(Dernière mise à jour, le 16 janvier 2023 à 17h.)
La prochaine élection présidentielle aura lieu en décembre 2024. Après quatre années de mandat du président Abdelmadjid Tebboune, quel est l’état de l’Algérie et de sa population de 44 millions d'habitants? Bernard Deschamps.
SOMMAIRE
-Rétrospective 2023
-Le budget de l’Etat pour 2024
-La situation économique
-La situation sociale
-Les libertés
-La politique extérieure
-La situation politique
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RETROSPECTIVE 2023
Le 16 mars 2023, le président Tabboune a procédé à un remaniement ministériel qui a confirmé Aïmene Benabderrahmane à la tête du gouvernement, et remplacé 11 ministres dont le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra par Ahmed Attaf.
En mai, Xavier Driencourt, ancien ambassadeur en Algérie, a appelé les autorités françaises à annuler l’accord de 68 relatif à l’entrée en France des Algériens. La proposition de loi déposée dans ce but par Eric Ciotti et le groupe des députés Les Républicains a été repoussée le 6 décembre par l’Assemblée nationale.
Le 6 juin dernier, l'Algérie, la Guyane, la Sierra Leone et la Corée du Sud ont été élues en tant que membres non permanents au Conseil de sécurité des Nations Unies
L’Algérie qui a condamné le coup d’Etat militaire au Niger du 26 juillet a fait part de son opposition à toute intervention militaire.
En août, l’Algérie subit un grave échec, son adhésion aux BRICS, bien que soutenue par la Chine et la Russie, a été refusée, le Brésil et l’Inde votant contre.
Le 30 août, 50e anniversaire de l’assassinat du poète Jean Sénac.
L’Algérie a approuvé la Déclaration de Nairobi du 6 septembre sur le climat qui a été défendue par les nations africaines à la COP28 à Dubaï du 30 novembre au 13 décembre 2023.
Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté, jeudi 19 octobre, à Alger et dans tout le pays en solidarité avec les Palestiniens et pour dénoncer les crimes d’Israël. C’était la première manifestation autorisée depuis l’arrêt du Hirak, il y a plus de deux ans.
Le 26 octobre est décédé le commandant de la Wilaya IV historique (Algérois), le colonel Youcef Khatib dit "Si Hassan".
Est également décédée le 28 octobre, Eliette Loup, militante du Parti Communiste Algérien puis du Parti de l’Avant-Garde Socialiste, arrêtée par les paras en 1957, torturée, emprisonnée.
Les historiens français et algériens composant la Commission mixte sur la colonisation réunie à Constantine en novembre, ont proposé la restitution à l’Algérie de « tous les biens symbolisant la souveraineté de l’État de l’émir Abdelkader ibn Muhieddine, acteur mythique de la lutte anticoloniale.
Le 11 novembre, M.Mohamed Ennadir Larbaoui dit Nadir Larbaoui, a été nommé Premier ministre succédant ainsi à Aïmene Benabderrahmane.
Plusieurs lois importantes (lire ci-après) ont été adoptées en 2023 par l’Assemblée Populaire Nationale –APN).
Le 30 décembre est décédé le général Khaled Nezzar ancien ministre de la Défense de 1990 à 1993.
La visite d’Etat en France du président Tebboune plusieurs fois ajournée est toujours en discussion. Selon le ministre des affaires étrangères algérien , ce report est dû à l'absence d'accord préalable sur les dossiers traitant, en particulier, de la mémoire, de la mobilité ou des essais nucléaires français dans le Sahara.
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LE BUDGET DE L’ETAT POUR 2024
(L’étude complète est à lire sur mon blog/www.bernard-deschamps.net, à la date du 12 décembre 2023)
SYNTHESE
Le budget (Loi de finances) pour 2024, a été adopté le 5 décembre par l’Assemblée Populaire Nationale (APN). Sur les 407 députés, 234 ont voté Pour et 173 ont voté Contre, dont les 65 députés du MSP (Mouvement de la société pour la paix, islamiste), ou se sont abstenus.
Elaboré sur la base de 47 dollars le baril de pétrole brut et un taux de croissance de 4,2%, ce budget pour 2024 qui s’élève à 15 275 282 544 000 dinars (113 367 113 305 dollars US) est [malgré tout ] en augmentation de 11, 07% par rapport à celui pour 2023. La fiscalité pétrolière sera en diminution de 8,9% en 2024 par rapport à 2023, passant de 3856,3 milliards DZD cette année à 3512,3 milliards DZD en 2024.
Ce budget s’inscrit dans le prolongement des lois que le Président Tabboune a fait voter depuis son élection en 2019 : ouverture du domaine pétrolier à la concurrence et offre d’avantages fiscaux aux sociétés étrangères (Loi 19-13 du 11 décembre 2019) ; assouplissement de la règle 51/49 qui impose la majorité aux capitaux algériens dans les partenariats avec des entreprises étrangères (LF 2022) ; loi relative à l'investissement (Loi n° 22-18 du 24 juillet 2022); loi sur le statut de l’autoentrepreneur (Loi n° 22-23 du 18 décembre 2022).
Tous les ministères sont augmentés, parfois de façon importante ou très importante, tels le Commerce d’exportation (+138,61%), l’Education nationale (+23,06%) ; l’Enseignement supérieur et la Recherche (+14,21%) ; la Formation professionnelle (+2,92%) ; Jeunesse et sports (+45,19%), la Pêche (+74,55%), la Santé (+19,24%), la Solidarité familiale, Famille et Condition de la femme (+52,03%) ; Numérisation et Statistique(+247,48%)… Les seuls ministères dont le budget diminue sont ceux du ministère des Finances ; des Transports, de l’Emploi et de la Sécurité Sociale dont une partie est transférée à la Solidarité familiale, et de la Défense nationale qui en 2022 était passé de 1300 milliards de dinars à 3186 (plus de 22 milliards de dollars). En 2024, celui-ci représentera 1/5 (19,15%) des dépenses de l’Etat algérien. « L'Algérie, souligne Nova News (2 novembre 2023), est le pays qui dépense le plus en matière de défense en Afrique et se classe troisième au Moyen-Orient, précédé seulement par l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ».
Ces augmentations incluent les augmentations de salaires des fonctionnaires, les prestations et l’amélioration des droits à la Sécurité Sociale pour certaines catégories défavorisées et les chômeurs de longue durée, promises par le Président Tebboune. Auxquelles s’ajoute, selon l’Algérie aujourd’hui : « [la réduction] au maximum [du] taux de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) pour la production avicole, ainsi que pour les denrées alimentaires importées de manière générale ». […] Ces mesures seront-elles suffisantes pour compenser la hausse des prix du panier de la ménagère ?
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LA SITUATION ECONOMIQUE
SYNTHESE
En raison de la baisse des prix des hydrocarbures, le taux de croissance pour 2023 a été de 2,6%, inférieur à celui de 2022 (3,7%). La Banque mondiale a néanmoins un avis optimiste. Selon son rapport du 23 octobre 2023 : « La hausse des investissements, notamment dans les grands projets industriels, a stimulé l'activité économique au premier trimestre 2023 et devrait continuer à soutenir la croissance entre 2023 et 2025. »
Ce diagnostic est corroboré par le FMI (avril 2023) qui décrit une « une « croissance relativement positive par rapport à bon nombre de pays […] L'inflation est restée à un niveau élevé, atteignant 9,7 % », et par la CCI France international (22 février 2023) : « Selon l’opinion des chefs d’entreprises publiques, ayant répondu à l’enquête (de l’Office national de la Statistique, ndlr), l’activité industrielle a augmenté au deuxième trimestre 2023 par rapport au trimestre précédent, contrairement à celle du secteur privé qui déclare une baisse. » Rappelons que le secteur privé absorbe 62,2% de l’emploi, contre 37,8% pour le secteur public (OIT 2019). Le nombre total de salariés, 12 638 622 en 2022, dont 3 307 821 dans les PME de 1 à 250 salariés, est en augmentation (Conjoncture DZ 23 avril 2020 et Perspectivemonde, université du Québec).
« Les réformes structurelles, institutionnelles et réglementaires conjuguées aux investissements de l’Etat et des entreprises ont permis une émergence rapide de la production industrielle malgré le climat de tension et de pénurie à l’échelle internationale.( CCI France International, 22 février 2023).
Une évolution marquante s'observe dans la composition de cette croissance, avec une transition notable du secteur des hydrocarbures vers une prédominance de l'économie hors-hydrocarbures. En 2022, cette dernière a enregistré une croissance de 3,9 %, le taux le plus élevé depuis 2014, tendance qui se renforce au premier trimestre 2023 avec une croissance de 4 %.
