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23 juillet 2024 2 23 /07 /juillet /2024 19:35

(Dernière mise à jour et complément le 23 juillet 2024 à 21h.)

Emmanuel Macron, le fondé de pouvoir de la finance internationale bien que son influence ait reculé dans l’opinion publique et qu'il soit minoritaire, retrouve, en alliance avec la droite traditionnelle, une majorité relative à l’Assemblée nationale pour faire élire  la présidente sortante  cependant  minoritaire au sein du bureau.

   L’extrême-droite continue de progresser mais elle est contenue grâce  à l’union des partis de gauche et au « barrage » républicain ».

   Les partis de gauche, FI, PS, Ecologistes, PCF qui ont réussi à s’unir face au danger de l’extrême-droite, progressent également et deviennent le premier « bloc » de députés à l’Assemblée nationale, mais tardent  à se mettre d’accord sur  une proposition de Premier ministre.*

  Le rapport des forces politiques tel qu’il ressort  du premier tour des élections législatives auxquelles ont participé 66,71%  % des électeurs, est le suivant :

- Rassemblement national et satellites : 33,22%

- Ensemble de la gauche : 30,8% dont 27, 99% pour le Nouveau front populaire.

- Macronie et droite traditionnelle : 23, 7%

   Ne sous-estimons pas la victoire que constitue, grâce à l’union,  le coup d’arrêt imposé à l’extrême-droite qui ambitionnait de devenir majoritaire à l’Assemblée nationale, mais soyons conscient qu’elle continue de progresser.

   La gauche unie a démontré sa capacité mobilisatrice, mais elle représente  moins du 1/3 du corps électoral, les 2/3 étant constitués de la droite et de l’extrême-droite. Et dans cet ensemble, le remarquable résultat d’André Chassaigne dans le vote pour l’élection du président de l’Assemblée nationale, ne doit pas nous cacher que le PCF représente nationalement moins de 2,5 % des suffrages exprimés.

   Au-delà des aspects tactiques, la vraie question qui nous est posée est donc : comment regagner la confiance du peuple de France ?

L’urgence

   Bloquer la progression de l’extrême droite passe par une vigoureuse bataille idéologique et par la satisfaction des besoins populaires notamment en matière de pouvoir d’achat, de régimes des retraites, de politiques de santé, de logement, de l’enseignement…Seul y répond le programme du Nouveau front populaire. Il est donc urgent pour celui-ci de proposer le nom d’un futur Premier ministre * qui, émanant du « bloc » le plus nombreux, devra être accepté par le président de la République. Le contraire constituerait un coup de force  institutionnel.

Quelle ligne politique doit se donner le PCF ?

   En nous appuyant sur  le corps de doctrine du marxisme qui nous permet d’analyser la société de façon scientifique, il nous faut pousser l’étude de l’état de la France, des changements intervenus ces dernières décennies  et de sa situation dans le monde afin de proposer des solutions qui répondent aux besoins et aux aspirations légitimes de nos concitoyens aujourd’hui. Et nous devrons à la fois prendre des initiatives d’actions pour arracher des points d’appui, des succès,  certes partiels avec en perspective l’instauration  du communisme, tout en conduisant  une intense bataille politique et idéologique contre les idées réactionnaires et les fausses solutions. L’action spécifique du PCF et les initiatives pour l’union des forces démocratiques sont inséparables. Ce n’est pas l’une ou l’autre, ou l’une après l’autre, mais l’une et l’autre. Donc, ni repli sectaire ni ralliement, soyons les  artisans de l’union pour des changements démocratiques, sociaux et environnementaux.

Au plan des institutions

    Il est urgent de mettre un terme au régime présidentiel dans lequel nous vivons depuis 1958 et qui dépossède les citoyens de leur pouvoir; de réinstaurer le scrutin proportionnel pour  toutes les élections afin que les assemblées soient représentatives de la diversité des opinions ; et de donner aux assemblées élues les pleins pouvoirs de décisions.

     Or, à l’occasion de cette élection législative qui n’a donné la majorité absolue à aucun parti politique, monte avec force  et  virulence le reproche qu’elle soit « ingouvernable » Attention danger ! C’est une idée qui prend dans l’opinion publique conditionnée par 66 ans de pouvoir personnel du président de la République. Au scrutin proportionnel que nous souhaitons, aucun parti n’aurait à lui seul la majorité. Je retrouve aujourd’hui l’un des arguments qui ont permis d’instaurer la 5e République : l’instabilité du régime parlementaire de la 4e République, alors que c’est sous ce régime que furent adoptées plusieurs des mesures du programme  du Conseil national de la résistance : la sécurité sociale, les nationalisations, le statut de la fonction publique…qui répondaient à une attente populaire. Ce  furent les politiques impopulaires, notamment les guerres coloniales qui provoquèrent l’instabilité et  la valse des gouvernements de la 4e République, et non le régime parlementaire qui ne fit que traduire ce mécontentement.

