LAÏCITE
Une nouvelle fois la laïcité a été au coeur des débats de l'assemblée générale de notre association France-El Djazaïr. Débats vifs, passionnés (pour le moins). Comment expliquer la persistance d'un clivage entre les tenants d'une laïcité respectant la liberté de croire, de pratiquer ou de ne pas croire et ceux qui considérent les religions comme intrinsèquement mauvaises et dangereuses ? Une laïcité de tolérance permettant le bien-vivre ensemble - c'est ma conception - ou une laïcité de combat contre les religions.
Le débat n'est pas nouveau. C'était déjà celui qui opposait à la Chambre, les députés Radicaux-socialistes anticléricaux et les amis de Jean Jaurès. C'est Jaurès qui l'emporta et avec lui une conception de la laîcité respectueuse des libertés individuelles qui assura la paix sociale jusqu'à nos jours. Le débat rebondit aujourd'hui sous la pression conjuguée des partis (de droite) qui réclament la révision de la loi française de séparation de l'Eglise et de l'Etat et des adversaires (de droite et d'extrême-droite) de l'Islam qui, au nom de leur conception de la laïcité - ils ne sont pas à une contradiction près - prônent des mesures d'exception contre cette seule religion. L'islamophobie est devenue la forme contemporaine du racisme anti-arabe. Le combat contre l'islamophobie est devenu de ce fait une des dimensions importantes de la lutte contre le racisme. Ce que nos "laïcards" ne peuvent admettre. Mais il y a un autre aspect spécifique à notre association d'amitié franco-algérienne. Parce que nous sommes anticolonialistes, nous répudions tout sentiment de supériorité nationale. Nous ne considérons pas que ce qui est bon pour la France est nécessairement bon pour les autres Peuples. Chacun évolue à son rythme et en fonction de son histoire. Ne perdons jamais de vue que c'est au nom de ce sentiment de supériorité que la gauche socialiste et radicale-socialiste fut en France depuis le XIXe siècle à l'avant-garde des conquêtes et des tentatives de reconquêtes coloniales. Et concernant plus particulièrement la situation de l'Algérie, l'Islam y fut un refuge, un rempart contre la déculturation pendant la colonisation et les Oulémas notamment participèrent à la guerre de libération nationale. Cela confère à l'Islam en Algérie une place que les Français ont souvent du mal à comprendre. Nous avons à cet égard un effort à faire sur nous-mêmes si nous voulons être compris du peuple algérien.
Un dernier mot enfin destiné à ceux qui pensent connaître la pensée de Marx et qui vont répétant: "La religion est l'opium du peuple." Certes, dans le texte de 1843 qui comporte cette phrase, Marx déclare: "Lutter contre la religion, c'est donc indirectement (souligné par moi, BD) lutter contre ce monde là (monde où règne l'exploitation de l'homme par l'homme, noté par moi BD), dont la religion est l'arôme spirituel." et il ajoute: "La détresse religieuse est, pour une part, l'expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans coeur, comme elle est l'esprit de conditions sociales d'où l'esprit est exclu. Elle est l'opium du peuple." Vous en conviendrez cette caractérisation de la religion est infiniment plus subtile que le succédané qui nous fut si longtemps asséné par la vulgate stalinienne. Evidemment, comme tout texte, il ne faut pas le prendre à la lettre.Il faut le comprendre dans son contexte. Je ne suis donc pas marxiste, mais, vous l'avez compris, je me sens profondément marxien et pour moi mécréant, les croyants de toutes les religions sont mes frères et non mes ennemis. C'est également Marx qui a écrit dans Confession: "Rien de ce qui est humain ne m'est étranger." Je ne combats donc pas les religions; je dialogue avec elles. Ce que je combats c'est l'intolérance aussi bien religieuse qu'antireligieuse.
CE SOIR JE PENSE A MON AMI RENE DUPONT
La manifestation contre l'extrême-droite, ce matin à Nîmes a rassemblé une foule appréciable et je pense à mon ami René Dupont qui nous a quittés il y a quelques années. Je ne m'avance guère en affirmant qu'il aurait été présent ce matin. Mais comment aurait-il réagi, lui qui a été Maire d'Aimargues, en apprenant avant-hier par la presse que l'actuel Maire (je n'écris pas son nom tant j'ai honte pour lui) pactise avec le député frontiste Collard ? Un ancien responsable syndicaliste de la Source Perrier qui pactise avec le parti xénophobe et raciste des milliardaires. Quelle déchéance ! Un autre élu, le conseiller général UMP de Saint Gilles se précipite lui aussi sur la gamelle que lui tend le FN. Cette circonscription que j'ai eu l'honneur de représenter à l'Assemblée Nationale...Cette circonscription où tant de manifestations eurent lieu contre la guerre d'Algérie et contre le départ de nos soldats, perd aujourd'hui ses repères tellement elle est chamboulée et désespérée par le chômage et les difficultés de la vie qui s'aggravent (Attention François Hollande, votre responsabilité est grande pour porter remède à ces maux !). Mais les élus doivent donner l'exemple, faire preuve de courage et résister aux sirènes frontistes. La plupart le font. Quelques-uns cèdent. Ils finiront dans les poubelles de l'histoire.
CIMETIERES
Regardez bien cette photo. Les pierres de cette tombe sont brisées. Elles ont été remises les unes sur les autres tant bien que mal. On reconnait l'endroit ou était fixé le crucifix. Celui-ci est absent. S'agit-il d'un acte de vandalisme ou d'une tombe abandonnée dont l'emplacement va être repris ? Difficile à dire. Au delà de la grille on aperçoit la mer. Sommes-nous en Algérie ? Non, j'ai pris cette photo en 2010 dans le cimetière Paul Valéry de Sète...A méditer.