L’agroalimentaire, second secteur économique algérien après les hydrocarbures, est en expansion, ainsi que la pharmacie qui couvre 70% des besoins, seconde d’Afrique derrière l’Afrique du Sud et l’industrie électronique privée à Bordj-Bou-Arreridj. Par contre, l’industrie automobile (pièces détachées et montage) est en recul en dépit de la mise en service en décembre 2023 de l’usine FIAT d’Oran. L’industrie textile a aussi été relancée et la mine de Gara Djebilet à Tindouf en Algérie, une des plus grandes mines de fer dans le monde, mise en exploitation. Ses réserves sont estimées à 3,5 milliards de tonnes, dont 1,7 milliard de tonnes sont exploitables.
La Turquie est devenue le premier investisseur étranger en Algérie hors hydrocarbures.
Mais les annonces faites par le pouvoir : une usine de médicaments à Bouira, d’eau minérale à Laghouat, le sauvetage de Céramis (céramique et ciment) à Mostaganem, , le programme spécial pour la production de 1.820 wagons de chemin de fer destiné au phosphate, tardent à se réaliser…
Selon la Banque mondiale, le PIB de l’Algérie par habitant était en 2022 à la 108e place mondiale (sur 184 pays) devant la Tunisie et le Maroc.
Ces avis plutôt positifs sont contestés par une enquête de Jean-Pierre Sereni dans ORIENT XXI (lire ci-après) qui met l’accent sur le désengagement de nombreuses sociétés pétrolières internationales, sur la fin des réserves pétrolières de l’Algérie, la faiblesse des investissements industriels alternatifs et pose la question : « L’Algérie « avance à grands pas », affirmait récemment un éditorial d’El-Moudjahid, reprenant des propos du président de la République. Mais dans quelle direction ? »
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DOCUMENTS
Produit Intérieur Brut (PIB)
(Chiffres Banque mondiale)
2022/ Algerie +3,4%/Maroc +1,3%/ Tunisie +2,4%/Turquie +5,5%/ Egypte +6,6%
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L’avis du Fonds monétaire international d’avril 2023, sans être alarmiste n’était pas très optimiste : « Le taux de croissance a été de 3,7% et extrapolé à 2,6% en 2023. (Ce qui contredit l’avis de la Banque mondiale) Cette baisse étant due à la baisse du cours des hydrocarbures par rapport à l’année 2022 et certainement due à la sécheresse qui frappe pas seulement l’Algérie mais l’Afrique du Nord avec une baisse du rendement de l’agriculture, pour le blé des deux greniers de à savoir Tiaret et Sétif. Cette croissance relativement positive par rapport à bon nombre e pays mais en baisse s’expliquant par la réduction moyenne du cours du pétrole […] pour l’année 2023, les recettes prévues pour Sonatrach se situeraient entre 50/55 milliards de dollars pour 2023 contre 60 en 2022, Aussi, la crise mondiale avec l’inflation mondiale pénalise les pays mono exportateurs d’hydrocarbures comme l’Algérie […]
Le FMI formulait cette critique implicite : « La contrainte principale pour augmenter ses exportations, outre un investissement massif et de changer de modèle de consommation énergétique en développant les énergies renouvelables et l’hydrogène vert, ce sont les subventions appliquées aux carburants (environ 20% du prix international) où la consommation intérieure connaît une croissance vertigineuse alarmante : sur une production de 1 millions de barils/j de pétrole, la consommation intérieure, moyenne pour 2022, représente presque le volume des exportations environ 500.000 baril/j ; idem pour le gaz […]
Cet avis constitue une pression sur l’Etat algérien pour qu’il réduise la consommation intérieure.
Le rapport de suivi de la situation économique, publié par la Banque mondiale le 26 octobre 2023 est plus positif : « l'économie de l'Algérie a retrouvé en 2022 son niveau pré-pandémie, avec une reprise qui se poursuit au premier semestre 2023. La croissance de l'Algérie devrait également reprendre sa trajectoire pré-COVID d'ici 2024, tirée notamment par les secteurs des hydrocarbures et de l'agriculture […] La hausse des investissements, notamment dans les grands projets industriels, a stimulé l'activité économique au premier trimestre 2023 et devrait continuer à soutenir la croissance entre 2023 et 2025. […] L'inflation est restée à un niveau élevé, atteignant 9,7 % […] À la suite de la baisse des prix du pétrole et du gaz depuis mi-2022, les recettes d'exportation de l'Algérie ont nettement diminué au cours du premier semestre 2023, mais la balance commerciale est restée positive et l'accumulation des réserves de change s'est poursuivie. La diminution des recettes de ventes d'hydrocarbures et l'augmentation des dépenses publiques, notamment les salaires dans le secteur public, devraient être amorties par les importants dividendes annoncés par Sonatrach[…] Les perspectives économiques pour 2024 et 2025 demeurent tributaires de la volatilité des prix mondiaux du pétrole, et de conditions météorologiques incertaines, soulignant ainsi l'importance d'améliorer la diversification économique pour renforcer la résilience de l'économie algérienne ».
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ORIENT XXI
Jean-Pierre Séréni
11 septembre 2023
La production de pétrole stagne en Algérie, boudée par des compagnies étrangères après leurs déboires avec la bureaucratie. Le gouvernement déploie les grands moyens pour faire revenir ExxonMobil, Shell, BP, Engie, TotalÉnergies et beaucoup d’autres. La partie n’est pas gagnée, car la demande intérieure explose et les réserves s’épuisent rapidement. […] le ministre de l’énergie et des mines Mohamed Arkab […] parcourt depuis le monde et les grands centres pétroliers, de Houston (Texas) à Singapour, à la recherche d’investisseurs. Sans grand succès jusqu’ici […] jamais sans doute la collaboration extérieure n’a été aussi espérée par l’industrie algérienne des hydrocarbures, pourtant stimulée en 2022 par les cours élevés du brut et momentanément du gaz naturel à la suite de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. L’année 2023 s’annonce moins faste. Les cours du brut ont reculé d’environ 20 %, ceux du gaz se sont effondrés, et les réductions de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ne sont pas négligeables (— 11 % sur un an). […] Au fil des ans, nombre d’associés parmi les grands noms du gotha pétrolier international se sont retirés sur la pointe des pieds ou à l’issue de conflits éprouvants, sanctionnés le plus souvent par un jugement défavorable à l’Algérie des tribunaux internationaux d’arbitrage. Sur les 77 « associés » que comptait la Sonatrach à l’apogée de sa réussite, il en reste moins d’une dizaine. La liste est longue des déçus de l’Eldorado algérien. ExxonMobil, Shell, BP, Engie, TotalÉnergies, Anadarko ou Anaconda et beaucoup d’autres ont jeté l’éponge ou ont vendu tout ou partie de leurs actifs. Et la relève se fait cruellement attendre. Le dernier appel d’offres lancé par l’Alnaft en 2020 a dû être annulé faute de candidats. L’italien ENI, devenu le principal client du gaz algérien, a signé seul un contrat sous l’emprise de la nouvelle loi sur les hydrocarbures de 2019. C’est le premier et il est modeste.
Résultat, faute d’investissements extérieurs substantiels comme durant la période bénie 1986-2006, la production stagne depuis près de vingt ans sous la barre des 200 millions de tonnes d’équivalent pétrole (Mtep), ce qui fait de l’Algérie une puissance pétrolière secondaire à côté des géants comme l’Arabie saoudite, la Russie ou l’Irak qui produisent dix à quinze fois plus. L’inventaire périodique des ressources nationales d’hydrocarbures liquides et gazeux, une publication officielle parue pour la dernière fois en 2015, dresse un tableau inquiétant des réserves en terre. En gros, il reste à peine un tiers de pétrole récupérable, le reste ayant déjà été consommé. Pour le gaz naturel, la situation est moins désastreuse, à peine la moitié serait encore prélevable.[…] Près de la moitié de la production commercialisée est aujourd’hui consommée sur place, non dans les rares usines, mais par les ménages algériens, leurs automobiles, leurs climatiseurs ou leur chauffage électrique. Sa part augmente année après année et grignote — au rythme débridé de + 9 à 10 % chaque année —, la production exportable. Certains experts prédisent qu’en 2030, c’est-à-dire demain, la Sonatrach n’aura plus rien à vendre à l’extérieur […] Les autorités vendent les carburants, le gaz et l’électricité produite à partir du gaz, moins cher que leurs coûts de production[…] il est normal de faire profiter le peuple algérien de la principale richesse du pays. Mais pas dans ces proportions totalement insoutenables à long terme. « Il manquera 40 milliards de m3 de gaz naturel avant 2030 », a prévenu en juin 2021, devant le Club de l’Énergie à Alger, l’ex-numéro 2 de la Sonatrach Ali Hached. Un ancien ministre de l’énergie, géologue de formation, Abdelmajid Attar, écrit dans une synthèse sur l’Algérie pétrolière :
Une attention particulière devrait être accordée au maintien d’une bonne adéquation entre les ressources disponibles et la répartition qui doit en être faite pour la satisfaction des besoins énergétiques du pays à long terme […] Plutôt que d’augmenter les prix des carburants et de l’électricité pour accroître la part exportable des hydrocarbures, ses responsables lancent de la poudre aux yeux des Algériens, des solutions illusoires comme l’encouragement frénétique des « exportations hors hydrocarbures » composées, en fin de compte, de plus de 70 % de produits fabriqués avec du gaz naturel ultra-subventionné dont on augmente encore la consommation intérieure.
