El Moudjahid
« Sur les 16 prétendants qui avaient déposé des dossiers le 18 juillet dernier, seuls trois ont réussi à passer l’écueil des signatures ou des parrainages. Il s’agit, par ordre de dépôt de dossiers, le 18 juillet, du candidat du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abdelâali Hassani Cherif, qui avait remis 87.686 formulaires de souscriptions individuels d’électeurs, répartis sur 50 wilayas, et 2.021 parrainages d’élus, répartis également sur 50 wilayas. Après vérification par les différentes commissions de l’ANIE durant la semaine, il a été dénombré exactement 79.782 formulaires de souscriptions individuelles d’électeurs, dont 9.654 ont été refusés, pour divers motifs. Pour les parrainages, il y avait exactement, après vérification, 1.986 formulaires légalisés, dont 35 annulés.
Le deuxième candidat à réussir le cap des siganatures est Youcef Aouchiche, du Front des forces socialistes(FFS). Celui-ci avait remis, à l’ANIE, 1.274 parrainages d’élus, répartis sur 31 wilayas du pays. Après étude de son dossier par les membres des commissions de l’ANIE et vérification des souscriptions d’élus, sur les 1.257 parrainages retrouvés, 1.250 ont été acceptés et 7 refusés.
Enfin, le troisième prétendant retenu est le candidat libre Abdelmadjid Tebboune. Grâce au soutien de plusieurs partis politiques, comme le FLN, le RND, le Front Al-Moustakbal, le mouvement Al-Bina , Sawt Echaâb, le FAN, Taj, Talaiou El-Houriat et Al-Karama, entre autres, et plusieurs autres organisations de la société civile, le candidat avait remis, jeudi dernier, pas moins de 482.533 formulaires de souscriptions d’électeurs, répartis sur les 58 wilayas du pays et même de la diaspora à l’étranger, et 18.600 parrainages d’élus, issus également des 58 wilayas du pays et de la diaspora. Après vérification, et toujours selon les détails fournis par Mohamed Charfi, il a été retenu 416.320 formulaires d’électeurs, alors que 66.213 ont été refusés ; et pour les parrainages, au final, ils étaient 18.095 validés et 505 annulés.
Les trois candidats ont satisfait à l’une ou aux deux conditions exigées par la loi, à savoir recueillir au moins 50.000 signatures d’électeurs, répartis sur au moins 29 wilayas, avec, pour chaquewilaya, un minimum de 1.200 signatures d’électeurs, ou 600 parrainages d’élus locaux et nationaux, répartis également sur au moins 29 wilayas, mais sans exiger un seuil de parrainages des élus.
48 heures, ultime recours pour les 13 autres prétendants
Tous les autres prétendants, à l’instar de Belkacem Sahli de l’Alliance nationale républicaine (ANR), qui s’est présenté au nom d’une coalition de 7 partis politiques «Stabilité et réformes», éliminé (649 parrainages déclarés et 539 parrainages retrouvés au final par la commission de vérification), de Saïda Neghza, candidate libre (780 parrainages d’élus déclarés, contre 566 au final), pour ne citer que ceux-là, ou encore Tarek Zeghdoud du Rassemblement algérien (RA), Chaâbi Salem, Laâyadi Belabbès, Zoubida Assoul, Hammadi Abdelkrim, Raouf Aïb, Ahmed Gouraya, du Front de la jeunesse démocratique pour la citoyenneté ( FJDC), Bouamrioune Slimane, Hebbal Kamal, Chekkar Amar et Hichem Baba Ahmed ; tous ces prétendants ont été disqualifiés car, toujours selon les explications données par le président de l’ANIE, n’ayant pu réunir le nombre requis de signatures individuelles d’électeurs ( 50.000 dans au moins 29 wilayas du pays, avec un minimum de 1.200 signatures, pour chaque wilaya), ou de parrainages d’élus (600 parrainages des élus des APC, des APW, députés et sénateurs).
Les 16 dossiers de candidatures ont été remis à la Cour constitutionnelle. Et les prétendant disqualifiés ont 48 heures, à partir de la date de notification de leur élimination par l’ANIE, soit entre jeudi et samedi, pour introduire des recours auprès la Cour constitutionnelle. Cette dernière dispose de 7 jours, pour rendre son verdict final et irrévocable, soit dimanche 3 août prochain.[…] Yazid Yahiaoui
* ANIE, Autorité nationale indépendante des élections
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La Cour constitutionnelle entame l’examen des dossiers
La Cour constitutionnelle a entamé, suite à l’annonce de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) de la liste préliminaire des candidats à la présidentielle du 7 septembre prochain, l’examen des dossiers des candidats et le traitement des recours dans un délai de 7 jours, au maximum, avant d’annoncer la liste définitive des candidats. »
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EN ALGERIE, UN PRESIDENT ET DEUX FIGURANTS POUR UNE ELECTION JOUEE D’AVANCE
Le Monde (France)
Par Karim Amrouche (Alger, correspondance)
Publié le 26 juillet 2024
« En Algérie, seuls trois candidats sur les seize prétendants ont été retenus par l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) en vue de l’élection présidentielle prévue le 7 septembre. Le président sortant et grand favori Abdelmadjid Tebboune, Abdelali Hassani Cherif, candidat du Mouvement de la société pour la paix (MSP, islamiste), et Youcef Aouchiche pour les Front des forces socialistes (FFS) ont vu, jeudi 25 juillet, leur dossier avalisé avant validation par le Conseil constitutionnel. Les treize candidats recalés ont 48 heures pour introduire un recours.
