Vous trouverez ci-après, l'éditorial du N°27 du bulletin de l'association France-El DjazaÏr.
2014, est l’année du 60e anniversaire de l’insurrection du 1er novembre 1954 en Algérie. Cette date marque le début d’une guerre qui mobilisa tout un peuple pour son indépendance, au prix d’immenses sacrifices, contre une armée qui, à cette époque, était une des plus puissantes du monde.
Le choix de la lutte armée fut imposé au peuple algérien par l’inhumanité et la cruauté du colonialisme français qui, durant 124 ans de domination, le déposséda de ses meilleures terres, s’acharna à effacer son héritage culturel, refusa toute évolution démocratique et réprima dans le sang toute velléité de révolte.
La proclamation du 1er novembre, adoptée le 31 octobre à Alger, définissait ainsi son but : « Indépendance nationale par :1) La restauration de l’Etat algérien souverain démocratique et social dans le cadre des principes islamiques.-2) Le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de races et de confessions. » Elle précisait : « Tous les Français désirant rester en Algérie auront le choix entre leur nationalité d’origine et seront de ce fait considérés comme étrangers vis-à-vis des lois en vigueur ou opteront pour la nationalité algérienne et, dans ce cas, seront considérés comme tels en droits et en devoirs. » Les dirigeants français restèrent sourds à cette aspiration légitime à l’indépendance, alors que neuf ans plus tôt nous nous étions nous-mêmes libérés de l’occupation nazie et, prétendant que « L’Algérie c’est la France », ils s’engagèrent dans une guerre de reconquête d’une cruauté inouïe au cours de laquelle tous les moyens, y compris la torture, furent employés. Les villes et le moindre village en Algérie ont des cimetières où reposent des dizaines, des centaines, des milliers de martyrs (chouhada) dont le souvenir est toujours aussi vivant. Le Peuple algérien qui a payé un lourd tribu est fidèle aux idéaux de novembre. C’est ce qui fonde son unité nationale. Pourtant cinquante-deux ans après l’indépendance, en France, certains rêvent encore de revanche. Ils multiplient les déclarations. Ils insultent. Ils manifestent. Ils érigent des monuments à la gloire des tortionnaires. Les plans de ces attardés de l’histoire sont voués à l’échec, car le monde a changé. Les rapports de forces ont évolué. L’Algérie est devenue une puissante et grande nation. Nous ne devons cependant pas sous-estimer leur capacité de nuisance. Les ferments de haine qu’ils propagent peuvent rencontrer un écho en ces temps de crise alors que des partis politiques se font leur porte-parole ou leur prêtent une oreille favorable. Aucun acte raciste ou xénophobe ne doit être toléré et nous nous félicitons de la riposte du 30 novembre qui a répondu aux insultes envers Christiane Taubira. C’est également la raison qui a conduit notre association France-El Djazaïr à déposer plainte contre un alésien auteur présumé d’une profanation du drapeau algérien*. Le peuple algérien, en dépit des souffrances endurées, n’a pas de haine à l’égard du peuple français et il aspire à l’amitié. La visite d’Etat de François Hollande et la signature par les deux Présidents de la Déclaration d’Alger le 19 décembre 2012 ont suscité un espoir. Formulons le vœu qu’il ne soit pas une nouvelle fois déçu comme ce fut si souvent le cas dans le passé.
En cette année du 60e anniversaire du 1er novembre 1954, nous poursuivrons les objectifs que nous nous sommes fixés en créant, en 2005, notre association sous le parrainage du regretté Henri Alleg: travailler à l’amitié entre nos deux Peuples en faisant toujours mieux connaître la réalité de l’Algérie d’aujourd’hui ainsi que l’histoire de la colonisation et de la décolonisation.
La rédaction de France-El Djazaïr
*Une plainte avait également été déposée le 23 octobre par l’Amicale des Algériens d’Alès-La Grand’Combe.
La cotisation annuelle à l'association d'amitié franco-algérienne FRANCE-EL DJAZAÏR est de 15€ (1€ pour les personnes aux minima sociaux ou sans ressource). Les adhésions sont à adresser à FRANCE-EL DJAZAÏR, 7, rue de Montaury, 30900 NÎMES