Une autre piste est le rationnement des importations : près d’un millier d’articles dont les automobiles neuves, des médicaments ou les bananes sont officiellement interdits à l’import. Il s’en suit d’importantes pénuries aggravées par la spéculation et la domination de l’économie informelle. Très impopulaires.
LA CHIMÈRE DES BRICS
[…] L’Algérie, candidate avec une vingtaine d’autres pays, n’avait pas été retenue par une organisation dont on voit mal ce qu’elle peut apporter à l’économie algérienne.[…] la partie la plus difficile du rétablissement du secteur, la stabilisation au minimum de la consommation intérieure de carburant et de gaz grâce à un relèvement des tarifs publics de l’énergie. Depuis 2016, les équipes successives au pouvoir y renoncent de peur d’une réaction populaire qui pourrait anéantir le régime. En sera-t-il de même cette fois ? L’Algérie « avance à grands pas », affirmait récemment un éditorial d’El-Moudjahid, le journal du régime, reprenant des propos du président de la République. Mais dans quelle direction ? »
JEAN-PIERRE SERENI
Journaliste, ancien directeur du Nouvel Économiste et ex-rédacteur en chef de l’Express.
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jeuneafrique
A INAUGURE A ORAN SA PREMIERE USINE EN ALGERIE.
Le 11 décembre 2023, Fiat a officiellement inauguré sa nouvelle usine de fabrication automobile à Tafraoui, dans la wilaya d’Oran. L’installation de cette chaîne d’assemblage fait suite à la fin des restrictions sur les importations de véhicules dans le pays. La nouvelle usine Fiat dispose d’une capacité de 90 000 voitures par an. C’est ce qu’a annoncé Stellantis, propriétaire de la marque Fiat, le 11 décembre. Les modèles de la série Fiat 500 et Doblò, concernés par cette inauguration, seront importés sous forme de SKD (assemblés partiellement), avant d’être montés définitivement à Oran. L’objectif à long terme pour Fiat est d’exporter des kits, de type CKD, à assembler sur place, dès 2026.
Le groupe a investi 200 millions d’euros pour faire sortir de terre cette unité d’assemblage de 32 hectares. Stellantis souhaite faire de l’Algérie un hub régional pour la production et l’exportation automobile. Le groupe a créé en 2023, « 500 emplois directs en Algérie en 2023, avec l’objectif d’atteindre 2 000 emplois d’ici à 2026 ».
L’arrivée de Fiat se fait dans un climat tendu entre les autorités algériennes et les constructeurs automobiles, notamment Renault, installé dans le pays depuis 2014. Accueilli à l’époque en grande pompe, Renault, qui détenait 53% du marché en 2019, a vu ses ambitions d’expansion ralenties par l’instauration d’un plafond de 600 millions de dollars (environ 546 millions d’euros) sur les importations de pièces détachées. Cette décision a poussé le groupe à stopper la production sur son site d’Oran.
L’entreprise a repris l’importation et la commercialisation de ses voitures dans le pays. D’ailleurs, elle a obtenu, début décembre, une autorisation provisoire pour rouvrir son usine. Mais Renault ne compte pas s’arrêter à cela, et affiche sa volonté de revenir plus fort en Algérie. Le groupe va ainsi se lancer, en 2024, dans la production de véhicules, tournant le dos aux importations de kits SKD et CKD.
Le secteur s’était notamment tendu avec la diffusion, en 2017, d’une vidéo montrant que l’assemblage des véhicules en Algérie consistait pour certains opérateurs à visser des boulons sur des voitures déjà opérationnelles. À la suite de la diffusion de cette vidéo, l’État avait suspendu les importations de véhicules neufs pour inciter les groupes à établir l’ensemble de leurs chaînes de production en Algérie […] Cette restriction a été levée en mars dernier.
Avec sept millions de véhicules en circulation en 2020, l’Algérie reste un marché attractif pour les constructeurs internationaux. » (Jeune Afrique, 14 décembre 2023)
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Un programme spécial pour la production de 1.820 wagons de chemin de fer destiné au transport de phosphate. C’est du moins ce qu’a assuré, Lamri Bouyoucef PDG de l’entreprise à l’APS. « Le programme en question a été élaboré en prévision de l’entrée en production du projet de phosphate intégré de Bled El Hadba, dans la wilaya de Tébessa, a déclaré le même responsable. 2024/2026
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LA SITUATION SOCIALE
SYNTHESE
Le salaire national minimum garanti (SNMG) algérien est depuis le 1er juin 2020, de 20 000 DZD (134,69€) par mois pour 40 h de travail hebdomadaire (taux horaire de 115,38 DZD, soit 0,78 €). Les prix à la consommation ont augmenté de +2,42% en 2020, de +7,23% en 2021, de +9,27% en 2022 et de +9,7% en 2023.
Le taux de chômage est passé successivement de 11,86% en 2019, à 14,24%, 14,54%, 14,86% et 15,93% en 2023.
Une indemnité sera versée à plus de deux millions de chômeurs et l'impôt sur le revenu sera supprimé pour les bas salaires.
Le Président Tebboune s’est engagé à augmenter les salaires des fonctionnaires de 47% sur les trois années 2022, 2023, 2024. Mais cela ne concerne que les salariés de l’Etat. Le montant minimum de la pension de retraite sera relevé à 15 000 DA, pour les retraités qui perçoivent actuellement moins de 10 000 DA et à 20 000 DA pour ceux qui touchaient moins de 15 000.
Ces augmentations couvriront-elles l’inflation cumulée depuis 2012, date de la dernière révision indicière ?
Au Maroc, le salaire minimum est de 16,19 DH (1,49€) de l’heure depuis septembre 2023. Le salaire minimum mensuel dans les services publics marocains est de 3120 DH (285,39€).
L'allocation chômage est en Algérie depuis 2023 de 15.000 DA. Pour pouvoir en bénéficier, il faut au minimum 88 « jours travaillés » ou 610 heures sur les 28 derniers mois précédant la fin du dernier contrat de travail (36 mois pour les salariés âgés de 53 ans et plus). L'allocation-chômage est net d'impôts, en plus de la prise en charge par l'Etat de la couverture sanitaire des chômeurs pendant la période d’indemnisation. Depuis le 25 février 2022, les primo-demandeurs d’emploi entre 19 et 40 ans, peuvent sous conditions en bénéficier.
Au Maroc son montant du salaire minimum représente 70% du salaire moyen perçu sur les 36 derniers mois et il est plafonné à hauteur du Smig, soit 285,39 euros par mois. Son versement est limité à six mois. Pour en bénéficier, le salarié doit avoir cumulé 780 jours de déclarations de salaires pendant les trente-six derniers mois précédant la date de perte d'emploi dont 260 jours durant les 12 derniers mois.
