L'arrogance serait-elle la nouvelle norme imposée à la diplomatie française?
Après l'affaire malheureuse du comportement injurieux de l'ambassadeur de France en Tunisie, voici maintenant que, selon le Quotidien d'Oran du 29 avril, l'ambassadeur de France en Algérie, M. Xavier Driencourt, aurait lui aussi usé "d'un ton à la limite de la dérision" pour répondre à des journalistes qui l'interrogeaient sur les conditions d'indemnisation par la France des victimes algériennes des essais nucléaires au Sahara.
S'il est un sujet qui ne peut être traité avec dérision c'est bien celui-là. En effet, la loi française votée le 22 décembre 2009, si elle reconnait enfin, 49 ans après la première explosion le 13 février 1960, le droit "à l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français", impose des conditions telles que les victimes algériennes notamment, mais aussi françaises, auront bien du mal à faire reconnaître leurs droits. Comment, par exemple, les Algériens vont ils prouver, pour être en conformité avec l'article 3 de la loi, qu'ils ont "résidé ou séjourné dans les zones et durant les périodes visées..." Certain n'étaient pas sédentaires, leurs déplacements dans le désert étaient fréquents. Ensuite, il faut que la "présomption de causalité" (art.4) entre leur affection et les rayonnements subis soit reconnue. C'est un parcours d'obstacles difficilement franchissables. La preuve en est donnée par le petit nombre - 47 - de dossiers algériens déposés. 30 émanant de militaires de l'armée française ou de l'armée algérienne et 17 seulement de civils. Enfin, les enfants nés avec des malformations n'ouvrent pas le droit à indemnisation. A l'évidence la loi devra être révisée et complétée. Des associations en Algérie et en France militent en ce sens.
Bernard DESCHAMPS
Ancien député
Membre de la Commission des Affaires Etrangères
PS/ Je vous recommande les deux excellents documentaires de Larbi Benchiha: Vent de sable et De Gaulle et la bombe...en attendant le 3e volet.