La campagne électorale pour les législatives du 10 mai n’a pas tenu toutes ses promesses.
Les 44 partis politiques engagés dans la course aux législatives ont tenté vainement de susciter l’intérêt d’un électorat qui ne semble pas intéressé par ce rendez-vous que le pouvoir a assimilé au déclenchement de la Révolution. Que retient-on de cette campagne qui a duré 21 jours et dont la clôture est prévue pour aujourd’hui à minuit ? Les observateurs de la scène nationale s’accordent à dire qu’elle n’a pas été à la hauteur pour conjurer le spectre de l’abstention qui plane toujours. Elle n’a pas non plus répondu aux attentes des citoyens qui assistent, impuissants, à la dégradation de leur pouvoir d’achat. D’aucuns estiment qu’il n’y a pas eu, tout au long de cette campagne, une forte animation que les partis en lice ont confondue avec agitation : bruit des enfants, chahut des jeunes lors des meetings et diffusion de musique à la radio faute d’orateurs qui devraient occuper cet espace.
La désaffection populaire qui a caractérisé cette campagne trouve son explication aussi dans l’incapacité de la classe politique à répondre favorablement aux attentes des citoyens.«Les candidats s’accordent à dire que l’Algérie est dans la déroute et vit une crise sans précédent, mais le comble est que rares sont ceux qui ont avancé des solutions pour une sortie de crise. Nous sommes restés au stade du constat, voire du diagnostic», explique le politologue Rachid Grim. Il qualifie de «désolant» et de «triste» la tournure qu’a pris cette campagne. «Les candidats aux législatives bâtissent leur discours sur des promesses et non pas sur des propositions inspirées d’un programme clair et consistant», note-t-il encore. Les candidats n’ont pas cessé d’appeler à un vote massif, de brandir «une menace étrangère» et de promettre la distribution équitable des richesses, des logements et des postes de travail…En vain. Des observateurs estiment que l’abstention battra le record lors de cette échéance.
Autre point de cette campagne qui mérite d’être relevé : le nombre de recours introduits par les candidats auprès de la Commission nationale de surveillance des élections législatives (CNSEL). La CNSEL a fait parler d’elle à plusieurs reprises, notamment en engageant un bras de fer avec le ministère de l’Intérieur.
Toutefois, toutes ses doléances et revendications ont essuyé un refus catégorique de la part du ministère de l’Intérieur. Au total, la CNSEL a recensé 400 recours qui n’ont pas été pris en charge par l’administration. En effet, cette instance n’a pas eu gain de cause ni en ce qui concerne l’affaire des militaires inscrits en bloc sur le fichier électoral en dehors du délai légal ni sur la question du bulletin unique.
Elle avait également dénoncé l’usage de la religion dans les discours politiques, l’utilisation des biens de l’Etat par les ministres candidats et le recours à la publicité commerciale, en vain.