Nous l’appelions Mimi. Mimi Pulvermacher. Pour nous, les nouveaux députés, elle était notre grande sœur, notre guide, notre conseillère. Secrétaire générale du groupe communiste…Ce titre aride sonne de façon impersonnelle, alors que Mimi, la première personne qui nous recevait à notre arrivée à l’Assemblée nationale, nous mettait aussitôt à l’aise avec son sourire. Je l’ai toujours vu sourire, même dans les moments les plus critiques. Un lien de confiance s’établissait dès le premier abord, et c’était elle que nous allions consulter lorsque nous hésitions sur un fait, une date. Jamais, elle ne tenta d’infléchir une opinion que nous nous apprêtions à émettre dans nos interventions. Elle se limitait, avec sa longue expérience d’ancienne Résistante au nazisme et d’éminente fonctionnaire parlementaire, de rappeler les faits, afin d’éclairer notre décision. Les liens d’amitié qui se forgeaient alors perduraient au-delà de notre mandat et, personnellement, lorsqu’il m’arrivait de me rendre à l’Assemblée nationale, je ne manquais pas d’aller faire une bise à « Mimi ». Il m’arrivait d’y croiser Léon   son mari, lui aussi communiste, toujours amical et d’une grande discrétion. C’était comme si nous nous étions quittés la veille.

L’ancienne Résistante qui avait été profondément marquée par le rôle majeur de l’Union soviétique dans le combat victorieux contre la barbarie nazie, vécut douloureusement, comme un drame personnel, la disparition de l’URSS en 1991. Elle prit ses distances avec le PCF, mais ce fut pour elle un déchirement. Elle demeura une lectrice attentive de l’Humanité.

La disparition de Mimi me bouleverse et je pense ce soir à sa famille à laquelle j’adresse mes condoléances émues.

Bernard DESCHAMPS