Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
29 novembre 2024 5 29 /11 /novembre /2024 05:59

 

Pour avoir rappelé les propos et les positions de Boualem Sansal, proches du discours identitaire islamophobe, tout en condamnant son arrestation, le politologue Nedjib Sidi Moussa est la cible d’une vague de haine de la part de la droite et du Printemps Républicain.

L’Humanité

Publié le 28 novembre 2024

Cyprien Caddeo

Bienvenue dans un monde où toute nuance est interdite. Sur France 5, le politologue Nedjib Sidi Moussa, spécialiste des questions algériennes, était invité ce 24 novembre à commenter l’arrestation, à Alger, de l’écrivain Boualem Sansal. Précisant d’emblée que « rien ne justifie cette arrestation », le chercheur s’est permis de rappeler que l’auteur n’était pas non plus  « un homme des Lumières, qui défend les grandes causes », contrairement à ce que certains prétendent.

Certaines sorties de Boualem Sansal proches du discours identitaire islamophobe ont été critiquées. Comme quand en 2018, il accusait le gouvernement français de participer « au plan de conquête de la planète par la soumission de ses habitants à l’islam ». Pour avoir rappelé ce qui relève du factuel, Nedjib Sidi Moussa et à ses côtés l’historien Benjamin Stora, également en plateau, sont au centre d’une tempête médiatique hors de proportion.

Pour avoir simplement expliqué, contextualisé, on les accuse de justifier l’arrestation de Sansal. « Abjection », « honte ineffaçable », « obscénité » : la droite et le Printemps républicain ont sorti leur dictionnaire de synonymes des plus mauvais jours pour attaquer les chercheurs. L’hebdomadaire Marianne écrit que « Boualem Sansal a été exécuté par des petits procureurs médiatiques », quand le dessinateur du Point Xavier Gorce évoque, à propos de Nedjib Sidi Moussa, un « égorgeur en puissance ».

Plusieurs historiens, dont Mathilde Larrère et Alain Ruscio, ont signé une tribune de soutien à leur confrère universitaire dans Mediapart. Ils y dénoncent une rhétorique qui vise à  « assimiler tous les hommes d’origine algérienne qui montreraient un peu de nuance dans leur propos à un terroriste islamiste en puissance ».

_____________________________________

Pour mémoire : le 17 décembre à 18 h. au Prolé à Nîmes, 20, rue Jean Reboul, Rencontre-signature autour de mon nouveau livre Chroniques algériennes, 2020-2024 », préfacé par Jacques Fath, ancien responsable du secteur international du PCF (2006-2013)

B.D

Partager cet article
Repost0

commentaires

S
Boualem Sansal (bis) : Libérez-le !<br /> <br /> Je tiens à le réaffirmer haut et fort : Boualem Sansal doit être libéré. Je suis contre toute atteinte à la liberté d'expression. Je reste fidèle à l'esprit de Voltaire qui écrivit en 1770 à l'abbé Le Riche : "Monsieur l’abbé, je déteste ce que vous écrivez, mais je donnerai ma vie pour que vous puissiez continuer à écrire. " Jadis, en tant que communiste (je ne le suis plus), je me battais pour que des hommes comme Alexandre Soljetnitsyne ou Vaclav Havel puissent dire ce qu'ils avaient à dire même si je ne ressentais pas les choses comme eux. En second lieu, les qualités littéraires de M. Sansal comme celles de Soljetnitsyne ou du dramarturge tchèque ne sont pas à mettre en doute. Le gouvernement algérien s'en tient à la lettre de la loi. Mais la loi n'est pas intelligente. Elle reflète ce que les hommes d'une époque éprouvaient plus fortement qu'à présent. L'Algérie est désormais une nation et elle est indépendante. Elle a donc une certaine force. Elle peut donc se permettre d'avoir un Boualem Sansal qui exprime des points de vue que son peuple ne partage pas. Elle pourrait ouvrir sur ces idées-là un réel débat. Mais le pouvoir craint ce débat. Parce que ce débat montrerait à quel point les Algériens on besoin de mieux connaître et de mieux comprendre leur propre histoire. Il pourrait mettre un terme à toutes ces manipulations idéologiques dont se sert continuellement le pouvoir algérien. A travers le premier roman de M. Sansal, j'évoquais hier les choix économiques faits par l'Algérie indépendante. Je les comprends : Cependant, je crois qu'il faut les observer avec un regard bienveillant mais toujours critique. J'y reviendrais ultérieurement. Je tiens cependant à conclure sur une idée du raïs Boumediene qui affirmait : "Nous sommes tributaires d'un modèle économique, nous devons faire avec. Ce n'est pas nous - il parlait des pays en voie de développement, les pays anciennement assujettis à l'impérialisme (ou au colonialisme) - qui l'avons inventé. " Les propos de M. Sansal sont une occasion rêvée pour ouvrir les vannes d'une discussion sur l'histoire de l'Algérie d'avant et d'après l'Indépendance. Aussi, M. Sansal doit être libéré au préalable. Cependant, je ne me fais nulle illusion : le pouvoir algérien n'y est guère disposé. Il "coffre" c'est l'unique chose qui le rassure. Il craint autant M. Sansal que ses contradicteurs. Et, peut-être, même plus ces derniers que la personnalité marginale de M. Sansal.
Répondre

Présentation

  • : ww.bernard-deschamps.net
  • : Blog consacré pour une grande part aux relations entre l'Algérie et la France.
  • Contact

Recherche

Pages

Liens