Gilberte et William chez eux, dans leur cuisine à Villejuif où ils habitent depuis 1994, ayant dû à contrecœur quitter l’Algérie en raison des menaces du FIS. Comme si nous étions reçus chez eux dans leur intimité.
    Ce film écrit et réalisé par Jean Asselmeyer et Sandrine Malika-Charlemagne, évoque avec chaleur ce couple de militants au passé héroïque qui est resté d’une étonnante simplicité, témoignant d’un enthousiasme juvénile en dépit de leur âge, William Sportisse aura 101 ans cette année. Film d’autant plus émouvant que Gilberte nous a quittés en 2021.
 Combattants pour l’indépendance de l’Algérie, ils ont connu les sévices et la prison. Au fil de leurs témoignages jamais grandiloquents, toujours modestes, et des interventions d’historiens tels Pierre-Jean Le Foll-Luciani et Alain Ruscio, d’acteurs et de témoins de cette époque cruelle comme Zoheir Bessa, le directeur de l'emblématique journal Alger républicain, et des mots pleins de tendresse de Michel le fils de William, défile sous nos yeux l’histoire du Parti communiste algérien avec laquelle leur vie se confond. Avec pudeur est évoquée la personnalité et le rôle éminent que joua le premier mari de Gilberte, Taleb Bouali, membre du comité central du PCA, mort au maquis. William qui deviendra un dirigeant national du PCA, était par sa famille de confession juive et c’est la colère que lui inspirait la misère du peuple algérien sous le joug colonial et l’exemple de son frère Lucien assassiné par les nazis qui sont à l’origine de son engagement. Gilberte, pour sa part adhéra au PCA lorsqu’elle apprit que celui-ci  se prononçait pour l’indépendance de l’Algérie.      C’est une belle leçon d’histoire illustrée de magnifiques images de l’Algérie, notamment d’Alger et de Constantine et des maquis où crapahutaient les mujâhidûn.
  Merci Malika et Jean pour cette belle, émouvante et utile réalisation.
Bernard DESCHAMPS