Le quotidien El Watan DZ a fait état au cours de l’année de 17 conflits sociaux. Des grèves pour la plupart, d’une durée de plusieurs jours, parfois de plusieurs mois, avec la participation de milliers de salariés, de professions libérales, de commerçants, d’étudiants et de lycéens. (lire ci-dessous)
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DOCUMENTS
(Chiffres Banque mondiale)
SALAIRE MANSUEL MOYEN BRUT/2022
Egypte/341,7 dollars/ Algérie/325 $/ Tunisie 320 $/ Maroc 309,2 $
SMIC 2020
Algérie 155 $/ Egypte 126 $/ Maroc 270 $/ Tunisie 151 $
PIB/H 2022
Algérie 4 342,6/ Egypte 4295,4/Maroc 3442 $/ Tunisie 3747,4 $
CHOMAGE 2022
Algerie 11,6%/ Maroc 10,5%/Tunisie 16,1%/Turquie 10,00%/Egypte 7%/ Afrique Sud 28,8%
Légèrement au-dessus de 10% depuis 2009/ « le taux de chômage aura atteint 12,7 % de la population active totale en 2021 et 31,9 % chez les 15‑24 ans »
INFLATION 2022
(Chiffres Banque mondiale)
Algerie +9,7%/Maroc +5%/Tunisie +10,4%/Egypte +10,4%
« L'inflation est restée à un niveau élevé, atteignant 9,7 % au premier semestre 2023, mais les services ainsi que les biens produits localement, tels que les produits alimentaires frais et les services, contribuent aujourd'hui davantage à la hausse des prix que les biens importés. L'inflation devrait progressivement reculer en 2024 et 2025, sous réserve de la mise en œuvre de politiques monétaires et budgétaires prudentes et que les précipitations se rétablissent, favorisant une production agricole robuste »
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MOUVEMENTS SOCIAUX
Grèves et manifestations relatées par le quotidien El Watan DZ au cours de l’année 2023:
Janvier 2023 :
Les greffiers exerçant au niveau des tribunaux et la Cour de Bouira ont entamé le dimanche 2 janvier un mouvement de grève illimité, pour protester contre la dégradation de leurs conditions socioprofessionnelles (02/01/2023)
Instituts de technologie (Bouira): Les étudiants sont en grève depuis plus de deux mois. Inadéquation de la formation, absence de débouchés professionnels et inquiétudes pour l’aveni. A la fin de leur cursus, les diplômes académiques ne leur ouvrent aucun horizon professionnel.(06/01/2023
Grève des boulangers de la wilaya de Relizane, que ce soit le chef-lieu, Yellel, Oued Djemaa ou d’autres communes, en raison des hausses des matières premières sans que le prix du pain soit revalorisé. (12/01/2023)
Les élèves du lycée des mathématiques de Kouba (Alger) ont boycotté les cours et les repas pour protester contre les mauvaises conditions d’hébergement et de scolarité. Parmi les problèmes cités : les coupures récurrentes d’eau et l’absence d’eau chaude en période hivernale, l’absence de prise en charge médicale et des pannes électriques à répétition, des infiltrations d’eau de pluie dans les chambres, les pannes des douches, du système de chauffage et les portes des chambres cassées et/ou usées. (17/01/2023)
Grève nationale des fonctionnaires des impôts dans plusieurs wilayas. Après plusieurs mouvements de protestation, le Syndicat autonome des fonctionnaires des impôts (SAFI) a décidé de passer à la vitesse supérieure en décrétant une grève de trois jours renouvelable, soit les 18, 19 et 20 de chaque mois. Leurs revendications, notamment la révision du statut particulier, la hausse des salaires, la révision du régime indemnitaire et de la prime de rendement. « Nous travaillons dans des bureaux exigus et insalubres, avec un mobilier vétuste et sans climatisation en été » Les syndicalistes du SAFI ont saisi cette occasion pour dénoncer les pressions dont ils sont victimes de la part de leur tutelle. «Les responsables des services ont toujours reçu des recommandations pour établir des listes portant les noms des grévistes, lesquels seront exposés aux sanctions, comme les ponctions sur salaires.(20/01/2023)
En février :
Grève nationale des pharmaciens le 28 février à l’appel de la SNAPO, le Syndicat national algérien des pharmaciens d’officine (08/02/2023)
Tizi Ouzou : Les boulangers mettent fin à leur grève. Après deux semaines de débrayage, les boulangers de la wilaya de Tizi Ouzou décident de surseoir à leur grève. Cette grève des boulangers de la wilaya de Tizi Ouzou a été observée à l’appel de l’Union générale des commerçants et artisans (UGCAA), qui a motivé cette action par les augmentations des prix de plusieurs produits et le manque de matière première.
Les huissiers de justice, en grève illimitée depuis le 6 février contre le nouveau régime fiscal imposé à leur profession par le ministère des Finances, ont repris, hier 14 février , leurs activités, après avoir reçu des «garanties suffisantes» de la part du ministère de tutelle, a annoncé la Chambre nationale des huissiers de justice dans un communiqué.(15/02/2023)
En avril :
Grève des étudiants de chirurgie dentaire à Constantine. Alors qu’ils entament leur quatrième mois de grève, les étudiants de 2e, 3e et 4e années de chirurgie dentaire, dépendant de l’université Salah Boubdiner (Constantine 3), maintiennent leur mouvement jusqu’à jeudi prochain. Ils revendiquent de meilleures conditions des études et la disponibilité des moyens nécessaires pour leur formation.(10/04/2023)
En mai :
Grève des travailleurs du Port d’Alger à l’appel de l’UGTA. Suite à la grève sans préavis enclenchée par certains fonctionnaires de l’EPAL, les 17 et 18 mai, le tribunal de Sidi M’hamed a rendu jeudi sa décision ordonnant aux grévistes de rejoindre leurs postes de travail.
Les dockers et employés des ports affiliés à la Fédération nationale des travailleurs du secteur (UGTA) avaient imposé, en avril dernier, la signature de leur nouvelle convention collective contenant de nouveaux avantages pour les 16 000 travailleurs du secteur : une révision à la hausse du salaire de base ainsi qu’une augmentation de certaines primes et indemnités avec effet rétroactif à compter du 1er avril 2022 (12 mois). Selon le document, les travailleurs s’engageaient, en contrepartie, à augmenter leur rendement, en améliorant les performances et en maintenant la stabilité du secteur. Le salaire de base sera également revu en prenant en considération un barème spécial, selon les classifications des ports, divisés en 3 catégories : la première catégorie comprend les ports de Mostaganem et Ténès, tandis que la deuxième réunit ceux de Tlemcen, Oran, Alger, Béjaïa, Djen Djen (Jijel) et Annaba, alors que la troisième catégorie est composée des ports de Skikda et d’Arzew.(20/05/2023)
Tiaret : Les travailleurs de l’entreprise de transport en grève. Cela faisait trois jours que les travailleurs de l’Entreprise publique de transport urbain ETUS-Tiaret étaient en grève du fait du «refus de la direction de les autoriser à tenir une assemblée générale élective et procéder à l’élection d’un nouveau syndicat à même de mieux les représenter.(31/05/2023)
En juin :
APC de Annaba : Des éboueurs et des agents de la voirie en grève générale suscitée par le refus du maire de faciliter l’achat de moutons de l’Aïd El Adha au profit des travailleurs démunis. «Ils sont 4000 employés de la commune de Annaba, en majorité des démunis, notamment les femmes de ménage percevant parfois moins de 14 000 DA/mois. (17/06/2023)
Complexe céramique ETER-SPA-Algérie à Guelma : Des employés réclament 19 mois impayés. (25/06/2023)
En novembre ;:
Des travailleurs débrayent pour réclamer leur salaire : L’ENIEM de Tizi Ouzou qui emploie pas quelque 1700 salariés est paralysée. Ils réclament le versement de leur salaire du mois de septembre qui enregistre un retard, disent-ils, de deux semaines. (08/11/2023)
Le conflit entre des étudiants et le rectorat de l’université Abderrahmane Mira de Béjaï se durcit au fil du temps, surtout que les tentatives de négociation initiées jusque-là ont toutes échoué. Le mouvement de grève des étudiants a été enclenché il y a près d’un mois. La CLE, qui regroupe une dizaine de comités et d’associations universitaires, a établi une plateforme de revendications concernant la pédagogie, la sécurité, l’activité associative et les œuvres universitaires, en particulier, la numérisation de l’accès aux résidences universitaires via un système de reconnaissance faciale, un des points qui a le plus suscité le mécontentement de
certains étudiants.(11/11/2023)
ObservAlgerie, 12 octobre 2023)
« Les prix des produits de première nécessité sont repartis à la hausse après une accalmie et une tendance baissière qui n'a finalement duré que 2 mois de suite. Ainsi, après une reprise de la hausse des prix au mois de juillet, le mois d'août a continué sur cette lancée, confirmant la tendance.
Le dernier bulletin de l'Office national des statistiques (ONS) sur l'indice brut des prix à la consommation révèle que les prix augmentent en Algérie. Le mois d'août 2023 a été marqué par un indice général qui a connu une augmentation de 2,2 % par rapport au mois précédent. Il s'agit d'une variation légèrement supérieure à celle observée au même mois de l'année précédente (2022, +1,9 %).
Le rapport de l'ONS concernant le mois d'août indique notamment que les prix des biens alimentaires augmentent de 4,7 %. Le taux d'inflation en Algérie a atteint 9,7 % avec une variation de +11,1 % entre août 2022 et août 2023, souligne aussi l'ONS dans son bulletin.
Cette inflation est surtout le résultat de la hausse des prix des biens alimentaires, notamment les produits agricoles frais. Il faut dire que la variation des prix connaît une légère différence entre les villes. Dans la capitale Alger, les produits alimentaires ont augmenté de près de 8,4 % ; les fruits ont ainsi augmenté de 13,8 %, les légumes de 28,1 %. La viande de poulet, de son côté, a flambé avec une hausse de 20,1 %.