Mettons à profit le sursis que nous venons d’arracher dans les urnes

    La finance a deux fers au feu, le macronisme et l’extrême-droite. Celle-ci en progression est à la porte du pouvoir. De la politique que nous serons capable d’impulser dépend pour une grande part le succès ou l’échec en 2027 (ou avant) des héritiers du tortionnaire Le Pen et des vichystes de 1940.

Bernard DESCHAMPS

22 juillet 2024

* Ce soir 23 juillet 2024, le Nouveau Front Populaire propose Mme Lucie Castets pour le poste de Premier ministre.

 

 

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commentaires

L
BERNAR,SODOL,merci a vous deux, vos explications me permettent de mieux comprendre ,d'analyser ,la s<br /> <br /> situation politique actuelle ,,amicalement DANIELE LAURENT
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S
Avec toute mon amitié.
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S
Permets-moi Bernard de publier en réponse à tes réflexions personnelles la tribune parue dans le club de Médiapart. Je partage totalement l'analyse de cette tribune sur la réalité du néolibéralisme qui correspond à la phase du capitalisme depuis les années 80.<br /> <br /> L'illusion du compromis<br /> ><br /> > Cette tribune collective a été écrite avant que nous apprenions la proposition faite à Laurence Tubiana pour devenir première ministre. Elle ne doit donc pas être lue comme une opposition à sa nomination. Elle veut simplement montrer l’illusion qu’il y aurait à croire qu’il suffirait que les bonnes volontés se rassemblent pour résoudre nos problèmes.<br /> <br /> Pierre Khalfa Ancien coprésident de la Fondation Copernic, membre du Conseil scientifique d'Attac.<br /> Une tribune parue dans Le Monde propose de « tendre la main aux autres acteurs du front républicain pour discuter d’un programme d’urgence républicaine et d’un gouvernement correspondant ». En clair, il s’agit de bâtir une alliance avec tout ou partie des macronistes et de la droite dite « républicaine ». Cette perspective semble au premier abord de bon sens. Dans une situation de blocage telle que celle que nous connaissons, il faut chercher des compromis. La question est de savoir ce que l’on entend par compromis.<br /> <br /> Il faut pour cela revenir sur la transformation radicale du paysage politique qu’a entrainée le passage du « capitalisme fordiste » au néolibéralisme financiarisé. Le type de capitalisme mis en place après la Seconde Guerre mondiale reposait sur un compromis entre le travail et le capital avec un partage des gains de productivité dans un contexte général de croissance forte, un contrôle étroit de la finance, avec pour conséquence de limiter son emprise. Comme le disait André Bergeron, secrétaire général de FO, à l’époque « il y a toujours du grain à moudre ». Le rapport de forces déterminait la hauteur du compromis : plus ou moins d’augmentation de salaire, de congés payés, d’extension de la sécurité sociale, etc.<br /> <br /> Cette situation change à partir du début des années 1980. Avec le déploiement du capitalisme néolibéral financiarisé, les entreprises deviennent guidées par la seule logique financière et visent à maximiser « la création de valeur pour l’actionnaire ». Le chômage et la précarité ont grandi, pendant que la part des salaires dans le PIB stagnait, après une chute brutale due au « tournant de la rigueur » en 1983. Dès lors, les rachats d’actions et la part des dividendes dans le PIB explosent et les profits sont détournés de leur emploi productif : en un demi-siècle, la part de l’investissement nouveau a été divisée par deux. L’emploi est devenu, dans ce cadre, une variable d’ajustement, de même que l’investissement, pourtant justification historique que se donnait à lui-même le capitalisme.<br /> <br /> Dans cette situation, le compromis antérieur vole en éclats. Avec le triomphe du néolibéralisme, il ne s’agit plus de bâtir un compromis entre le travail et le capital, ou plutôt le sens même du mot compromis change. Il s’agit de contraindre le salariat à accepter des transformations du capitalisme ayant en toile de fond un substrat idéologique qui s’impose dans le débat public : croyance en l’efficience des marchés financiers et du libre-échange généralisé, discrédit de l’industrie, nécessité de baisser le coût du travail, etc. L’évolution du macronisme vers la droite s’explique à l’aune de cette analyse. Le dépassement du clivage gauche/droite prôné à ses débuts n’a pas résisté aux impératifs de la valeur actionnariale. D’où, l’amoncellement des mesures anti-sociales prises par E. Macron, avec pour conséquence une dérive xénophobe et sécuritaire, et les entraves à l’État de droit l’accompagnant, qui détourne le ressentiment des classes populaires.