CEVENNES

Le soleil est déjà chaud quand, ce mercredi 5 juin, je prends la draille qui monte à Cabane Vieille. Après le froid de l’hiver et les pluies glaçantes du printemps, les Cévennes explosent de couleurs. L’or des genêts exalte le vert tendre des châtaigniers. L’alternance d’ombre et de lumière marbre le sol du sentier raviné par les orages. Des pierres roulent sous ma chaussure et parfois je bute sur une racine ou sur un rocher qui affleure couvert de mousse. Le rose léger des saponaires et le bleu des myosotis rythment mes pas. Par-delà le moutonnement bleuté du piémont cévenol  le regard porte jusqu’à la mer d’où nous vient une brise légère qui caresse la pointe des arbres.

C’est par un jour semblable, alors que la nature s’éveille et que le monde est plein de promesses, qu'Henri Maillot est tombé dans l’Ouarsenis en 1956. Qu’il doit être dur alors de mourir ! Peut-être a-t-il été tenté de céder aux injonctions brutales qui lui ordonnaient de crier « Vive la France ». La France n’était pas sa patrie et cette France-là n'était pas celle qu’il admirait. La France de 1789 et de la Résistance au nazisme. Son cri, « Vive le Parti Communiste Algérien » fut l'ultime cri de victoire de celui qui, fidèle à son idéal, avait surmonté la peur. Ce cri porta loin qui  témoignait de la possibilité pour la future Algérie indépendante de se construire avec tous ses enfants. La désertion de l’Aspirant Henri Maillot, la livraison d’un camion d’armes à l’insurrection et sa mort héroïque sont encore pourtant minorés et leur portée sous-estimée par de nombreux historiens, alors que quelques mois plus tard, la Plateforme de la Soummam, puis en 1962, les Accords d’Evian, offrirent aux Algériens d’origine européenne de rester en Algérie avec les mêmes droits que leurs  compatriotes. Quel dommage qu’ils aient – sauf 200 000 d’entre-eux – cédé aux menaces de l’OAS et refusé la main qui leur était tendue.

SYRIE (suite)

Ce n’était pas un changement de cap. Les soi-disant révélations du journal Le Monde sur l’utilisation de gaz en Syrie, contestées par les experts de l’ONU et par les USA, préparaient l’opinion à la décision de l’Union Européenne, sur proposition de la France, de lever l’embargo sur les armes destinées à l’opposition armée, avec Fabius en boutefeu. Cet homme est dangereux qui chausse les bottes de Sarkozy et s’apprête, comme en Libye, à intervenir directement en Syrie. C’est la politique des petits pas et des reniements successifs. Au Mali, Hollande jurait que jamais la France n’interviendrait, puis qu’elle n’avait pas vocation à rester. Maintenant il affirme que la « France » restera le temps qu’il faudra…Après la Côte d'Ivoire, la Libye et le Mali, la Syrie? La Reconquista !

UNE AUTRE IMAGE DE L’ALGERIE.

Samedi matin, à 8h26 sur USHUAÏA (chaîne 89), deux films sur l’Algérie qui donnent – c’est si rare – une image positive de ce pays et de ses habitants. Vous serez bluffés par la beauté des images et l’objectivité des commentaires. Ne faîtes pas la grâce matinée. Cela en vaut la peine.

Bernard DESCHAMPS