Toujours dans la même ville, l'indice des prix a connu une augmentation de 2,2 % par rapport au mois précédent. Cette variation est légèrement supérieure à celle observée au même mois de l'année écoulée.
Par ailleurs, le bulletin de l'ONS souligne que les prix des produits alimentaires industriels ont connu une légère baisse de 0,3 %. Sur toute une année, allant d'août 2023 à août 2022, les prix des biens alimentaires ont flambé. Ces derniers ont connu une hausse de 13,9%. En détail, les prix des produits agricoles frais ont augmenté de 23,5 %, avec une augmentation de 45,9 % pour les fruits. Les prix des produits alimentaires industriels enregistrent une hausse de 4,4 %, avec une augmentation de 24,5 % pour le café, le thé et les infusions.
Il faut souligner que ces chiffres de l'ONS ne concordent pas avec ceux présentés par le gouvernement Benabderrahmane dans sa déclaration de politique générale. En effet, avec ces hausses qu'a connues le mois de septembre pour certains produits ainsi que les taux d'inflation enregistrés durant les 8 premiers mois de l'année, il n'est pas évident d'atteindre la baisse annoncée par le gouvernement. Ce dernier avait en effet affirmé que cette inflation serait dans une fourchette de 7 à 8 % pour l'année 2023. »
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LES LIBERTES
SYNTHESE/
L’ensemble des observateurs (lire ci-après) constate une dégradation depuis l’élection du Président Tebboune. Les chiffres sont tous à peu près identiques concernant le nombre de prisonniers d’opinion (quelque 300) ; les procédures de dissolution engagées contre plusieurs partis politiques et associations ; les pressions sur les médias qui doivent se soumettre ou disparaître ; l’article 87 du Code pénal définissant le terrorisme de façon volontairement vague ; les lois limitant les libertés syndicales et le droit de grève… Le président Abdelmadjid Tebboune a certes signé en avril 2023 un décret de grâce à l’occasion de l’Aïd Al-Fitr, « au profit de près de 8985 prisonniers dont les peine sont égales ou inférieures à 12 mois, ou 18 mois pour les personnes définitivement condamnées et dont l’âge est supérieur ou égal à 65 ans, les mineurs, les femmes enceintes et les mères d’enfants de moins de trois ans. »(TSA, 19 avril 2023) Mais cela ne concerne que les petites peines les prisonniers d’opinion en sont exclus.
Certains affirment : "... le régime a changé de nature, redoutant que la rue ne remette en cause sa survie. » C’est également l’opinion de l’ancien ambassadeur en Algérie, Xavier Driencourt (21 mars 2023) : « Nombre d’Algériens aujourd’hui regrettent l’époque Bouteflika tant le pouvoir de l’Armée est pesant. Sous Bouteflika, encore une fois, existaient des espaces de liberté qui aujourd’hui disparaissent."
« Seule Mary Lawlor, Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, en visite officielle en Algérie du 26 novembre au 5 décembre 2023, a émis un avis plus mesuré, saluant en particulier l’acquittement de trois défenseurs des droits de l’homme, Jamila Loukil, Kaddour Chouicha et Said Boudour, d’accusations de terrorisme qui pesaient contre eux, devant le tribunal de Dar El Baida.
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DOCUMENTS
Le chercheur Mouloud Boumghar (dans le Monde afrique du 10 février 2023) estime que « le régime a changé de nature ».
Mouloud Boumghar est professeur de droit public à l’université de Picardie-Jules-Verne. Il a notamment travaillé sur la construction de la notion d’ennemi dans le droit pénal algérien et ses effets sur la restriction des libertés.
« Le pouvoir algérien est en pleine escalade sécuritaire. Comment le caractériser aujourd’hui ? C’est un régime qui est nettement plus autoritaire qu’avant. Il était autoritaire, mais avec des marges de manœuvre pour les libertés. Aujourd’hui, nous sommes entrés dans une phase dictatoriale pour plusieurs raisons : la remise en cause du pluralisme, l’instrumentalisation politique de l’accusation de terrorisme, définie très largement, et un contexte politique marqué par une militarisation et un chauvinisme conservateur assumés. D’abord, le pluralisme, qui était formel mais qui avait une sorte d’ancrage [dans la vie politique], est à peine toléré. Il y a une remise en cause progressive de ce pluralisme par des procédures de dissolution qui ont été engagées contre plusieurs partis politiques et associations. On voit aussi une pression très forte s’exercer sur les médias indépendants. Pour le régime, ces médias libres doivent se soumettre ou disparaître. C’est le premier élément. Le deuxième marqueur de ce changement de la nature du régime est la révision de la législation sur le terrorisme. Cette révision « enrichit » un arsenal législatif répressif déjà largement utilisé dans un contexte de répression constante, avec plusieurs centaines de détenus d’opinion et un nombre important de poursuites pénales et autres interdictions de sortie du territoire dont le motif réel est purement politique. (Propos recueillis par Madjid Zerrouky, le Monde afrique, 10 février 2023))
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LADDH (Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l'Homme)
UNE EXPERTE DE L’ONU DÉNONCE LE SORT DES DÉFENSEURS DES DROIT HUMAINS EN ALGÉRIE
« L’Algérie doit cesser de s’en prendre aux défenseurs des droits de l’homme afin de consolider les réformes sociales entreprises au cours des quatre dernières années, a plaidé ce mardi une experte indépendante de l’ONU.
« Tout en saluant les réformes évidentes ayant eu lieu au cours des quatre dernières années et le nouvel accent mis sur la participation citoyenne, je regrette que certains défenseurs des droits de l’homme travaillant sur des sujets sensibles subissent des restrictions constantes », a déclaré la Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, Mary Lawlor, dans un communiqué publié à l’issue d’une visite officielle dans le pays.
L’experte de l’ONU a observé quatre principaux types de violations utilisées pour empêcher les défenseurs des droits humains d’exercer leur travail : un harcèlement judiciaire constant, la dissolution des principales organisations de défense des droits de l’homme, des restrictions sur la liberté de mouvement, ainsi que des pratiques d’intimidation et de surveillance ayant de graves répercussions sur la santé mentale des défenseurs et de leurs familles.
Des lois suscitant de la « terreur »
« Je déplore qu’un groupe de défenseurs des droits de l’homme ayant tenté de se rendre à Tizi Ouzou, où je tenais des réunions, en aient été empêchés et aient été détenus durant 10 heures », a-t-elle ainsi déclaré.
« Compte tenu de l’histoire récente de l’Algérie, des lois robustes relatives au terrorisme sont manifestement nécessaires », a indiqué l’experte. « Cependant, il est regrettable de constater que les lois conçues pour lutter contre le terrorisme suscitent tant de terreur auprès des défenseurs des droits de l’homme, en raison d’une définition trop large et excessivement vague de ce qui relève du terrorisme dans le Code pénal ».
La Rapporteure spéciale a noté que l’Article 87 bis du Code pénal algérien était l’une des lois les plus fréquemment invoquées pour poursuivre les défenseurs des droits de l’homme en justice.
Des progrès dans plusieurs domaines
Toutefois, l’experte a déclaré que de nombreuses personnes travaillaient à la protection et à la promotion des droits humains avec le soutien total du gouvernement et des organes consultatifs nouvellement créés dans des domaines tels que les droits de la femme, les droits de l’enfant, l’accès à la santé, la lutte contre la pauvreté et la participation politique.
Sur la base de cette collaboration et de cette expérience, la Rapporteure spéciale a estimé que le gouvernement est désormais mieux équipé pour tendre la main aux défenseurs des droits humains qui travaillent sur des questions sensibles.
Mme Lawlor a enfin salué l’acquittement de trois défenseurs des droits de l’homme, Jamila Loukil, Kaddour Chouicha et Said Boudour, d’accusations de terrorisme qui pesaient contre eux, devant le tribunal de Dar El Baida, dimanche dernier.
« J’espère que cet acquittement marquera le début d’un processus de révision de l’Article 87 bis, et je me tiens à la disposition du gouvernement algérien pour l’assister à cet égard », a-t-elle réagi. » Genève, 5 décembre 2023
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Amnesty International
Overview
Cette année encore, les autorités ont arrêté et poursuivi en justice des personnes qui avaient exprimé en ligne des opinions dissidentes ou avaient participé à des manifestations. Elles ont aussi continué d’engager des poursuites contre des journalistes et des militant·e·s pacifiques au titre de la législation antiterroriste, et de dissoudre, ou menacer de dissolution, des associations. Des fonctionnaires de l’administration pénitentiaire ont torturé et maltraité des détenus, en toute impunité. Les autorités ont ordonné la fermeture de trois églises et refusé de délivrer un agrément à un certain nombre d’autres ; elles ont restreint le droit à la liberté de circulation de plusieurs militant·e·s et journalistes. Trois avocats ont été traduits en justice, l’un pour avoir défendu des militants politiques, les deux autres parce qu’ils avaient dénoncé une mort suspecte en détention. Trente-sept féminicides ont été signalés ; aucune disposition législative n’a été adoptée en vue de protéger les femmes. Les tribunaux ont prononcé des condamnations à mort ; aucune exécution n’a eu lieu.
