Pour avoir rappelé les propos et les positions de Boualem Sansal, proches du discours identitaire islamophobe, tout en condamnant son arrestation, le politologue Nedjib Sidi Moussa est la cible d’une vague de haine de la part de la droite et du Printemps Républicain.
L’Humanité
Publié le 28 novembre 2024
Cyprien Caddeo
Bienvenue dans un monde où toute nuance est interdite. Sur France 5, le politologue Nedjib Sidi Moussa, spécialiste des questions algériennes, était invité ce 24 novembre à commenter l’arrestation, à Alger, de l’écrivain Boualem Sansal. Précisant d’emblée que « rien ne justifie cette arrestation », le chercheur s’est permis de rappeler que l’auteur n’était pas non plus « un homme des Lumières, qui défend les grandes causes », contrairement à ce que certains prétendent.
Certaines sorties de Boualem Sansal proches du discours identitaire islamophobe ont été critiquées. Comme quand en 2018, il accusait le gouvernement français de participer « au plan de conquête de la planète par la soumission de ses habitants à l’islam ». Pour avoir rappelé ce qui relève du factuel, Nedjib Sidi Moussa et à ses côtés l’historien Benjamin Stora, également en plateau, sont au centre d’une tempête médiatique hors de proportion.
Pour avoir simplement expliqué, contextualisé, on les accuse de justifier l’arrestation de Sansal. « Abjection », « honte ineffaçable », « obscénité » : la droite et le Printemps républicain ont sorti leur dictionnaire de synonymes des plus mauvais jours pour attaquer les chercheurs. L’hebdomadaire Marianne écrit que « Boualem Sansal a été exécuté par des petits procureurs médiatiques », quand le dessinateur du Point Xavier Gorce évoque, à propos de Nedjib Sidi Moussa, un « égorgeur en puissance ».
Plusieurs historiens, dont Mathilde Larrère et Alain Ruscio, ont signé une tribune de soutien à leur confrère universitaire dans Mediapart. Ils y dénoncent une rhétorique qui vise à « assimiler tous les hommes d’origine algérienne qui montreraient un peu de nuance dans leur propos à un terroriste islamiste en puissance ».
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Pour mémoire : le 17 décembre à 18 h. au Prolé à Nîmes, 20, rue Jean Reboul, Rencontre-signature autour de mon nouveau livre Chroniques algériennes, 2020-2024 », préfacé par Jacques Fath, ancien responsable du secteur international du PCF (2006-2013)
B.D