La Cour constitutionnelle a rendu publics samedi 14 septembre les résultats définitifs de l’élection présidentielle du 7 septembre. Le président sortant Abdelmadjid Tebboune a été déclaré élu avec une majorité de 84,3% des suffrages exprimés. Le taux de participation a été de 46,1% contre 39, 51% en 2019, sur un corps électoral de 24.551.351 électeurs inscrits.
7.976.291 électeurs ont voté pour Abdelmadjid Tebboune, soit 84,3% des suffrages exprimés. Ses deux adversaires, Abdelâali Hassani (MSP, tendance Frères musulmans) et Youcef Aouchiche (Front des forces socialistes, en rupture avec le Pacte pour une alternative démocratique), ont obtenu respectivement 904.624 voix (9,56%) et 580.495 voix (6,14%).
Le président de la Cour constitutionnelle a précisé que 11.226.065 électeurs en Algérie et à l’étranger ont voté, dont 9.461.428 bulletins ont été validés. Le nombre de bulletins nuls étant de 1.764.637.
Ces chiffres sont sensiblement différents de ceux indiqués le 8 septembre par M. Mohamed Charfi, le président de l’ANIE (Autorité nationale indépendante des élections) qui avait annoncé le président sortant élu avec 5.329.253 voix et 94,65% des suffrages exprimés, ses adversaires ayant obtenu, Abdelaali Hassani 178.797 voix (3,17%) et Youcef Aouchiche 122.146 voix (2,16%).
Fait sans précédent, ces chiffres avaient été contestés par les trois candidats - A. Tebboune compris - et ils avaient fait l’objet d’un recours des deux opposants.
Le président Tebboune est mieux élu qu’en 2019 avec 26,17% % et 3 028 768 voix de plus, et une participation certes en progression mais inférieure à 50%, ce qui signifie que plus de la moitié du corps électoral n’a pas jugé utile de se déplacer pour exprimer son opinion.
La méfiance à l’égard des élections vient de loin. Celles-ci ont en effet été substituées de façon autoritaire à un ancien fonctionnement démocratique basé sur les assemblées de douars (jamâ’a) et les fraudes de la période coloniale ont laissé de durables souvenirs. L’incroyable cafouillage intervenu à l’occasion de cette présidentielle n’est pas de nature à les crédibiliser. Depuis l’indépendance, certains scrutins ont cependant été très suivis. L’actuelle désaffection a des raisons politiques. Les résultats sont le reflet de la politique contradictoire du président Tebboune, caractérisée par les gages donnés au capitalisme mondialisé, une répression aggravée des opposants politiques et par quelques mesures sociales bien accueillies par une partie de la population. (lire plus haut à ce sujet : Ce que nous dit de l’Algérie son budget pour 2024 et Etat de l’Algérie, début 2024).
Sans attendre d’éventuelles rectifications, le président Macron, sans doute pour tenter de faire oublier son soutien à la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, s’était empressé dès le 8 septembre de publier le communiqué suivant : « Le Président de la République adresse au Président Abdelmadjid Tebboune ses plus vives félicitations pour sa réélection à la présidence de la République Algérienne Démocratique et Populaire le 8 septembre 2024, ainsi que ses meilleurs vœux de succès. »
Les médias algériens font état de nombreux messages de félicitations émanant de chefs d’Etats : d’Azerbaïdjan, de Biélorussie, de Chine, de Corée, d’Egypte, d’Irak, du Japon, du Niger, de Russie, de Serbie, etc, ainsi que du Hamas (Palestine).
BD, 15 septembre 2024