Les anciennes puissances coloniales occidentales tentent de mettre à profit l'écrasement dans le sang par Kadhafi du soulèvement en Libye pour prendre pied sur ce grand pays dont le sous-sol dispose d'importantes richesses. Alors qu'en d'autres circonstances, elles ont fait bien peu de cas de la souffrance des Peuples, en ce qui concerne la Libye elles camouflent leurs appétits derrière des prétextes humanitaires. Il est inquiétant de constater que Sarkozy est en pointe dans cette nouvelle croisade, avec l'Angleterre, en se prononçant pour des frappes ciblées et pour l'instauration d'une zone d'interdiction aérienne qui constituerait également un acte de guerre. Pour l'instant, il n'y a pas de décision du Conseil de Sécurité de l'ONU; les 27 de Bruxelles sont divisés et les 22 (21 en fait) de la Ligue arabe n'ont pas été unanimes puisque l'Algérie et la Syrie ont manifesté des réserves sur l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne. Il est donc encore possible d'arrêter le bras des va-t-en guerre.
Contrairement à ce que disent ou écrivent certains, refuser une intervention militaire en Libye ce n'est pas soutenir le régime de Kadhafi. Les Peuples n'aiment pas les missionnaires armés et la situation en Irak et en Afghanistan témoigne de l'inanité de ces tentatives. Une intervention militaire dresserait contre elle l'ensemble des Peuples de la région et affaiblirait par là même le mouvement populaire pour la Démocratie en Libye.
Bernard DESCHAMPS