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28 décembre 2014 7 28 /12 /décembre /2014 11:50

COUV LES GARDOISNous ne nous étions jamais perdus de vue en dépit des années écoulées et c’est un de ses tableaux qui illustre la couverture de la nouvelle édition de Les Gardois contre la guerre d’Algérie. Etienne était en effet inséparablement artiste plasticien, professeur et militant communiste. Inséparablement ? Pas toujours simple. Il fut une époque durant laquelle son militantisme politique s’exerça au détriment de la création artistique. C’était un sujet de conversations entre nous. Je trouvais dommage qu’il ne consacre pas plus de temps au dessin et à la peinture. Ce qu’il fit à un certain moment de sa vie et donna des œuvres que j’aime beaucoup. Au-delà de la technique et du style, ses engagements politiques étaient toujours sous-jacents. Pas toujours directement, certes. C’est son amour de l’humain qui le motivait. Certains tableaux pourtant furent inspirés par son vécu politique, ainsi de la couverture de mon livre. Etienne était de cette génération très marquée par les guerres coloniales. Il fut entre autre l’organisateur de la manifestation de jeunes pour la Paix et l’Indépendance de l’Algérie en 1961 à Bagnols sur Cèze et il affronta avec courage les tueurs de l’OAS. Lorsqu’il reçut Les Gardois que je lui avais offert, il réalisa sur le champ cette scène de manifestation que reproduisent les nouvelles éditions, y compris celle diffusée en Algérie. Regardez bien la reproduction. Les visages stylisés des manifestants expriment le calme et la détermination. En arrière-plan, les façades des immeubles sont traitées à la manière d’Issiakhem un des pionniers de la peinture algérienne moderne. Etienne était très engagé dans les combats de son temps. Il lutta contre l’orientation militaire donnée aux premières centrales atomiques construites à Marcoule dans les années 50 et pour leur réorientation civile afin de produire de l’électricité. Il fut un secrétaire de section du PCF dynamique à Bagnols sur Cèze et participa avec Maurice Fost et d’autres camarades qui me pardonneront de ne pas les citer, à la création de la première cellule communiste de Marcoule en 1968. Il avait de l’admiration et beaucoup d’affection pour les militants anciens comme Danton Thibes. C’est un technicien de Marcoule, Roger Roche qui lui succédera à la direction de la section, quand il sera nommé au collège de DIE où ses élèves l’adulèrent comme ils l'avaient apprécié au lycée de Bagnols.

Je savais ses ennuis de santé pour lesquels il venait régulièrement consulter à Nîmes, mais je n’imaginais pas sa disparition. Etienne m’apparaissait indestructible. C’était un solide, la sensibilité à fleur de peau, mais un solide physiquement et dans sa tête. Je pense très fort en cet instant à Bénédicte sa compagne, à Pierre et Joël.

Bernard DESCHAMPS

28/12/2014

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