LE SOIR D'ALGERIE, 7/12/2012 | | Alors que les préalables au dialogue inter-malien ont été posés mardi à Ouagadougou, la capitale algérienne fait office d’escale privilégiée pour des émissaires internationaux chargés des dossiers du Mali et du Sahel. Ainsi ont coïncidé les visites de l’envoyé spécial du Premier ministre britannique pour le Sahel, Stephan O’Brien, et du haut représentant de l’Union africaine (UA) pour le Mali, Pierre Buyoya. Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) - Avant son décollage de Londres vers Alger, l’émissaire britannique a affirmé effectuer son déplacement pour écouter les points de vue avisés de ses interlocuteurs algériens. «Je suis ravi d’avoir l’occasion de venir en Algérie et d’écouter les points de vue avisés de mes collègues au sein du gouvernement algérien. L’Algérie est un acteur régional clé dans la recherche d’une solution durable dans le Nord-Mali, et est un acteur important pour la sécurité dans le Sahel plus globalement», a déclaré Stephan O’Brien, soutenant au passage que son pays, la Grande-Bretagne, est déterminé à trouver «une solution qui respecte l’intégrité territoriale du Mali, met un terme à la violence et à la souffrance de tant de personnes innocentes». De son côté, le haut représentant de l’UA pour le Mali s’est entretenu à Alger avec le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. Cette activité diplomatique accrue que connaît la capitale algérienne, ininterrompue au demeurant depuis l’avènement de la crise malienne, intervient alors que l’intervention militaire dans le Nord-Mali semble éloignée. Même si elle reste certaine, cependant. Le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les opérations de maintien de la paix a estimé, hier, que l’intervention ne se fera pas avant l’automne 2013. Ce qu’avait d’ailleurs prédit Romano Prodi, l’envoyé spécial de l’ONU pour le Sahel. Même s’il y a un consensus pour mettre en avant un scénario politique, il est probable, sinon certain, qu’à la fin des fins, il y aura une opération militaire dans le Nord du Mali», a déclaré Hervé Ladsous lors d’une conférence à Paris sur les opérations de maintien de la paix de l’ONU. «En tout état de cause, rien ne pourra se faire avant septembre-octobre. C’est un processus évolutif.» Le discours du responsable onusien ne devrait pas plaire à la Cédéao qui, elle, s’impatiente à déployer la force africaine dans le Nord du Mali. Pour elle, septembre ou octobre, c’est trop loin. Le président ivoirien, président en exercice de la Cédéao, a jugé «indispensable» et «urgente» une intervention au Mali. Son souhait est qu’elle ait lieu au plus tard durant le 1er trimestre de l’année 2013. Mais l’ONU ne semble pas favorable à une précipitation de l’intervention armée. Ban Ki-moon a, dans un rapport au Conseil de sécurité, averti des risques encourus. Si l’option militaire semble éloignée, le dialogue, en revanche, est sur le point d’entrer dans le vif du sujet, avec l’accord conclu mardi à Ouagadougou autour des préalables à mettre pour ce processus de la négociation politique qui associe le pouvoir malien et les mouvements rebelles du nord du pays, Ansar Dine et le MNLA. Le médiateur africain dans la crise au Mali, Blaise Compaoré, est parvenu enfin à faire asseoir tout le monde autour d’une même table et de conclure une entente sur les préalables. L’engagement pris par les trois parties est que la laïcité et le respect des droits de l’Homme et des libertés religieuses soient consacrés. Ansar Dine s’est engagé à renoncer à son projet d’instaurer la Charia dans tout le Mali, tout en maintenant son désir de le faire dans ses fiefs. Le MNLA a, de son côté, revu ses ambitions à la baisse. A défaut d’une indépendance de l’Azawad, il réclame un débat autour du principe de l’autodétermination. S. A. I. Nombre de lectures : 739 |