Alors que le marché automobile s'effondre en Europe en raison des politiques d'austérité, il connait une croissance sans précédent en Algérie.
L'Algérie avait enregistré une baisse des achats de voitures en 2008, à la suite de l'instauration le 25 juillet 2007, par le gouvernement algérien, d'une taxe de 1% sur le chiffre d'affaires des concessionnaires. Ce sont les petites voitures (vendues entre 400 000 et 800 000 dinars) qui rerésentent 80% du marché qui avaient fait les frais de cette baisse.
Après une reprise en 2009, 2010 a connu un nouveau recul de 20% à la suite de la suppression du crédit à la consommation. Par contre, en 2011, 390 140 voitures ont été achetées, contre 285 337 en 2010. Cette hausse se confirme en 2012 avec 102 720 voitures importées au cours du 1er semestre contre 87 962 en 2011 (chiffres des Douanes), soit une augmentation de +36% (source Algérie-dz.com). Les marques Renault et Peugeot sont toujours en tête des importations algériennes, mais c'est l'Allemagne qui enregistre la plus forte augmentation: +87%, ainsi que la Chine. Baisse par contre des importations de Corée. Selon les experts, ce développement du marché malgré la taxe auto et la suppression du crédit automobile est dû à la hausse du pouvoir d'achat des Algériens dont le salaire minimum mensuel est passé de 12 000 dinars en 2010, à 15 000 dinars en 2011, à 18 000 dinars depuis le 1er janvier 2012 ( 178€ ). Par comparaison, une baguette de pain coûte entre 0,09 € et 0,11 € en Algérie contre 0,75 € et 0,90 € en France. Ces augmentations du SNMG se sont répercutées sur l'ensemble de l'échelle des salaires et sur les retraites. Ce qui n'est pas sans poser des problèmes à l'Etat algérien pour lequel, en l'absence d'une véritable industrie automobile, les importations pèsent lourdement sur les finances publiques. D'où le débat en cours au sein du pouvoir sur la nécessité de développer l'économie nationale après un abandon de vingt ans. (Déclaration du ministre, Mohamed Benmeradi, dans le supplément du 4 juillet au journal Le Monde).
La population active (notion qui recouvre des catégories diverses) est estimée a environ 10 à 11 millions de personnes sur 38 millions d'habitants. Ce qui signifie qu'en dehors des salariés, il existe une grande diversité de situations, des privilégiés détenteurs de capitaux aux sans emploi qui sont nombreux à vivre de "l'économie informelle". C'est cette dernière catégorie qui est la plus visible. En effet, depuis les émeutes de janvier 2010, les vendeurs à la sauvette (qui sont dépendants de leurs fournisseurs) désormais tolérés par la police, envahissent les trottoirs des villes, bien que le chômage soit en recul. Ainsi, comme dans toute société de classes (l'Algérie s'est convertie à l'économie de marché dans les années 90) les revenus y sont très inégalitaires, en dépit des augmentations de salaires de ces trois dernières années.
Bernard DESCHAMPS
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