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EL WATAN DZ
Situation des défenseurs des droits de l’homme en Algérie : Les 15 recommandations de la rapporteuse spéciale de l’ONU
Madjid Makedhi
6 décembre 2023
La rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, Mary Lawlor, a pu rencontrer des détenus d’opinion dans les prisons, assister à un procès de défenseurs des droits de l’homme et rencontrer différents acteurs.
La rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, Mary Lawlor, fait le bilan de sa visite effectuée en Algérie. Arrivée le 26 novembre dernier, l’experte onusienne fait son constat et soumet une quinzaine de recommandations au gouvernement en vue d’éliminer les «lacunes» relevées dans le traitement des défenseurs des droits humains en Algérie.
Intervenant hier lors d’une conférence de presse animée à Alger, elle affirme d’emblée qu’elle est venue «en Algérie sans aucune idée préconçue». «Je suis une experte indépendante des Nation unies, et je suis indépendante des gouvernements, de la société civile et tout autre acteur. Je suis venue en Algérie sans aucune idée préconçue, et au cours de ces 10 jours à Alger, Tizi Ouzou et Oran, j’ai rencontré de bonne foi des dizaines de responsables gouvernementaux, des fonctionnaires et des défenseurs des droits de l’homme», souligne-t-elle, en remerciant le gouvernement «pour son invitation et la facilitation de sa visite».
Relevant les explications obtenues auprès des membres de l’Exécutif et des responsables des différents organismes officiels, Mary Lawlor met en avant le décalage entre le discours officiel et la réalité du terrain. » (...) Malgré les assurances répétées que j’ai entendues de la part de diverses personnalités gouvernementales, selon lesquelles ‘‘l’Algérie est un pays où règne l’Etat de droit et tout le monde est traité de manière égale devant la loi’’, il est clair pour moi que les défenseurs des droits de l’homme qui choisissent d’opérer en dehors du cadre offert à la société civile par le gouvernement sont confrontés à de grave difficultés», regrette-t-elle.
Poursuivant, elle revient longuement sur le climat général dans lequel évoluent les défenseurs des droits de l’homme en Algérie. Un climat marqué, selon elle, par «la crainte de représailles», «l’intimidation», «les poursuites pénales» et «la limitation de mouvement». «L’une des premières réflexions que j’ai tirées de cette visite est que le terme de défenseur des droits de l’homme est peu compris dans la société algérienne», affirme-t-elle, dénonçant, au passage, «l’empêchement d’un nombre de militants des droits humains de la rencontrer à Tizi Ouzou».
«Réviser les lois vagues et répressives»
La conférencière, qui a pu rencontrer des détenus d’opinion dans les prisons, assister à un procès des défenseurs des droits de l’homme et rencontrer différents acteurs, revient sur les «schémas de violations utilisées pour réprimer les défenseurs des droits, dont l’acharnement judiciaire (...) par le biais de multiples poursuites pénales».
Elle cite, dans sens, les nombreux articles du code pénal utilisés contre cette catégorie de militant, dont l’article 87 bis, 79, 95 bis, 96, 144, 144 bis, 144 bis2, 146 et 149. «La législation actuellement en vigueur est utilisée pour limiter et sanctionner le travail des défenseurs des droits de l’homme (...). La définition du terrorisme dans l’article 87 bis est si vague et si large qu’elle laisse aux services de sécurité une grande marge de manœuvre pour arrêter les militants des droits humains», indique-t-elle, appelant le gouvernement à mettre ces textes en conformité, y compris ceux utilisés pour «restreindre ou interdire la liberté d’expression sous le prétexte de ‘‘l’insulte’’ ou du ‘‘mépris’’». «Ces texte sont en contradiction avec le droit international relatif aux droits humains et à la liberté d’expression», précise-t-elle.
L’experte onusienne appelle aussi à la libération de tous les défenseurs des droits de l’homme emprisonnés pour l’exercice de leur liberté d’expression et d’association, dont la coprésidente du Congrès mondial amazigh (CMA), Kamira N’ait Sid, et Ahmed Manseri.
Plaidant pour la révision de la loi sur les associations, Mary Lawlor émet l’espoir que la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH) et d’association RAJ, dissoutes suite à une plainte du ministère de l’Intérieur, puissent «reprendre leurs places parmi les organisations de la société civile». L’experte recommande également la cessation des «intimidations ciblant les militants des droits humains», l’ouverture d’un large et continu dialogue avec eux, la levée des pratiques limitant leurs mouvements et l’abolition de l’utilisation des ISTN.
Lors de la conférence, l’experte onusienne s’est exprimée aussi sur la situation à Ghaza et a dénoncé les atteintes aux droits de l’homme, tout en invitant le gouvernement algérien à accueillir une partie des militants des droits humains palestiniens pour leur permettre de poursuivre leur travail de dénonciation. La rapporteuse de l’ONU, rappelons-le, devra présenter son rapport sur la situation en Algérie en mars 2025.
11/12/2023
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REPORTERS SANS FRONTIERE (RSF)
CLASSEMENT DE L’ALGERIE EN 2023
136e / 180 pays
En Algérie, la liberté de la presse est confrontée à de nombreuses lignes rouges. Le simple fait d’évoquer la corruption et la répression des manifestations peut valoir aux journalistes menaces et interpellations.
Paysage médiatique
Le paysage médiatique en Algérie n’a jamais été aussi détérioré : les médias indépendants sont sous pression, les journalistes sont régulièrement emprisonnés ou poursuivis, et plusieurs sites Internet sont bloqués. Les médias les plus importants sont les chaînes de télévision privées comme Ennahar TV, Echorouk TV et El Bilad TV, alors que les médias considérés comme les plus sérieux et crédibles sont le quotidien El Watan pour la presse écrite, et TSA et Interlignes pour la presse en ligne.
Contexte politique
Le climat politique est très tendu, notamment depuis l’élection du président Abdelmadjid Tebboune, en décembre 2019. Médias et journalistes subissent de nombreuses pressions, dont la majorité sont exercées par la présidence de la République, les partis politiques, les services de sécurité et les autorités locales. Il est très difficile pour les reporters d’effectuer leur travail de manière libre et indépendante alors que le pouvoir politique a une influence directe sur la nomination et le licenciement des responsables des médias et des autorités de régulation.
Cadre légal
Le cadre législatif est de plus en plus contraignant. Si l‘article 54 de la Constitution garantit la liberté de la presse, il encadre la diffusion d’informations et d’opinions qui doivent respecter “les constantes et les valeurs religieuses et culturelles de la nation”. Une réforme du Code pénal de 2020, criminalise de un à trois ans de prison la diffusion de “fausses nouvelles” et de “discours haineux” visant à porter atteinte “à l’ordre et à la sécurité nationale” ou à “la sûreté de l’État et à l’unité nationale”. Des textes régulièrement utilisés pour condamner les journalistes. Dans ce contexte, censure et autocensure sont très répandues. Un nouveau Code de l’information de 2023 renforce l’encadrement du travail des journalistes et introduit notamment de nouvelles sanctions et une interdiction aux médias algériens de bénéficier de tout financement ou aide matérielle directe et indirecte étrangers sous peine de fortes amendes.
Contexte économique
Le secteur privé souffre depuis 2019, et plusieurs médias et chaînes de télévision ont dû fermer, notamment car les organes de presse sont privés de publicité. Par ailleurs, les subventions d’État ne sont octroyées qu’aux médias publics ou aux médias privés proches du régime.
Contexte socioculturel
L’environnement social et culturel des journalistes diffère du nord au sud. Dans les villes de l’intérieur du pays, les associations locales, le préfet et les groupes religieux ont un pouvoir important et imposent la censure aux journalistes. Le conservatisme social et religieux ont également un poids certain, et les reporters ne peuvent pas aborder les sujets liés à la sexualité ou à la religion.