Souvent inconnus du grand public, ceux-ci ont pour la plupart été éliminés de la course présidentielle faute d’avoir recueilli le nombre de parrainages nécessaires prévu par la loi électorale. Parmi eux, deux femmes, Saida Neghza, dirigeante de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), et Zoubida Assoul, à la tête de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), auraient pu offrir une maigre possibilité d’ouverture d’un débat dans une Algérie où la vie publique a disparu sous l’effet de la répression contre les militants du mouvement du Hirak et de la mise au pas des médias.
L’insurmontable collecte des signatures
Alors que la campagne s’ouvre officiellement le 15 août, Saida Neghza a dénoncé jeudi 25 juillet une « fraude » de l’ANIE et annoncé qu’elle déposerait un recours. Connue pour son franc-parler, elle avait osé, en septembre 2023, dans une lettre au président Tebboune, dénoncer l’existence, en dehors de tout cadre légal, d’un comité interministériel qui, selon elle, « persécutait » les chefs d’entreprise. Saïda Neghza avait ensuite quitté plusieurs mois le pays avant de revenir et de se porter candidate.
Plus politique, Zoubida Assoul est une ancienne magistrate, engagée dans la défense des militants du Hirak emprisonnés, souvent pour de simples posts sur les réseaux sociaux, qui considère que le « boycott n’arrange que les tenants du pouvoir ». Elle doit s’exprimer samedi dans une conférence de presse.
La collecte des signatures est souvent une épreuve insurmontable pour les candidats. Ceux-ci doivent recueillir les signatures de 600 élus ou de 50 000 électeurs également répartis sur 29 wilayas (départements). Naim Khemmar, militant de l’UCP a expliqué sur Facebook, sur la base de son expérience à la wilaya d’Oum Bouaghi, qu’une des principales difficultés dans la collecte de signatures est « la peur des citoyens des conséquences d’une signature pour un candidat opposé au pouvoir, d’autant plus que la signature est devenue numérisée ».
L’« indépendant » Abdelmadjid Tebboune
Si les recours sont infructueux, la présidentielle du 7 septembre opposera donc l’« indépendant » Abdelmadjid Tebboune, 78 ans, à Abdelali Hassani Cherif, 57 ans, et à Youcef Aouchiche, 41 ans. Nul ne croit en Algérie que ces deux derniers puissent créer la moindre surprise ou même atténuer l’abstention. Leur présence permet au régime d’exciper d’une forme sommaire de « représentation » des courants politiques présents dans le pays.[…]
Karim Amrouche (Alger, correspondance)
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LOUISA HANOUNE EVOQUE « DES MENACES ET DU CHANTAGE ».
Jeune Afrique
Publié le 23 juillet 2024
‘Désormais ex-prétendante à la magistrature suprême, Louisa Hanoune s’est retirée officiellement de la course, le 13 juillet dernier. Elle a échoué à récolter les 50 000 signatures individuelles d’électeurs inscrits sur une liste électorale, nécessaires au dépôt d’un dossier. Mais ce qu’elle n’avait pas encore précisé, c’était pour quelles raisons et dans quelles conditions elle n’était pas parvenue à obtenir les parrainages nécessaires. Une semaine plus tard, le 20 juillet, elle est donc revenue sur la situation.
« Une caporalisation effrayante des assemblées élues »
Pour la candidate trotskiste, si ses équipes n’ont pas pu récolter les signatures nécessaires dans les délais imposés par la loi, c’est à cause de « l’échec total du dispositif numérisé d’intranet appliqué de façon chaotique dans les assemblées populaires communales (APC), aggravé par l’absence de moyens humains et matériels, combiné avec des défaillances répétitives épouvantables de la plate-forme numérique de l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie) au niveau du fichier électoral ».
Faute de parrainages citoyens, le parti s’est ensuite tourné vers la collecte de 600 signatures des élus de différentes assemblées et répartis à travers 29 wilayas. L’autre choix donné aux différents candidats pour remplir les conditions d’éligibilité. Elle a sollicité en priorité les élus indépendants, considérant que ceux qui sont issus des partis de l’alliance présidentielle réserveraient leurs signatures au président-candidat. Et ne sollicitant ni le Front des forces socialistes (FFS) ni le Mouvement pour la société de la paix (MSP), qui ont leur propre postulant au scrutin présidentiel.
Une démarche qui a d’abord semblé porter ses fruits. Selon Louisa Hanoune, 850 élus indépendants répartis sur 51 wilayas ont donné leur accord pour lui accorder leurs parrainages « avant qu’un ordre leur soit donné » de faire marche arrière. « Ce qui en soi traduit une caporalisation effrayante des assemblées élues par l’administration à différents niveaux », dénonce le Parti des travailleurs (PT). « La majorité de ceux qui avaient pris l’engagement de parrainer notre candidature se sont rétractés en s’excusant, avec gêne, sans pour autant donner de raisons, alors qu’il a été établi que des élus de partis qui soutiennent la candidature du président de la République et des indépendants ont été autorisés, voire encouragés, à donner leurs parrainages à d’autres candidats, en difficulté », poursuit le parti trotskiste.
La patronne du parti des travailleurs, qui avait été déjà candidate aux scrutins présidentiels de 2004, 2009 et 2014, conclut qu’un véritable blocus a été dressé autour de sa candidature, sans en expliquer les raisons. L’interdiction de la parrainer est-elle venue des formations politiques elles-mêmes ? Des autorités ? Prudente, Louisa Hanoune ne souhaite pas accuser l’État ou ses institutions de lui avoir barré la route, et n’en dit donc pas plus.
Lors de l’annonce de son retrait, elle a tout de même évoqué « des conditions injustes », un « cadre législatif antidémocratique » et a affirmé « refuser de faire partie d’une opération électorale, qui ne consacre pas la liberté totale de candidature sans exclusion ». Son parti ne participera d’ailleurs pas au processus de vote du prochain scrutin présidentiel […]
Jeune Afrique