Le Président Bouteflika vient de renouveler (Le Monde, 4 juillet 2012) le souhait de l'Algérie d'un "partenariat d'exception" avec la France. J'avais espéré, à la suite de ses déclarations récentes, un geste fort du nouveau Président de la République française à l'occasion du 50e anniversaire de l'indépendance. Ce geste n'a pas été accompli. Une nouvelle fois le premier pas est effectué par l'Algérie. Je ne perds cependant pas tout espoir, bien que mon optimisme soit singulièrement tempéré par la déclaration de politique générale de Jean-Marc Ayrault à l'Assemblée Nationale, qui n'a pas évoqué l'Algérie et surtout par le contenu de la conférence prononcée le 27 juin dernier par le ministre des Affaires Etrangères Laurent Fabius (texte intégral sur ce blog en date du 1er juillet)
Sous le titre "La France et le nouveau monde arabe", c'est - je le dis avec tristesse - la même morgue hautaine que celle de Sarkozy et de Juppé, l'intelligence, ou la rouerie politicienne, en plus. Seul l'Occident serait détenteur de la démocratie et aurait donc pour mission d'en imposer sa propre conception aux "pays arabes". Certains d'entre-eux, pourtant, trouvent grâce à ses yeux: le Maroc, une royauté, donnée en exemple par un ministre de la République ! Mais également " l'Arabie Saoudite,[ les] Emirats Arabes Unis, [le] Qatar, le Koweit, [sont] devenus des acteurs importants. Ils jouent un rôle parfois décisifs dans les évolutions régionales ." On sait en effet le rôle joué par le Qatar dans le financement et l'envoi de troupes lors de l'intervention armée de l'OTAN en Libye.
Laurent Fabius affiche dans cette conférence sa volonté de porter "avec conviction [cette] priorité méditerranéenne auprès de ses partenaires de l'Union Européenne, selon l'esprit original de la conférence de Barcelone de 1995." Or "Barcelone 1995" c'est le développement d'une zone de libre échange entre le Nord et le Sud de la Méditerranée. Autrement dit, "la concurrence libre et non faussée" chère aux européistes du Traité de Lisbonne, dont seuls les pays du Nord seraient bénéficiaires au détriment des pays du Sud. Les bons apôtres qui prêchent au profit de leur tiroir caisse ! Et si vous n'êtes pas d'accord on vous l'impose au besoin par la force comme en Libye et en Côte d'Ivoire (et en Syrie ?)
Le "partenariat d'exception" souhaité par le Président Bouteflika, entre la France et l'Algérie (à ne pas confondre avec un partenariat exclusif, l'Algérie aspirant légitimement à diversifier ses échanges) devrait être mutuellement bénéfique. C'est cela qui ferait exception dans ce monde guidé par le "profit égoiste". Je fais ce rêve qui n'est pas hors de notre portée. Ce sujet sera-t-il au centre des entretiens du 16 juillet à Alger ?