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6 novembre 2024 3 06 /11 /novembre /2024 08:05

 

  

  (Dernière mise à jour, le 10 novembre 2024 à 19h.) 

   De nombreux vols avaient été annulés ou modifiés en raison de la préparation des défilés aériens du 1er novembre. Mais tout rentra dans l’ordre et je suis bien arrivé à Alger.  La capitale s’est  mise en beauté pour cet anniversaire. Les façades des immeubles d’Alger-centre ont, après ravalement aux frais de l’Etat, retrouvé leur blancheur éclatante.

   L’accueil à l’Hôtel Suisse où j’ai l’habitude de descendre fut comme toujours, chaleureux.

   C’est encore la nuit quand, le lendemain matin mercredi, avec M. nous prenons la route pour Melbou. Nous restons bloqués trois quarts d’heure à la sortie d’Alger, avant de pouvoir emprunter le tronçon en direction de Bejaia, de l’autoroute Est-Ouest longue de 1216 km, réalisée entre 1990 et 2023, qui relie la frontière tunisienne à la frontière avec le Maroc.

   L’« Autoghoute Est-Ouest », comme la surnomme les Algériens, en référence à Amar Ghoul, l’ancien ministre des Travaux publics, qui en a supervisé la réalisation, avant de finir derrière les barreaux où il purge depuis 2019 une peine de cinq ans de prison pour abus de fonction et corruption.

   Le long ruban de bitume est bordé d’immeubles d’habitation et d’usines. Nous passons successivement à proximité de Bouira, d’Akbou et d’Ouzelaguen, avant d’emprunter la nouvelle pénétrante à trois voies, toute neuve, qui remonte la vallée de la Soummam jusqu’à Bejaia. A proximité de la ville les étals de fruits, de fleurs et de légumes se succèdent témoignant de la fertilité des terres de cette région. La mer enfin apparait scintillante sous les rayons du soleil levant. Nous la longeons jusqu’à l’entrée de Melbou où nous arrivons avec deux heures et demie de retard à cause des bouchons rencontrés sur notre route.   Je n’ai pas la mémoire des lieux et des passants auxquels nous demandons notre chemin, nous conduisent avec beaucoup de gentillesse  au quartier de B.  où réside la famille T.

     Les retrouvailles sont chargées d’émotion. Malheureusement à cause de notre retard, les enfants qui nous ont attendus ont été contraints d’aller au travail. Dans la belle maison qu’il a rénovée, mon camarade E M qui est décédé du covid en 2020 est très présent grâce à de nombreuses photos. Nous évoquons nos souvenirs et en particulier celui du voyage avec Cécilia dans le  désert du Tassili N'Ajjer. Après un délicieux repas préparé par H., nous nous rendons au cimetière où il est inhumé à flanc de montagne. Nous gravissons la pente abrupte et caillouteuse sous un ciel lourd.

    Nous rejoignons Alger en soirée. La journée du jeudi sera tout entière consacrée au groupe de jeunes de la ville de Vénissieux et à leur encadrement, MM. Samir Toumi et Mustapha Chalal, que je dois accompagner sur les pas d’Annie-Fiorio-Steiner, une mujâhida de la Casbah d’Alger. Mes amis anciens mujâhidûn nous accueillent au siège de la Zone autonome historique d’Alger à laquelle appartenait Annie, agent de liaison du FLN. C’est un moment d’une rare intensité que celui de cette rencontre entre des combattants qui ont vécu la terrible « bataille d’Alger » en 1957 et de jeunes franco-algériens de la troisième génération qui font connaissance avec le pays d’origine de leurs parents. Ils seront aussi marqués pour la vie par la visite, aux côtés de M. Mostefa Boudina, ancien condamné à mort, de la prison de Serkadji où furent guillotinés plusieurs dizaines de  patriotes algériens dont Fernand Iveton, Mohamed Lakneche et Mohamed Ouenouri le 11 février 1957, à la mémoire desquels Annie Steiner dans sa cellule de prisonnière, écrivit le poème Ils ont osé vous assassiner, que lira quelques heures plus tard sur sa tombe à El Allia, une des jeunes filles du groupe.

    Comme chaque 1er novembre à 1 heure du matin, la rue est envahie par une foule en liesse qui célèbre l’anniversaire du déclenchement de la révolution, dans un concert de klaxons et de vuvuzelas. Mais en ce 70e anniversaire, la ferveur populaire est montée d’un cran comme nous le constaterons le vendredi pour le défilé militaire. La presse algérienne avait donné le ton, El watan publiant en Une la photo pleine page des Six signataires de la Proclamation du 1er novembre 1954, et El moudjahid ayant encarté un numéro spécial comportant des interviews de proches d’anciens mujâhidûn.

    Il fallut se lever tôt car de nombreuses voies étaient interdites à la circulation, et pour atteindre la Grande mosquée aux abords de laquelle avait lieu le défilé des chars, des troupes et des sociétés de gymnastique, nous avons dû marcher longtemps. Le spectacle était à la fois sur terre, dans les airs et sur l’eau dans la baie d’Alger. Un spectacle grandiose avec, à l’évidence la volonté de montrer, en ces temps incertains de menaces aux frontières, la puissance de l’Armée nationale populaire. Une incarnation de l’Algérie triomphante avait titré la veille en première page un quotidien algérois.

