On ne peut séparer le passé du présent
Il y a 52 ans , l’Algérie arrachait son indépendance
Le soleil brille sur la cite administrative de Rocher-noir , située à 50 kilomètres d’Alger, il est exactement 12h05 le 3 juillet 1962. Le long d’un mât de 10 mètres, monte lentement un drapeau vert et blanc frappé de l’étoile et du croissant rouge . Ce drapeau , c’est le signe même que l’Algérie a officiellement changé de destin .
Abderrahmane Fares, président de l’exécutif provisoire mordille sa mince moustache noire .Ses bras qui d’ordinaire .font des moulinets impressionnants tentent de trouver le long du corps une position qui rappelle celle du garde- à- vous.Les trois européens membres de l’exécutif: CHARLES KOEING, .JEAN ROTH, JEAN MANNONI cherchent dans l’assistance un regard sur lequel appuyer leur regard troublé .
A 10h30 . FARES reçoit un télégramme signé CHARLES DE GAULLE le président de la République française a « pris acte » des résultats du scrutin d’autodétermination qui s’était tenu le dimanche 1 juillet (5 975 583 Algériens sur 6 0 17 680 volants se sont prononcés pour une Algérie indépendante coopèrant avec la France ) et « en conséquence « la France a reconnu « l’Independance de l’Algérie « . ABDERAHMANE FARES a été tellement ému en recevant ce message qu’il l’a glissé dans sa poche au lieu de le donner pour classement à son chef de cabinet MOHAMED KHEMISTI .Adieux hatifs au représentant de la France M.CHRISTIAN FOUCHET qui doit quitter Alger le lendemain matin et ABDERAHMANE FARES se retrouve avec une Algérie inconnue qu’aux termes des accords d’Evian il a pour mission de diriger jusqu’à l’élection d’une assemblée constituante.
Mais le Gouvernement provisoire de la République Algérienne arrive. C’est à lui qu’il appartiendra de mettre en place les structures politiques, administratives et judiciaires de l’Algérie nouvelle .L'exécutif provisoire lui administrera. La « caravelle » spéciale de Tunis Air se pose sur la piste à 16h25. A la clameur qui a salué l’appareil lorsqu’il est apparu au-dessus d’Alger a fait place u extraordinaire silence fait de curiosité. BENYOUCEF BENKHEDDA le president du GPRA ne manifeste aucune émotion apparente mais après avoir trébuché deux fois, il se jette dans les bras de FARES .
Le 03 juillet l’ALGER des Algériens s’est levée tôt .A- t-elle dormi d’ailleurs ? De Bel court au Clos Salombier,de Climat de France à la Casbah on a souvent passé la nuit à placer des myriades d’ampoules, de guirlandes, de drapeaux. On a collé à coups de pinceaux hatifs les portraits des chefs de la Révolution.
Des enfants, bouche ouverte, en haillons. écoutent et écoutent encore les récits des maquisards revenus des djebels.
On se dispute l’honneur de porter les arches des combattants, de leur offrir café ou thé .Accroupis dans les ruelles , des vieillards savourent cette nuit pleine de rumeurs, De nachids patriotiques, des célèbres chanteuses et chanteurs égyptiens ,Faida Kamel ,Nadjeh Salem, Mohamed Kandil ,Karim Mahmoud. On chante , on crie ,on hurle, on salue .Une foule ? Non , c’est Alger .C’est l’Algérie qui se rue maintenant sur Maison –Blanche (Dar EL Beida) pour y accueillir le GPRA ,car on est venu de loin en employant tous les moyens de transport : la voiture prise au hasard des rues et des garages ,le car, bicyclette, la voiture de pompiers, même le fourgon mortuaire dont on tempère l’aspect lugubre.
En souvenir de 1830
Les fêtes de l’indépendance ont commencé le 5 juillet .La date coïncide par décision du GPRA avec l’anniversaire du débarquement de 1830 .Les Algériens se souviendront des nuits sans sommeil passées dans les rues à défiler ,à défiler encore en scandant inlassablement « vive l’Algérie » Extrêmement fatigués, des hommes s’écroulent sur les trottoirs .Mais si, prés d’eux, s’improvise quelque danse, les voila debout .On s’agglutine en grappes sur les camions ou les voitures dont les chauffeurs klaxonnent sans répit. Un véhicule est à bout d’essence ,on s’arrête chez le premier pompiste .On fait le plein . Personne ne paie .Le 5 juillet 1962 , dans un climat d’une extraordinaire intensité ,les Algériens ont acclamé le défilé de l’indépendance .Les mille deux cents hommes de la wilaya 3 qui ont ouvert le défilé de l’indépendance avaient été rassemblés au Ruisseau, à l’Est de la ville , pour se disperser après la place du gouvernement ( place des martyrs) , au bas de la Casbah.
Tout au long des huit Kilométres de ce parcours, ils recueillirent de folles acclamations.De la préfecture, le colonel Mohand OuLd Hadj regarde passer ses hommes.
Dans la nuit du 5 au 6 juillet 1962,les parachutistes du 3e RPIMA ont fait sauter le monument du centenaire du débarquement élevé en 1930,sur les hauteurs de la place de Sidi Ferruch,à 25km d’Alger : une stéle de marbre de 15 mètres de haut.
Tarik akkou. Tahar El-Hocine.
La photo est de Bernard Deschamps