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15 janvier 2013 2 15 /01 /janvier /2013 10:26
Avion-Rafale.jpgPar Hakim Merabet | 14/01/2013 | 16:02
L’Algérie a étonné son monde en décidant, de manière spectaculaire d’autoriser les chasseurs de l’armée française de survoler son espace aérien pour bombarder les positions islamistes au Nord du Mali.

De fait, les chasseurs Rafale qui ont envoyé hier un déluge de feu sur Gao et Kidal ont donc traversé l’espace aérien algérien avant d’atteindre leurs cibles.

C’est le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius himself qui a révélé ce “scoop” sur le plateau de la chaîne d’information en continu LCI. “L’Algérie a autorisé sans limite le survol de son territoire”, a-t-il précisé. La “solution politique” a donc vécu…

C’est la décision qui change complètement la donne dans le conflit au Mali. En ouvrant son espace aérien aux chasseurs français, Alger s’implique quasi concrètement dans la guerre déclenchée par la France.

Même si elle n’a pas envoyé ses soldats guerroyer sur le terrain au Mali au nom du sacro-saint principe de la non ingérence, le survol de son territoire par des avions de guerre s’apparente à une caution claire à l’opération française.

Une bien curieuse décision quand on sait toute la rhétorique produite par les responsables algériens pour défendre la “solution politique” et éviter l’action armée.

Seulement voilà, non seulement l’Algérie ne condamne pas l’opération française mais mieux encore, elle autorise son armée à survoler son espèce aérien. Et sans limites !

Reculade ou ruse de guerre ?

Que s’est-il donc passé pour que la perception algérienne de la crise malienne change aussi soudainement ? Pourquoi l’Algérie a-t-elle résisté avec sa solution politique pendant presque une année et demie avant de faire composter le ticket d’intervention à la France ?

A moins que ce scénario et ses implications ne soient écrits à deux et depuis quelques temps, cette autorisation de survol du territoire apparaît comme un grand écart par rapport à une certaine ligne de conduite dans ce dossier.

Il a donc fallu que les bombardements commencent à Gao et Kidal pour que la nouvelle soit balancée par le ministre français des affaires étrangères. En Algérie, les responsables n’ont pas jugé utile d’éclairer l’opinion sur ce changement de ton, voire de stratégie.

Retour de flammes

Et l’opération française baptisée “Serval” qui mobilise “plusieurs centaines” de militaires qu’elle a fait venir aussi de ses bases stationnées dans certains pays africains, va s’installer dans la durée.

Pour la France qui vient de s’offrir une guerre sur un plateau, il n’est plus question de se contenter de repousser les éléments islamistes qui avaient franchi la ligne de démarcation à Konna. Depuis, ses centaines de soldats poussaient vers le nord en usant d’un lourd matériel de guerre comme des hélicoptères, des chasseurs bombardiers et des avions de ravitaillement et de surveillance aérienne.

Ce va-t-en guerre de la France au Mali ressemble à bien des égards aux campagnes désastreuses des Etats-Unis sous Bush en Irak et en Afghanistan. Deux pays auxquels on a promis la liberté et la démocratie héliportées et qui, dix ans plus tard, sont revenus pratiquement à la case départ.

Le risque que ces bombardements au Mali provoquent l’”afghanisation” de ce pays voisin aux institutions déjà très fragiles, demeure entier.

Pour l’Algérie, c’est un immense défi à relever que de maintenir étanches ses frontières terrestres. Elle doit aussi faire face à une terrible vague de réfugiés qui ne manqueront pas de venir chez nous chercher asile pour fuir les combats.

Et, dommages collatéraux, notre pays risque de voir se faufiler des éléments djihadistes qui connaissent bien le pays. C’est dire que cette attaque française inquiète plus qu’elle ne rassure. Du moins pour les Algériens parce que les Français eux, sont loin du “merdier” qu’ils ont remué…

 
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