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21 juillet 2024 7 21 /07 /juillet /2024 14:49

Je m’incline avec émotion devant la mémoire de Nguyên Phu Trong, secrétaire général du Parti communiste vietnamien et président de la République du Vietnam décédé le 19 juillet, deux jours avant le 70e anniversaire des Accords de Genève de 1954.

Bernard Deschamps

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Il y a soixante-dix ans, les Accords de Genève sur la cessation des hostilités au Vietnam étaient signé, ouvrant un nouveau chapitre dans la lutte du pays pour la libération et la réunification nationales.

Avec l’Accord préliminaire de 1946 et les Accords de Paris de 1973, les Accords de Genève de 1954 ont marqué un jalon glorieux dans la diplomatie révolutionnaire du Vietnam, portant l’empreinte de la pensée, du style et de l’art diplomatique du Président Hô Chi Minh.

De Diên Biên Phu à Genève

La Conférence de Genève débute le 8 mai 1954, un jour seulement après la victoire éclatante de Diên Biên Phu, pour discuter du rétablissement de la paix en Indochine.

Le 8 mai 1954, au lendemain de la victoire de Diên Biên Phu qui “résonna à travers les cinq continents et ébranla le monde”, la Conférence de Genève commença à discuter du rétablissement de la paix en Indochine. Après 75 jours de négociations compliquées et âpres avec 31 séances, les Accords de Genève furent signés le 21 juillet 1954.

Les Accords de Genève sur la cessation des hostilités au Vietnam ont stipulé que le 17e parallèle fut choisi comme ligne de démarcation militaire provisoire, l’armée populaire vietnamienne se rassemblant au nord et l’armée de la coalition française au sud. La zone démilitarisée n’avait qu’un caractère temporaire et n’avait pas de valeur comme frontière politique ou territoriale. Le Nord fut complètement libéré, le Sud fut temporairement placé sous la gestion de l’adversaire avec une date limite fixée pour organiser des élections générales afin d’unifier le Vietnam en juillet 1956.

Le Président Hô Chi Minh a dit “Notre force propre est le gong, la diplomatie en est la résonance. Plus le gong est grand, plus sa résonance est forte”. La victoire de Diên Biên Phu fut un gong immense dont l’écho a retenti dans le monde entier, résonnant fortement à la Conférence de Genève, brisant complètement l’ambition d’invasion des colonialistes français et l’intervention brutale des impérialistes américains, les forçant à s’asseoir à la table de négociations avec le gouvernement de la République démocratique du Vietnam.

Autrement dit, la victoire historique de Diên Biên Phu a changé la situation de la guerre, devenant un facteur décisif pour le succès de la Conférence de Genève.

Des tactiques flexibles mais résolues, essentielles au succès des négociations du Vietnam

Dans une récente conversation avec l’Agence vietnamienne d’information (VNA), le général de brigade Pham Son Duong, fils unique du défunt Premier ministre Pham Van Dông, qui dirigeait la délégation du gouvernement de la République démocratique du Vietnam à la Conférence de Genève, a rappelé ce que son père avait dit à propos de cette journée mémorable.

“Mon père m’a dit que l’Oncle Hô est une personne mûre et expérimentée, et il a prédit que la participation du Vietnam à la Conférence de Genève serait confrontée à une grande pression. Même si la victoire sur Diên Biên Phu et la transformation du gouvernement et de l’Assemblée nationale français sont des opportunités favorables pour nous, mais la plus grande difficulté est l’intervention des grands pays à la Conférence”

La politique du Parti et de l’Oncle Hô était de “lutter tout en négociant” pour mettre fin à la guerre et restaurer la paix au Vietnam. Les Accords de Genève étaient une solution politique et militaire synchrone pour atteindre cet objectif. “Le but ultime, a dit l’Oncle Hô à mon père, était de forcer les Français à reconnaître l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale du Vietnam, du Laos et du Cambodge”, a déclaré le général de brigade Pham Son Duong.

Selon le général de brigade, son père est entré à la Conférence de Genève avec la plus grande confiance car il était déjà armé d’analyses de guerre et de préparations de plans de réponse pour faire face à d’éventuelles interventions des grandes puissances, dont l’Oncle Hô et son père avaient discuté en profondeur.

“Mon père a dit qu’à cette époque, il était toujours dans un esprit très résolu, désireux de se battre férocement. Mais l’Oncle Ho lui a conseillé d’être doux pour réussir.

Lors de la conférence de Genève, Pham Van Dông a présenté une position en huit points demandant à la France de reconnaître la souveraineté et l’indépendance du Vietnam sur son territoire, ainsi que la souveraineté et l’indépendance du Laos et du Cambodge.

Les Accords de Genève ont résolu la question de l’Indochine conformément à la position de la République démocratique du Vietnam, qui établissait la paix sur la base du respect du droit à l’unité nationale, à l’indépendance et à la démocratie des trois pays indochinois.

Commentant la tactique du Vietnam lors de la signature des Accords de Genève, Pierre Asselin, professeur d’histoire à l’Université d’État de San Diego, aux États-Unis, a déclaré: “En signant les Accords de Genève, le Président Hô Chi Minh espérait le meilleur mais se préparait également au pire”.

