Le Parti Communiste Français exprime sa très grande inquiétude devant la décision des autorités françaises d’engager la France dans un soutien opérationnel à une intervention militaire de la CEDEAO au Mali.
Le PCF souligne son opposition catégorique à une telle expédition aux risques considérables. Les dangers d’enlisement et de déstabilisation régionale sont énormes et ils ont d’ores et déjà suscité des réserves au sein même de l’ONU. Le Secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki Moon, a exprimé ses réticences. Hilary Clinton elle-même, qui s’y connaît dans le domaine de la guerre, parle de «poudrière». Il est consternant que la France puisse s’engager militairement ainsi dans une aventure à l’issue plus qu’incertaine et dont les conséquences pourraient être désastreuses.
Il est par ailleurs particulièrement choquant que le sort des 6 otages français ne soit pas sérieusement pris en compte alors qu’à l’évidence cette intervention militaire met leur vie même en danger. Le PCF appelle à la responsabilité et à l'arrêt immédiat de tous les préparatifs de guerre. Les forces spéciales françaises déjà engagées sur le terrain, en contradiction avec les déclarations officielles, doivent être retirées.
Non satisfaites d’avoir déstabilisé hier l’ensemble de la zone sahélo-saharienne en Afrique de l’Ouest par la guerre de Libye, les autorités françaises d’aujourd’hui – au lieu de tirer les enseignements du passé le plus récent - prennent le risque évident de prolonger et d’aggraver encore la situation. C’est inacceptable.
Cette grave crise malienne doit être traitée par les maliens eux-mêmes. Ils ont été des milliers à marcher aujourd'hui dans les rues de Bamako contre la politique de la France et de la CEDEAO "pour un Mali souverain, libre, laïque et démocratique". Ils demandent la tenue d'une Convention nationale souveraine et des moyens nationaux pour la libération des zones du Nord.
Toute l’aide nécessaire doit être apportée aux maliens afin de rétablir l’autorité de l’Etat, de reconstituer une armée et une capacité à récupérer la souveraineté nationale sur l’ensemble du territoire. Il est anormal et inadmissible que des armements qui auraient dû être délivrés aux autorités maliennes pour la défense du territoire aient été bloquées par la CEDEAO à Dakar et Conakry avec l’accord tacite de la France.
Les autorités de notre pays doivent aider le Mali à se redresser. Elles doivent exiger la fin d'un soutien périlleux et irresponsable de l’Arabie Saoudite et du Qatar à des forces de l’islamisme politique, y compris les plus réactionnaires, au Mali.
La CEDEAO et la France devraient encourager le dialogue interne de l’ensemble des forces politiques et sociales maliennes dont une partie importante s'opposent à la guerre, appellent à la reconstitution de l’Etat, à la concertation, à une solution politique et y compris des négociations.
Il est temps que l’Europe considère enfin l’Afrique et la constitution d’un grand partenariat pour le développement dans toutes ses dimensions comme une priorité, face à la pauvreté massive, à la crise alimentaire, aux exigences sociales les plus urgentes.
En France, l’ensemble des collectivités territoriales et des élus engagés durablement dans la coopération décentralisée, et très sensibilisés à l’avenir du Mali, sont prêts à s’investir pour contribuer à une réponse réelle à ces urgences. Il faut donner au peuple malien les ressources nécessaires pour qu’il puisse affronter l’agression dont il est l’objet. Le peuple malien, ami de la France et des citoyens de notre pays, a besoin de la solidarité, pas de la guerre.