Le quotidien français Libération a publié avant-hier 16 février, l'interview d'une jeune doctorante algérienne, vivant en Algérie, mais chargée de cours à Sciences Po Paris, qui donne un éclairage intéressant sur l'état de l'opinion publique aujourd'hui en Algérie:
"La majorité des jeunes Algériens sont dans l'expectative. Ils attendent de voir ce qui va se passer [...] Le jour J (12 février, ndlr), j'étais à Oran, à l'ouest du pays, il ne s'est littéralement rien passé [...] La population craint énormément les abus, les vols, les pillages, qu'il pourrait y avoir s'il y a des manifestations.[...] Eux, ils ont déjà connu d'une certaine manière leur printemps démocratique, c'était en 1988. Cela a entrainé les premières élections libres, la victoire des islamistes et ensuite une décennie de guerre civile.[...] Ce que les gens honnissent, c'est le système, ce n'est pas spécialement Bouteflika [...] Lors des marches, les gens crient "Dégage système"..
Lu dans L'Humanité du 18 février:
"...le droit à la retraite est à 55 ans, la médecine reste gratuite ainsi que les cantines scolaires, les prix des transports publics sont à la portée de tous, mais cet héritage de l'époque socialiste ne peut faire oublier la destruction du tissus social et industriel quand l'Algérie a opté pour la voie libérale." explique Salhi, syndicaliste.
Et dans L'Huma Dimanche du 20 février:
"A l'issue de la tentative de "transition démocratique" entre 1988 et 1991, une décennie de quasi-guerre civile a régné dans le pays. Les civils ont été les principales victimes des exactions des islamistes armés comme de celles des forces de sécurité."
Le journaliste qui a rédigé cet article avait récemment écrit que les 200 000 morts de la décennie de sang étaient le fait, non pas des islamistes, mais des forces de sécurité. A la suite du courrier que je lui avais adressé, il m'avait répondu que c'était une mauvaise formulation de sa part.
Cette fois, il renvoie dos à dos les criminels qui, selon lui, n'ont commis que des "exactions" et les forces de sécurité qui les pourchassaient et ont eu de très graves pertes.
J'ai honte pour mon journal. Le journal créé par Jaurès...