération des mouvements sociaux et des protestations». Cette dernière imposera à la vieille génération un départ forcé, voire violent : un processus qui serait engagé en dehors des institutions (comme les partis). Cela éloignerait l’Algérie, au moins en partie, de l’idée politique de la nation et impliquera une violente rupture générationnelle.
Louisa HANOUNE (Parti des Travailleurs, trotskiste), Algérie 1. com
« La restriction du débat sur la révision de la Constitution au nombre de mandats présidentiels “vise à détourner l’attention des questions décisives du pays” a indiqué ce samedi la secrétaire générale du parti des Travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune.
S’exprimant au cours d’une conférence de presse animée à l’issue des travaux de deux jours de la commission des travailleurs, elle a appelé à une révision constitutionnelle “profonde” et “large”. »
Pour elle, l’amendement de la constitution doit être une occasion pour traiter les problèmes d’ordre politique et “lancer un débat national sur le principe de la confrontation des positions et programmes où le dernier mot reviendra au peuple” soulignant que “le peuple a le droit de participer au débat national sur l’amendement de la Constitution”. La participation du citoyen “ne doit pas se limiter à l’expression de son accord ou de son rejet par un oui ou un non lors de l’opération de vote”. Mme Hanoune a considéré qu’”il est temps de redonner la parole au peuple afin qu’il soit représenté réellement dans les institutions de l’État”. La SG du PT a présenté plusieurs propositions concernant la révision de la constitution dont la constitutionnalisation de tous les droits et lois à caractère social à l’instar du droit au logement et au travail. Elle a dans ce sens souligné l’importance de ne pas toucher au caractère républicain de l’État algérien et aux droits démocratiques, d’appliquer le régime parlementaire unicaméral, d’expliquer l’immunité parlementaire et de consacrer l’indépendance de la justice.
A une question sur la position du parti concernant une éventuelle candidature du Président Bouteflika à un 4e mandat, Mme Hanoune a indiqué que “le Président Bouteflika est le seul maitre de sa décision de se porter candidat ou pas”.
Elle a ajouté à ce propos que “le PT défend son droit à se porter candidat et n’a jamais soutenu un mandat présidentiel, mais plutôt des décisions politiques importantes prises par le président de la République portant sur l’économie et la sécurité du pays”.
Le RCD (laïc) au Forum du quotidien Liberté, 23 avril 2013
« Pour lui, “Bouteflika est malade et son état de santé ne lui permet pas de se présenter”. Il reconnaît, certes, que la loi lui permet de se porter candidat “à la condition de soumettre un dossier médical attestant qu’il est en bonne santé […] S’agissant des propositions du RCD, puisées, selon lui, dans “les référents culturels” du pays, un projet de Constitution sera soumis dès le 26 avril prochain au conseil national du parti avant d’être proposé au débat dans le cadre de conventions régionales […] Interrogé sur le rapprochement du RCD avec le MAK (Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie) à l’occasion des marches commémorant le 33e anniversaire du Printemps berbère, le leader du RCD voit dans cette convergence la possibilité de construire des rapports de force […] Après avoir occupé successivement plusieurs postes au sein de la direction du parti, Mohcine Belabbes a été élu président du RCD, le 10 mars 2012, succédant à Saïd Sadi. »
MPA (anciens du RCD laïc) et TAJ (islamiste),News 80
« La semaine qui vient de s’écouler a permis la sortie de deux formations politiques, le MPA et TAJ, qui se déclarent favorables au soutien de la candidature du président Bouteflika pour un quatrième mandat… pour peu que l’intéressé lui-même le décide.[…]
Le secrétaire général du Mouvement populaire algérien (MPA), Amara Benyounès (ex-RCD laïc) a annoncé, samedi dernier, en marge de la rencontre régionale tenue à Constantine, en présence des cadres et des sympathisants du parti, le soutien de son parti à un quatrième mandat de Bouteflika.
Pour sa part, Amar Ghoul (TAJ islamiste)a souligné qu’«en démocratie chacun est libre de se porter candidat. Notre parti soutiendra la candidature du président Bouteflika dans le cas où il se présenterait pour un 4e mandat».
Interrogé sur la position du Front des forces socialistes (FFS) par rapport à un quatrième mandat du président de la République, le premier secrétaire national du FFS a indiqué à un confrère que la question ne mérite pas d’être «discutée […] C’est une question qu’il ne faut pas poser à un parti d’opposition» […]
En attendant que les organisations syndicales, patronales et les mouvements de la société civile rejoignent le débat, d’autres formations ont jeté leur dévolu sur la question de la révision de la Constitution, censée constituer la dernière étape avant la présidentielle, mais aussi donner un aperçu sur ce qu’elle sera.
Bouguerra Soltani( MSP, islamiste) a bien dit que sans la limitation des mandats il n’y a pas de raison de participer à la prochaine présidentielle.
Le président du parti El Karama (opposition) Mohamed Benhamou, a ainsi, estimé, samedi, à M’sila, que l’amendement de la Constitution, décidé dans le cadre des réformes politiques en Algérie, doit être soumis à un référendum populaire. M. Benhamou, plaidant pour un régime semi-présidentiel […] le comité central de son parti «trancher(a) sur la question du choix ou non d’un candidat d’El Karama pour cette échéance».
Le président de l’Ufds (opposition libérale) Bahbouh, a, de son côté, appelé à l’adoption d’un régime semi-présidentiel dans l’amendement constitutionnel… »
Quotidien El Watan, 27 avril 2013
« Une information reprise par le journal online TSA fait état d’une agitation inhabituelle du clan présidentiel à la suite du déclenchement de l’opération «mains propres» lancée par le DRS. L’entourage de Bouteflika estime que des menées subversives sont lancées contre le 4e mandat brigué par le Président. Il réplique en mettant en place, il y a trois semaines, une cellule spéciale[…] TSA rapporte par ailleurs que l’entourage présidentiel a décidé de réagir «après avoir laissé le DRS prendre l’initiative, en multipliant les enquêtes de corruption sur les contrats attribués dans différents secteurs». Cette «cellule spéciale» mise en place «il y a trois semaines» à la Présidence, précise-t-on, composée de six membres, dont «deux grands spécialistes dans les enquêtes à la retraite, des experts en droit et un ancien attaché militaire dans un pays musulman (?)», est chargée de suivre l’évolution des enquêtes en cours sur la corruption, notamment le scandale Sonatrach II. «De hauts responsables et anciens hauts cadres de l’Etat sont impliqués dans ces scandales, arguait la source de TSA. Le Président veut s’assurer que ces enquêtes sont menées dans le cadre de la loi et que toutes les personnes impliquées, quel que soit leur rang, soient sanctionnées d’une façon exemplaire.[…] Cette cellule «spéciale» sera-t-elle l’interface du DRS et de son service central de la police judiciaire — créé en 2008 par décret présidentiel — ou un service parallèle ?
Rappelons que le 3 mars dernier, le ministre des Finances, Karim Djoudi, avait lancé officiellement les «activités» de l’Office central de lutte contre la corruption présidé par un magistrat proche du clan présidentiel. Le lancement tardif de cet office avait été interprété comme une volonté de «dessaisir» le DRS de ses missions de lutte contre la corruption. »
Quotidien l’Expression « Depuis que le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali (opposition jeune, NDLR) et l’ex-chef du gouvernement, Ahmed Benbitour, ont signé une alliance pour faire barrage à la candidature de l’actuel président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à la présidentielle de 2014, les partis politiques commencent à sortir de leur hibernation. »