<br /> <br /> D’où la question qu’il faut poser à toutes celles et ceux qui aujourd’hui parlent de compromis avec tout ou partie des macronistes. De quoi parlent-ils ? Au-delà de l’emploi du mot République, quelle est la nature du compromis qu’ils défendent ? Prenons le problème de la dette publique : la droite et les macronistes, toutes sensibilités confondues, prônent une réduction massive de la dépense publique, ce qui signifie une cure d’austérité continue ; pour le Nouveau Front populaire (NFP), c’est la dépense publique qui, en répondant aux besoins sociaux et en finançant la bifurcation écologique, créera une dynamique économique permettant de diminuer la part de la dette dans le PIB. Quel compromis peut-il y avoir entre deux logiques aussi opposées ? De toute évidence aucun. On pourrait multiplier les exemples.<br /> <br /> C’est pourquoi la comparaison avec le gouvernement d’Union nationale mis en place à la Libération est fallacieuse. Au-delà même d’une situation politique radicalement différente, il y avait à l’époque un consensus des partis composant ce gouvernement pour sortir du libéralisme économique car il fallait reconstruire le pays. Cela a permis la création de la Sécurité sociale, les nationalisations, la mise en place d’un « circuit du Trésor » et d’une justice plus humaine (droit des mineurs, des étrangers…). Rien de comparable aujourd’hui. La logique économique et sociale portée par l’ensemble du NFP est refusée par les autres forces politiques. Aussi, pour le NFP, abandonner ses objectifs le ferait retomber dans les ornières qui ont été celles de la gauche au gouvernement et ont failli la faire disparaître. Un gouvernement de coalition amènerait inévitablement une des deux parties, non pas à renoncer simplement à telle ou telle mesure par nécessité de compromis, mais à adopter la logique économique de l’autre partie. Enfin, sur le plan strictement politique, est-ce sensé de mettre en place une combinaison politique pour laquelle nos concitoyen.es n’ont pas voté et contourner ainsi le verdict des urnes ? Une telle solution, faisant éclater inévitablement le NFP, ferait du RN la seule alternative.<br /> <br /> Un « programme d’urgence républicaine » suppose une rupture claire avec la politique menée depuis des décennies et c’est un gouvernement du NFP, coalition arrivée en tête des législatives, qui doit la conduire. Comment empêcher qu’une alliance de la droite, des macronistes et du RN ne le censure ? Face au blocage et au déni du Président, il faut développer le rapport des forces en s’appuyant sur le mouvement social et la société civile qui attendent ces mesures. Déjà, des appels se multiplient pour développer des associations locales du NFP. De son côté, le mouvement syndical s’exprime et manifeste pour rappeler les urgences sociales et dénoncer le hold-up démocratique qui s’annonce. De nombreuses associations font de même. C’est une coopération étroite avec la société civile qu’il faut inventer. Elle n’est pas inédite. En 1936, c’est la mobilisation sociale qui a joué un rôle essentiel pour bousculer les résistances. Si malgré tout un gouvernement du NFP était censuré, il faudrait alors mettre en place un gouvernement « technique » chargé d’expédier les affaires courantes et de préparer de nouvelles élections, quelles qu’elles soient. Tout autre chose qu’une coalition des contraires.<br /> <br /> Cette tribune parue dans Libération le 19 juillet est signée par<br /> <br /> Soulef Bergougioux, historienne<br /> <br /> Claude Debons, syndicaliste<br /> <br /> Laurence De Cocq, historienne<br /> <br /> David Flacher, économiste<br /> <br /> Pierre Khalfa, économiste<br /> <br /> Mathilde Larrere, historienne,<br /> <br /> Caroline Mécary, avocate<br /> <br /> Willy Pelletier, sociologue<br /> <br /> Jacques Rigaudiat, économiste<br /> <br /> Evelyne Sire-Marin, magistrate honoraire
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J
Entièrement d’accord avec vos analyses. Merci à tous les deux. Vu l’ampleur du phénomène capitalisme financier, y a t il encore des possibilités de combattre. La pieuvre est si puissante. Danielle

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