Un deuil national et la mise en berne du drapeau national pendant trois jours ont été décidés hier, par le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à la suite de l’accident de l’avion espagnol de la Swift Air affrété par Air Algérie. Celui-ci devait assurer, jeudi, un vol entre Ouagadougou et Alger. Un communiqué de la présidence de la République indique qu’à “la suite de l’accident subi par le vol d’Air Algérie reliant Ouagadougou à Alger survenu jeudi et ayant causé le décès de 116 victimes de plusieurs nationalités, dont des passagers algériens, Son Excellence Abdelaziz Bouteflika, Président de la République, a décidé un deuil national de trois jours à partir de vendredi (hier, ndlr)». Il n’y a aucun survivant du crash de cet appareil, un MDD83, survenu près de la ville de Mossi, près de Gao, au nord du Mali, selon les secours. Les débris de l’avion, localisés après d’intenses recherches menées par l’Algérie, le Mali et le Burkina-Faso, avec la France, ont permis de localiser, dans la nuit de jeudi, le lieu du crash à Gossi, à environ 100 km au sud-ouest de Gao, dans le nord du Mali. Une des deux boîtes noires de l’appareil a été retrouvée hier, a affirmé le ministre des Transports, Amar Ghoul. Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a de son côté, et à la suite de cette catastrophe nationale, appelé l’ensemble des institutions, collectivités et entreprises publiques à mettre en berne le drapeau national pour une durée de trois jours, à partir d’hier, jusqu’à demain.
Les recherches de l’appareil et ses occupants ont été entamées immédiatement après l’annonce de la perte de l’appareil, a indiqué le ministre des Transports, Amar Ghoul, au Terminal 3 de l’aéroport international d’Alger, qui a rappelé, au cours d’une conférence de presse conjointe avec son homologue Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères, et du ministre de la Communication, Hamid Grine, que l’Algérie a mis en œuvre tous les moyens pour retrouver l’appareil et ses occupants, immédiatement après sa perte des écrans radars.
Les recherches de l’appareil ont été menées avec le Burkina Faso, le Mali et la France pour localiser le lieu du crash et l’épave, retrouvée complètement désintégrée, sans aucun survivant.
Air Algérie avait annoncé que 116 personnes, dont 6 Algériens, étaient à bord de l’appareil, qui assurait la liaison Ouagadougou-Alger, dont 6 membres d’équipage de nationalité espagnole.
Les autres passagers sont des Français (50), Burkinabés (24), Libanais (8), Espagnols (6), Canadiens (5), Allemands (4), Luxembourgeois (2), Malien (1), Belge (1), Nigérien (1), Camerounais (1), Égyptien (1), Ukrainien (1), Roumain (1), Suisse (1) et 3 nationalités en cours de recherche. Air Algérie a précisé que cet avion a décollé d’Ouagadougou à 1h17 GMT et devait arriver à Alger à 5h11 GMT (6h11, heure locale). «Un dernier contact radar a eu lieu à 1h55 GMT en survolant la région de Gao» (Mali). Enfin, la porte-parole de l’Union européenne, Maja Kocijancic, a présenté ses condoléances de l’exécutif européen aux familles des victimes de ce crash. “Nous sommes consternés par les informations indiquant qu’un avion d’Air Algérie assurant la liaison Ouagadougou-Alger s’est écrasé la nuit dernière. Nos pensées sont avec les nombreuses personnes victimes de cette nouvelle tragédie aérienne. Nous présentons nos condoléances aux familles et aux proches des victimes’’, a-t-elle ajouté. Jeudi dans la soirée, le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, avait indiqué que “nous pouvons confirmer que l’avion s’est écrasé en territoire malien juste après avoir franchi la frontière entre le Burkina Faso et le Mali. Il y a des équipes qui se rapprochent de l’épave», a-t-il précisé, lors d’une conférence de presse, au terme de la signature de la feuille de route pour les négociations dans le cadre du processus d’Alger et un document relatif à la cessation des hostilités par le gouvernement malien et les groupes armés du Nord-Mali. M. Lamamra a affirmé que l’avion n’avait pas de problèmes techniques, précisant qu’il avait subi des révisions techniques, «conforme aux exigences», il y a quelque jours en France. «Je voudrais vous signaler que tout au long de la journée, nous avions été en contact avec les autorités maliennes, qui se sont mobilisées pour contribuer à la recherche», a-t-il relevé, ajoutant que des contacts, notamment avec les autorités burkinabaises, et les ministres des Affaires étrangères de la France et de l’Espagne avaient été établis. Le chef de la diplomatie algérienne a assuré que les mouvements armés du nord du Mali s’étaient également mobilisés pour fournir des informations aux autorités algériennes, précisant que l’un de ces mouvements était le premier à signaler le lieu où l’appareil s’était écrasé. «Ils se sont engagés (les mouvements armés, ndlr) à déployer tous les efforts pour aller justement au secours (des passagers, ndlr) et sécuriser les lieux», a-t-il expliqué.
