Le 16e sommet des BRICS s’est tenu à Kazan sur les bords de la Volga en Russie du 22 au 24 octobre. C’était la première réunion depuis l'élargissement en 2023, avec l'arrivée de l'Égypte, de l'Iran, des Émirats arabes unis, de l'Éthiopie, et l’adhésion de l’Algérie à la Nouvelle banque de développement du groupe.
L’adhésion de l’Algérie à la New Development Bank-NDB, a été en effet officiellement approuvée, lors de la réunion annuelle du Conseil des gouverneurs de cette institution, le samedi 31 août 2024 à Cape Town (Afrique du Sud).
La décision avait été confirmée par la présidente de la NDB, Mme Dilma Rousseff, lors d'une conférence de presse organisée à l'issue des travaux du Conseil des gouverneurs.
Le président Tebboune avait salué cette décision comme «une opportunité stratégique pour diversifier les sources de financement et renforcer la coopération Sud-Sud». (1)
« En adhérant à «cette importante institution de développement, bras financier du groupe des BRICS, l’Algérie franchit une étape majeure et un tournant décisif dans son processus d’intégration au système financier mondial » », a écrit le 1er septembre le quotidien El moudjahid. C’est également l’opinion émise le 3 septembre par la radio Beur FM : « L'Algérie vient de franchir une étape importante dans sa stratégie économique internationale en rejoignant officiellement la Nouvelle Banque de Développement (NBD) ».
Créée en 2015, la NDB est une banque multilatérale de développement, dont la mission principale est de mobiliser des ressources pour financer des projets de développement durable dans les marchés émergents et les pays en développement. C’est une réponse à l'hégémonie des institutions financières occidentales.
« Cette adhésion va, selon le ministère algérien des Finances, offrir au pays, premier exportateur africain de gaz naturel, de "nouvelles perspectives pour soutenir et renforcer son essor économique à moyen et long termes ». (2)
Dans une interview accordée à TSA le 2 septembre, Brahim Guendouzi, Professeur d’économie à l’université de Tizi-Ouzou, indique : le groupe des BRICS "promet d’être le grand défenseur du « Sud global », et ce, dans un contexte d’insatisfaction généralisée à l’égard de l’ordre économique mondial dominé par l’endettement public et par le dollar […] L’Algérie partage la même vision que les BRICS en matière de gouvernance de l’économie mondiale dominée par les institutions de Bretton Woods, en l’occurrence le FMI et la Banque mondiale. »
Rappelons qu' « En 2004, elle (l’Algérie, ndlr) décide de se lancer dans le remboursement anticipé de ses dettes » (3). Le processus s’est accéléré 2006. Selon MondeAfrique du 23 août 2024, la dette extérieure de l’Algérie était de 1,5% de son PIB (produit intérieur brut) à la date du 15 mai 2024.
« l’Algérie pourrait bénéficier d’un premier prêt de 1,2 milliard de dollars, pour moderniser ses infrastructures portuaires et ferroviaires, des projets essentiels pour améliorer la compétitivité du pays sur les marchés internationaux. L’adhésion à la Banque des BRICS permet également à l’Algérie de renforcer ses partenariats économiques avec les membres du bloc notamment la Chine et l’Inde, qui sont déjà des partenaires commerciaux majeurs. En 2023, les échanges commerciaux entre l’Algérie et les BRICS représentaient 26% du commerce extérieur algérien, avec un volume total de 18,4 milliards de dollars. Cette adhésion pourrait ainsi ouvrir de nouvelles opportunités pour les entreprises algériennes en termes d’exportations et de co-investissements. » (4)
Bernard DESCHAMPS
24 octobre 2024
1-El moudjahid, le 1er septembre 2024
2-Ibidem
3- CADTM. L’Algérie se désendette, mais à quel prix ? par Olivier Bonfond, 17 septembre 2006
4-El moudjahid, 1er septembre 2024