    Des dizaines de milliers de personnes, des familles avec leurs enfants et des jeunes, de très, très nombreux jeunes enveloppés dans les couleurs de l’Algérie et souvent de la Palestine. Un public très populaire, bon enfant qui applaudit chaleureusement, avec toutefois quelques sifflets, au passage du président Tebboune et du général Chengriha ouvrant le défile debout dans un Command Car. Le soir, comme lors de chacun de mes séjours à Alger, j’ai reçu mes ami-es à souper à l’Hôtel Suisse.

    Je suis resté un jour de plus que prévu à Alger, ce qui m’a permis d’assister le matin à la passionnante conférence du professeur Fouad Soufi au sujet du 1er novembre 1954 à la librairie El Idjtihad  de la rue  Arezki hamani (ex rue Charras),  et l’après-midi au café-littéraire en présence de l’écrivain Arezki Metref à propos de son roman Rue de la nuit, à la Fondation Asselah, boulevard Zighout Youcef.

    Une nouvelle fois, j’ai quitté l’Algérie à regret tant ce pays m’est cher.

Bernard DESCHAMPS

5 novembre 2024

1-La cellule d'Ahmed Zabana, le premier patriote algérien guilotiné le 19 juin 1956./. 2-Devant la tombe du président Houari Boumediene au cimetière d'El Alia./3-Sur la tombe d'Annie Fiorio-Steiner à El Alia./ 4-La foule au défilé militaire du 1er novembre./5-De gauche à droite: Samir Toumi, BD, Mohamed, Mustapha Chalal/6- Devant les photos de chuhâda à la Zone autonome historique./ La foule tout au long du défilé militaire../
1-La cellule d'Ahmed Zabana, le premier patriote algérien guilotiné le 19 juin 1956./. 2-Devant la tombe du président Houari Boumediene au cimetière d'El Alia./3-Sur la tombe d'Annie Fiorio-Steiner à El Alia./ 4-La foule au défilé militaire du 1er novembre./5-De gauche à droite: Samir Toumi, BD, Mohamed, Mustapha Chalal/6- Devant les photos de chuhâda à la Zone autonome historique./ La foule tout au long du défilé militaire../
1-La cellule d'Ahmed Zabana, le premier patriote algérien guilotiné le 19 juin 1956./. 2-Devant la tombe du président Houari Boumediene au cimetière d'El Alia./3-Sur la tombe d'Annie Fiorio-Steiner à El Alia./ 4-La foule au défilé militaire du 1er novembre./5-De gauche à droite: Samir Toumi, BD, Mohamed, Mustapha Chalal/6- Devant les photos de chuhâda à la Zone autonome historique./ La foule tout au long du défilé militaire../
1-La cellule d'Ahmed Zabana, le premier patriote algérien guilotiné le 19 juin 1956./. 2-Devant la tombe du président Houari Boumediene au cimetière d'El Alia./3-Sur la tombe d'Annie Fiorio-Steiner à El Alia./ 4-La foule au défilé militaire du 1er novembre./5-De gauche à droite: Samir Toumi, BD, Mohamed, Mustapha Chalal/6- Devant les photos de chuhâda à la Zone autonome historique./ La foule tout au long du défilé militaire../
1-La cellule d'Ahmed Zabana, le premier patriote algérien guilotiné le 19 juin 1956./. 2-Devant la tombe du président Houari Boumediene au cimetière d'El Alia./3-Sur la tombe d'Annie Fiorio-Steiner à El Alia./ 4-La foule au défilé militaire du 1er novembre./5-De gauche à droite: Samir Toumi, BD, Mohamed, Mustapha Chalal/6- Devant les photos de chuhâda à la Zone autonome historique./ La foule tout au long du défilé militaire../
1-La cellule d'Ahmed Zabana, le premier patriote algérien guilotiné le 19 juin 1956./. 2-Devant la tombe du président Houari Boumediene au cimetière d'El Alia./3-Sur la tombe d'Annie Fiorio-Steiner à El Alia./ 4-La foule au défilé militaire du 1er novembre./5-De gauche à droite: Samir Toumi, BD, Mohamed, Mustapha Chalal/6- Devant les photos de chuhâda à la Zone autonome historique./ La foule tout au long du défilé militaire../
1-La cellule d'Ahmed Zabana, le premier patriote algérien guilotiné le 19 juin 1956./. 2-Devant la tombe du président Houari Boumediene au cimetière d'El Alia./3-Sur la tombe d'Annie Fiorio-Steiner à El Alia./ 4-La foule au défilé militaire du 1er novembre./5-De gauche à droite: Samir Toumi, BD, Mohamed, Mustapha Chalal/6- Devant les photos de chuhâda à la Zone autonome historique./ La foule tout au long du défilé militaire../

1-La cellule d'Ahmed Zabana, le premier patriote algérien guilotiné le 19 juin 1956./. 2-Devant la tombe du président Houari Boumediene au cimetière d'El Alia./3-Sur la tombe d'Annie Fiorio-Steiner à El Alia./ 4-La foule au défilé militaire du 1er novembre./5-De gauche à droite: Samir Toumi, BD, Mohamed, Mustapha Chalal/6- Devant les photos de chuhâda à la Zone autonome historique./ La foule tout au long du défilé militaire../

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commentaires

L
bonjours BRENARD,toujours aussis volontaire pour retourner faire un voyage vers ce pays que tu aimes tant merci pour les magnifiques photos,plus le deroulement de ton sejour ,fraternelles pensees
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