Le vol assurait la liaison Ouagadougou - Alger
Dans un premier communiqué, la compagnie nationale a indiqué qu’elle informait «(...) que les services de navigation aérienne ont eu leur dernier contact avec le vol AH 5017 assurant la liaison Ouagadougou-Alger, ce jour 24 juillet à 1 heure 55 minutes GMT, soit 50 minutes après son décollage». «Conformément aux procédures de la compagnie, Air Algérie a déclenché son plan d’urgence», ajoute-t-on. À noter qu’Air Algérie assure quatre vols par semaine vers Ouagadougou, dont celui du jeudi au départ de la capitale. Air Algérie précise que cet avion a décollé d’Ouagadougou à 01h17 GMT et devait arriver à Alger à 05h11 GMT (6h11, heure locale). «Un dernier contact radar a eu lieu à 01h55 GMT en survolant la région de Gao » (Mali). À cet effet, «une cellule de crise, présidée par le ministre des Transports, a été installée au niveau de l’aéroport d’Alger», au niveau du terminal 3 exactement. Air Algérie a mis à la disposition des familles concernées par ce vol, le numéro de téléphone : 021-50.94.91 pour tout renseignement.
Synthèse Salima Ettouahria
ramtane Lamamra :
« L’Algérie a pleinement accompli son devoir »
Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a affirmé, hier, que “l’Algérie a assumé pleinement” son devoir concernant le crash de l’avion de la compagnie espagnole Swift Air affrété par Air Algérie. “Vous devez tous être sûrs que l’État algérien, fort de ses compétences et de sa riche expérience, a pleinement assumé son devoir vis-à-vis de cette catastrophe aérienne” qui a coûté la vie à 116 victimes, dont 6 Algériens, a indiqué M. Lamamra, lors d’un point de presse animé conjointement avec les ministres des Transports, Amar Ghoul, et de la Communication, Hamid Grine, à l’aéroport international Houari-Boumediene. L’État algérien “a mobilisé ses différentes structures et institutions, et il est en contact permanent avec les pays concernés”, a-t-il ajouté. “La première information sur le lieu du crash a été donnée par un mouvement armé du nord du Mali, dont les membres se trouvent à Alger dans le cadre des négociations en cours menées sous l’égide de l’Algérie pour trouver une solution à la crise malienne”, a-t-il souligné. “Des éléments de ce mouvement se trouvaient près du lieu du crash, et l’information a par la suite été confirmée par toutes les parties”, a poursuivi le ministre. M. Lamamra a indiqué que la délégation que préside le ministre des Transports, Amar Ghoul, dépêchée au Burkina Faso, “prendra sur place, les mesures nécessaires au lancement de l’enquête et au rapatriement des dépouilles des victimes algériennes”. Le ministre a également indiqué que “l’enquête devant établir les circonstances du crash incombe au Mali, pays où s’est déroulé l’accident”, appelant, à cette occasion, les journalistes à faire preuve de “retenue” et à laisser la commission d’enquête faire son travail, tout en évitant de “tirer des conclusions hâtives qui ne servent ni les intérêts des familles des victimes ni la vérité qui doit être établie sans délai”.
Amar Ghoul :
« Les causes réelles ne seront connues qu'après enquête »
Les causes réelles du crash de l'avion espagnol affrété par Air Algérie "ne seront connues qu'une fois l'enquête devant en établir les circonstances achevée", a déclaré, hier, le ministre des Transports, Amar Ghoul. "Seuls les résultats de l'enquête sont à même de déterminer les causes du crash de l'avion qui assurait la liaison entre Ouagadougou et Alger avec à son bord 116 passagers de 15 nationalités. Il ne faut pas anticiper les choses", a souligné M. Ghoul, lors d'une conférence de presse animée conjointement avec les ministres des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, et de la Communication, Hamid Grine. Toutes les données liées à cet accident font aujourd'hui "l'objet d'analyse par les parties concernées, et seront soumises à la commission d'enquête conformément au droit international en vigueur en de telles circonstances".
"La boîte noire retrouvée sera envoyée à l'Association internationale du transport aérien (IATA)", a indiqué M. Ghoul, ajoutant que l'Algérie "recourra à tous les moyens pour coordonner avec les parties et pays concernés". "Aucune hypothèse ne peut être écartée pour ce genre d'accidents", a-t-il dit, estimant que "la commission d'enquête est seule habilitée à déterminer les causes exactes (de cet accident, ndlr) et à présenter les résultats officiels". Le droit international stipule qu'en de telles circonstances, "la responsabilité de l'enquête incombe au pays où l'accident est survenu", a-t-il rappelé. De ce fait, l'État du Mali "travaillera en collaboration avec les instances et pays concernés, dont l'Algérie qui ne ménagera aucun effort (de coordination, ndlr) pour faire aboutir l'enquête et examiner la question du rapatriement des corps", a indiqué le ministre. Sur l'état de l'avion, le ministre a précisé que l'appareil, un MDD 83 (Mc Donnel-Douglas), "disposait de toutes les autorisations européennes et internationales". Il a ajouté que l'avion avait effectué cinq vols sur la même ligne.
L'appareil, qui volait à plus de 9.000 mètres d'altitude, s'est écrasé dans une région située à quelque 800 km de l'aéroport de Bamako, a-t-il indiqué. "L'enquête et les mesures de rapatriement des corps ne sont pas chose aisée, d'autant que l'aéroport de Gao est fermé", a conclu le ministre.