Pham Van Dong et d’autres négociateurs de la République démocratique du Vietnam ont été confrontés à de nombreux défis. Je pense que la diplomatie vietnamienne a été assez astucieuse et sensée à Genève. En dernière analyse, ils ont travaillé et ont bien profité.

“La diplomatie du bambou” s’est illustrée à travers les négociations des Accords de Genève pour garantir les intérêts de la nation. Les négociateurs vietnamiens sont restés fermes sur leurs objectifs d’indépendance et de liberté, mais flexibles quant à la manière de les atteindre”.

S’adressant à la VNA à l’occasion du 70e anniversaire des Accords de Genève, le professeur Carl Thayer de l’Université de Nouvelle-Galles du Sud, en Australie, a déclaré que “la diplomatie du bambou” s’est illustrée à travers les négociations des Accords de Genève pour garantir les intérêts de la nation. Comprenant les points de vue et les intentions stratégiques des grandes puissances, le Vietnam a géré la situation avec flexibilité à travers des réunions et des échanges bilatéraux et multilatéraux au cours des négociations. Le Vietnam a également mené des négociations bilatérales et multilatérales avec les délégations française, soviétique, chinoise, britannique et indienne.

Solidarité internationale

Outre les voies diplomatiques officiels, la diplomatie populaire a été déployée de manière très efficace par le Président Hô Chi Minh et les précédents dirigeants vietnamiens, apportant une contribution importante à notre victoire à la table des négociations des Accords de Genève. En particulier, le soutien du peuple français au Parti, au gouvernement et au peuple vietnamiens constituait un facteur extrêmement important.

“En 1953, alors que j’avais huit ans et que je vivais en France avec ma famille, je descendais souvent dans la rue et j’ai vu une file de manifestants. Ils appelaient la guerre d’Indochine “la sale guerre”, a partagé le professeur Carl Thayer.

Le Président Hô Chi Minh a publié de nombreux articles dans les journaux français, appelant le peuple français à soutenir la juste lutte du Vietnam.

Selon le professeur Carl Thayer, lorsqu’il s’est rendu en France pour trouver la voie du salut national, le Président Hô Chi Minh a été l’un des fondateurs du Parti communiste français et a compris l’importance du soutien des peuples du monde pour la libération nationale de la domination coloniale. Le Président Hô Chi Minh a publié de nombreux articles dans les journaux français, appelant le peuple français à soutenir la juste lutte du Vietnam.

“Avant et pendant la Conférence de Genève, le Président Hô Chi Minh et son gouvernement ont mené une lutte diplomatique plutôt réussie pour gagner le soutien de leurs amis étrangers. Je pense que cela a joué un rôle important en obligeant la France à négocier la fin de la guerre contre le Viet Minh en 1954”, a souligné le professeur d’histoire Pierre Asselin.

Les organisations sociopolitiques françaises, notamment celles des femmes, des jeunes et des syndicats, ont manifesté leur soutien sous différentes formes, notamment en collectant des signatures pour exiger la paix au Vietnam, en convoquant des réunions et en organisant des manifestations dans toute la France, en particulier dans les grandes villes. Les ouvriers de nombreuses colonies françaises en Afrique comme l’Algérie, le Maroc, la Tunisie et Madagascar ont également manifesté leur soutien sous diverses formes.

De précieuses leçons diplomatiques

Répondant à la presse à l’occasion du 70e anniversaire de la signature des Accords de Genève, le ministre des Affaires étrangères Bui Thanh Son a souligné que le Vietnam avait acquis beaucoup d’expériences dans la négociation, la signature et la mise en œuvre de l’Accord, le considérant comme un manuel précieux. C’est une leçon sur la combinaison de la force nationale avec la force de l’époque, ainsi que la force de la solidarité nationale et internationale pour créer “une puissante sans précédent”. Au cours de son processus de négociation des Accords de Genève, le Vietnam n’a cessé d’élargir la solidarité internationale, profitant du soutien des peuples du monde entier pour la juste cause de la lutte du peuple vietnamien.

Une leçon intemporelle est de s’appuyer sur le dialogue et la négociation pacifiques pour régler les différends et les divergences dans les relations internationales.

Un autre point important est d’être inébranlable dans ses objectifs et ses principes, et réactif dans ses stratégies, fidèle au principe selon lequel “être ferme dans ses principes mais flexible dans ses applications”. Tout au long du processus de négociation, de signature et de mise en œuvre des Accords de Genève, le Vietnam a toujours adhéré aux principes de paix, d’indépendance nationale et d’intégrité territoriale. Cependant, le Vietnam est resté mobile et flexible, adoptant des stratégies adaptées au contexte international et régional pour atteindre ses objectifs stratégiques.

Au cours de près de 40 ans de Renouveau, le Vietnam a maintenu sa politique étrangère d’indépendance, d’autonomie, de diversification et de multilatéralisation, s’est intégré proactivement et activement dans le monde de manière intégrale et profonde, et est devenu un ami, un partenaire fiable et un membre actif et responsable de la communauté internationale.

A ce jour, le Vietnam a établi les relations diplomatiques avec 193 pays membres des Nations Unies, élevé ses relations au niveau de partenariat intégral ou stratégique intégral avec 30 pays, et devenu ami responsable de plus de 70 organisations, forums régionaux et internationaux tels que l’ONU, l’ASEAN, l’OMC, l’APEC, l’ASEM.

(Vietnam +)

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