Sécurité
Les menaces et intimidations auxquelles sont confrontés les journalistes sont en constante augmentation, et il n’existe aucun mécanisme de protection. Les reporters critiques des autorités peuvent subir des détentions arbitraires, font l’objet d’une surveillance et sont placés sur écoute. Les journalistes indépendants ou proches du Hirak, le mouvement de contestation populaire lancé en février 2019, peuvent être la cible de menaces en ligne et de campagnes de haine lancées par des “mouches électroniques” (“doubab”), des comptes anonymes proches du pouvoir. » (18.06.2023)
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LA POLITIQUE EXTERIEURE
SYNTHESE
Le diplomate Ahmed Attaf, né le 10 juillet 1953 à Aïn Defla a été nommé le 18 mars 2023 par le Président Tebboune, ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, en remplacement de Ramtane Lamamra qui occupait cette fonction depuis le 7 juillet 2021, après l’avoir exercée de 1996 à 1999, puis de 2013 à 2017 et brièvement en 2019.
L’Algérie a une longue tradition de non-ingérence et elle est souvent appelée à remplir un rôle de médiatrice dans les conflits.
Mais en raison de l’instabilité à ses frontières, elle se veut une nation armée. Comme indiqué plus haut, son budget militaire est le plus important d’Afrique, le 3e au Moyen-Orient.
Selon le SIPRI, un institut spécialisé dans les questions de défense basé à Stockholm, la Russie reste son premier fournisseur d'armement avec 60% des achats du pays, suivie de la Chine (15%), et l'Allemagne (12%). Avec 13% des importations mondiales, l'Inde arrive en tête de ce classement, suivie de l'Arabie Saoudite (8,2%), les Émirats Arabes Unis (4,6%) et la Chine (4,5%). L'Algérie est classée 5eme importateur d'armes dans le monde
L’Algérie n’a pas approuvé les coups d’Etat militaires au Mali et au Niger, mais s’est ferme- ment opposée à toute intervention militaire comme l’envisageait la CEDEAO avec le soutien de la France.
M. Abdelmadjid Tebboune a réitéré le 16 septembre 2023 devant l’Assemblée générale de l’ONU, l’attachement de l’Algérie au plan de paix arabe comme cadre de règlement de la question palestinienne, pour « mettre fin à l’occupation qui constitue la principale cause de l’instabilité de la région du Moyen-Orient ».
Il a également rappelé l’appui de l’Algérie aux efforts du secrétaire général de l’ONU et de son Envoyé spécial « dans leur quête de relance du processus des négociations directes pour l’organisation d’un référendum qui permette l’autodétermination du peuple sahraoui, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité.
Suite à la tempête Daniel, l’Algérie a envoyé en urgence début septembre une aide humanitaire à la Libye, via un pont aérien de huit avions militaires chargés de produits alimentaires, de matériel médical, de vêtements et de tentes.
Les observateurs notent une réactivation des initiatives politiques et économiques de l’Algérie en Afrique (route transaharienne et gazoduc...)
Conformément à son principe de non-ingérence dans les affaires d’autrui, la diplomatie algérienne s’abstient sur les résolutions des Nations unies mettant directement en cause la Russie. Par contre, elle a voté contre la résolution du 7 avril 2022 excluant la Russie du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies (ONU).
La France est le 3ème client de l’Algérie (10,5 % du total), derrière l’Italie (32,3 %) et l’Espagne (12 %). Très diversifiées, les importations algériennes ont atteint 35,9 Mds USD en 2022, en recul de 3,6 % sur un an (37,3 Mds USD en 2021). Quatre groupes de produits contribuent à plus du tiers de l’ensemble : les biens alimentaires (16 %) essentiellement produits céréaliers et laitiers ; les biens d’équipements industriels (10,9%) ; les produits en plastique (7,3 %) ; enfin les biens d’équipements électriques (5,1 %). Alors que les achats de biens d’équipement industriels ont reculé de 12,9 % à 39,1 Mds USD, ainsi que les achats de biens d’équipement électriques (-29 % à 18,2 Mds USD), les catégories des biens alimentaires (+24,8 %) et des produits en plastique (+19,7 %) ont en revanche vu leurs achats progresser entre 2021 et 2022. La Chine était, en 2022, le 1er fournisseur de l’Algérie (avec une part de marché de 18,6%), suivie par la France (14 %) et l’Italie (7,7 %). (Source : le 27 novembre 2023, Direction générale du Trésor-France).
Balance commerciale 2019 (dernière statistique connue) :
- Un volume global des importations de 41,93 milliards USD, soit un recul de 9,49 %
par rapport aux résultats de la même période de l’année précédente.
- Un volume global des exportations de 35,82 milliards USD, soit une baisse de l’ordre de 14,29 % par rapport aux résultats de l’année 2018.
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DOCUMENTS
LES RELATIONS AVEC LE NIGER (25,25 millions d’habitants)
L’Algérie et le Niger qui ont 951 kilomètres de frontières communes, entretiennent depuis longtemps de bons rapports, notamment sur le plan politique. Au lendemain du coup d’Etat du 26 juillet dernier, qu’elle désapprouve, l’Algérie a pris une position intransigeante contre une éventuelle intervention étrangère visant à rétablir le président déchu Mohamed Bazoum dans ses fonctions. Alors que le régime du général Tiani refuse de rendre le pouvoir et reste sous la menace d’une opération militaire ouest-africaine, Alger essaie de trouver une sortie de crise. M. Attaf, a effectué « une tournée dans trois pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Il s’est rendu au Nigeria, dont le président Bola Tinubu dirige actuellement l’organisation régionale, au Bénin et au Ghana. Il s’était entretenu, le 9 août, à Washington, avec le secrétaire américain, Antony Blinken » […]
Le 29 août, l’Algérie a proposé un plan de transition de six mois pour un retour à l’ordre constitutionnel et démocratique. L’initiative, annoncée au cours d’une conférence de presse à Alger par le chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, réduit de manière drastique la durée de trois ans de la « transition » proposée par la junte.(AFP, 1er septembre 2023)
L’objectif premier d’Alger est de travailler à trouver des « arrangements politiques » internes au Niger « entre toutes les parties », notamment en octroyant des garanties aux putschistes. Il est précisé que la transition serait supervisée « par une autorité civile exercée par une figure consensuelle et acceptée par toutes les couches de la classe politique au Niger pour déboucher sur le rétablissement de l’ordre constitutionnel dans le pays ». […] Le [ministre] préconise également la tenue d’une « conférence internationale sur le développement au Sahel » afin de mobiliser des fonds pour des programmes de développement et « assurer la stabilité et la sécurité de manière durable ». Une médiation malheureusement «contrariée» quelques semaines après son lancement.
Le 27 septembre 2023, les militaires au pouvoir à Niamey avaient « informé, par lettre officielle, le Gouvernement algérien de leur acceptation de la médiation algérienne […] Le ministre algérien des Affaires étrangères et son homologue nigérien « se sont engagés dans des échanges portant sur le programme et le contenu de cette visite », mais « ces échanges n’ont pas été concluants » indiquait un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères. »
« La séquence [avait] quelque peu jeté un coup de froid sur les relations entre les deux pays. Cet épisode relève désormais du passé, puisque les relations diplomatiques entre Alger et Niamey connaissent clairement aujourd’hui un réchauffement […] Les deux ministres se sont, en effet, longuement entretenus sur l’évaluation des relations de coopération entre l’Algérie et le Niger dans différents domaines. Il a ainsi été question de projets économiques de dimension régionale, notamment, dorsale dessinée par la route transsaharienne, et ce, au regard de son rôle dans le développement au Sahel.
Le projet de la transsaharienne est, surtout, destiné à désenclaver un certain nombre de pays africains et devrait faciliter les échanges à l’échelle continentale […] La médiation avec la Cédéao est en bonne voie, nous espérons que très rapidement nous laisserons toute cette situation derrière nous . » (El Watan, 28/12/2023)
GRAVE CRISE ENTRE L’ALGERIE ET LE MALI (21,29 millions d’habitants)
L’Algérie, qui craint les risques d'instabilité sur son flanc sud -– la frontière commune entre le Mali et l’Algérie est de 1 329 km - avait hébergé en 2015 les négociations entre le gouvernement malien et les mouvements rebelles indépendantistes ayant abouti aux Accords d’Alger. Elle avait condamné les putschs militaires de 2020 et 2021, mais s’était opposée à une intervention militaire de la CEDEAO. 108 tonnes de denrées de première nécessité et 400 000 doses de vaccin anti-Covid produit en Algérie avaient été remis en 2022 aux autorités maliennes.
« La seule crainte aujourd’hui, c’est la mise en danger des accords d’Alger en se rapprochant trop de la junte à Bamako, qui est franchement peu incline à leur application. Le risque pour nous est de nous mettre en porte-à-faux vis-à-vis des parties signataires qui peuvent énormément perdre avec ce pouvoir », explique un diplomate proche du dossier. (JeuneAfrique, 28 janvier 2022)
La reprise des hostilités entre l’armée malienne et les groupes politico-militaires signataires de l’Accord d’Alger, a incité Alger, en tant que chef de file de ces Accords, à relancer ce processus de paix. Cette initiative a engendré une grave crise entre le Mali et l’Algérie.
« Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a convoqué [le 21 décembre 2023], l’ambassadeur de la République du Mali en Algérie, Mahamane Amadou Maiga, en réaction à la protestation officielle des autorités maliennes […] Il a appelé « le gouvernement malien à s'associer aux efforts actuellement entrepris par l’Algérie » pour relancer la mise en œuvre de l’accord de paix de réconciliation au Mali […] Le ministre algérien a souligné « l’attachement intransgressible de l’Algérie à l’intégrité territoriale, à la souveraineté et à l’unité nationale du Mali ». ( AA / Alger / Aksil Ouali, 21/12/2023).
REAFFIRMATION DE L’ENGAGEMENT DE L’ALGERIE EN FAVEUR DE LA PALESTINE
Le Président Tebboune a réaffirmé la position de l’Algérie le 19 septembre 2023, devant l’Assemblée générale de l’ONU : « L’Algérie, qui connait bien le prix du recouvrement de la liberté, ne renoncera pas à son appui aux causes justes et à son soutien aux peuples opprimés qui luttent pour leur affranchissement », a-t-il assuré.
C’est en partant de ce principe que l’Algérie a toujours oeuvré pour permettre au peuple palestinien d’accéder à son « droit inaliénable à établir son état indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec comme capitale Al Qods Al Charif », a ajouté le chef de l’État, rappelant qu’il a supervisé personnellement le congrès rassembleur des factions palestiniennes qui s’est tenu à Alger en décembre 2022.
M. Abdelmadjid Tebboune a réitéré l’attachement de l’Algérie au plan de paix arabe comme cadre de règlement de la question palestinienne et pour « mettre fin à l’occupation qui constitue la principale cause de l’instabilité de la région du Moyen-Orient ».
« J’en appelle à la conscience de la communauté internationale pour qu’elle assume la responsabilité morale et historique de permettre au peuple palestinien d’exercer son droit à l’autodétermination et de recouvrer entièrement ses droits », a lancé le président de la République à la tribune de l’ONU.
L’autre appel qu’il a lancé est destiné à la Cour de justice internationale pour qu’elle réponde à la demande de l’assemblée générale de l’ONU du 30 décembre 2022 de rendre son avis consultatif sur les pratiques attentatoires aux droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés […] Le président Tebboune a également réitéré la demande de réunir une assemblée générale extraordinaire afin d’ « octroyer à l’État de Palestine le statut de membre à part entière ».(TSA, 20 septembre 2023)
PERMANENCE DU SOUTIEN DE L’ALGERIE DU DROIT DU SAHARA OCCIDENTAL A L’AUTODETERMINATION
Le 19 septembre 2023 devant l’Assemblée générale des Nations Unies, le Président Tebboune a déclaré « Au Sahara occidental, tout un peuple demeure privé de son droit fondamental à l’autodétermination à travers un référendum libre et honnête conformément au plan de règlement onusien et africain, adopté par le conseil de sécurité en 1991, accepté par les deux parties et qui attend son application », a-t-il déclaré.
Le président Tebboune a dénoncé des « tentatives visant à créer une légitimité à partir d’une non- légitimité », soulignant unque la responsabilité incombe à l’ONU de « défendre la crédibilité de ses décisions ».
« L’appui à l’exécution entière de ses résolutions constitue une préservation de la crédibilité de cette organisation », a-t-il dit.
Aussi, il a réitéré l’appui de l’Algérie aux efforts du secrétaire général de l’ONU et de son Envoyé spécial « dans leur quête de relance du processus des négociations directes pour l’organisation d’un référendum qui permette l’autodétermination du peuple sahraoui, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité » (TSA, 20 septembre 2023)
AIDE HUMANITAIRE A LA LIBYE
« La tempête Daniel a balayé dimanche plusieurs régions de l’est de la Libye, notamment les villes de Benghazi, Al-Bayda et Al-Marj, ainsi que Sousse et Derna, faisant des milliers de morts, de blessés et de disparus […] L’Algérie envoie en urgence des aides humanitaires à la Libye. Via un pont aérien de huit avions militaires chargés de produits alimentaires, de matériel médical, de vêtements et de tentes[…] En réponse à la demande d'aide aux régions sinistrées formulée par le président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed Younes el-Menfi. » |12.09.2023 , Istanbul/AA)
UKRAINE, LA NEUTRALITE DE L’ALGERIE
« Officiellement, l’Algérie est neutre, conformément à son principe de non-ingérence dans les affaires d’autrui. Dans la réalité, cette position est plus ambiguë et vise à se rapprocher encore plus du partenaire russe. Depuis le mois de mars, la diplomatie algérienne s’abstient sur les résolutions des Nations unies mettant directement en cause la Russie. Il lui arrive même de voter contre de tels textes, comme ce fut le cas avec la résolution du 8 avril excluant la Russie du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies (ONU). » (Le Monde diplomatique, février 2023)
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LA SITUATION POLITIQUE
SYNTHESE
La perspective de l’élection présidentielle de décembre 2024 domine à l’évidence la situation politique. Il ne fait désormais plus de doute que le Président Tebboune sera après quatre années de pouvoir, candidat à sa propre réélection. Les changements importants auxquels il a procédé dans le corps diplomatique et parmi les walis n’y sont certainement pas étrangers.
J’ai effectué, entre le 6 et le 17 septembre 2023, un sondage téléphonique auprès de 20 personnes. Ce nombre limité ne lui confère certes pas le caractère scientifique des sondages professionnels, mais le panel est assez représentatif de la population.
Les réponses m’ont surpris. Alors que le Président Tebboune n’a été élu en 2019 que par 5 millions de suffrages sur 42 millions d’habitants, 9 personnes sondées sur 20, le déclarent malgré tout populaire ou moyennement populaire et 10 le déclarent impopulaire, dont 2 le détestent. 15 pensent qu’il sera à nouveau candidat en 2024, 14 avec le soutien de l’armée, contre 4 et 2 abstentions.
Prononçant pour la première fois depuis 1977, le 25 décembre 2023, un discours sur l’état de la Nation devant les deux chambres, le Président Tebboune a insisté sur l’action engagée contre la corruption. Selon Transparency International, ONG chargée de mesurer la perception de la corruption dans la vie politique, l’Algérie était classée en 2022 à la 116ème place sur 180 pays.
Les partis de l’opposition démocratique qui n’ont plus de députés depuis le boycott des dernières élections législatives sont plutôt atones. Le Président, comme on le lira ci-dessous, en profite pour les inviter à des rencontres afin d’obtenir leur soutien à sa politique. Dans le même temps il procède à des suspensions (MDS, PST, RAJ…) ou il interdit la réunion de certains d’entre eux. Curieusement, certains partis d’opposition de gauche acceptent de jouer ce jeu, voire comme le PT de Louis Hanoune le créditent de décisions positives (lire ci-dessous). Une nouvelle loi sur les partis politique est annoncée, quel en sera le contenu ?
Enfin, on notera la rencontre début novembre 2023, d’un représentant du Parti communiste chinois avec les dirigeants du Front El Moustakbel (proche du FLN).
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LARGES CONSULTATIONS DU PRESIDENT TEBBOUNE
« L'année 2023, qui touche à sa fin, a été marquée par de larges consultations menées par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, avec différentes forces politiques et personnalités nationales, qui ont souligné leur adhésion au processus de réformes en cours dans le cadre de la démarche de dialogue et de concertation.
Dès son investiture à la magistrature suprême, le Président Tebboune a ouvert le siège de la Présidence de la République aux partis politiques et personnalités nationales de tous bords, réussissant à créer une cohésion nationale visant à conforter le front intérieur, à appuyer les institutions de l'Etat et à soutenir leurs orientations stratégiques.[…] Parmi les principales personnalités qu'il a rencontrées dans ce cadre, figurent l'ancien Président Liamine Zeroual, l'ancien ministre des Affaires étrangères, Ahmed Taleb Ibrahimi, le commandant de la Wilaya IV historique, le défunt moudjahid Youcef Khatib, l'ancien chef de Gouvernement, Ahmed Benbitour, et l'ancienne ministre et écrivaine, Zhor Ounissi.[ …] Cette démarche ne peut que se renforcer à l'avenir, à la faveur des amendements proposés aux lois relatives aux associations et aux partis politiques et aux codes communal et de wilaya, et ce, dans le cadre de l'adaptation de ces textes aux dispositions de la Constitution de novembre 2020.(APS, 10 décembre 20213)
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« Le président Abdelmadjid Tebboune amorce une nouvelle ère politique en instaurant un dialogue constructif et permanent avec les partis de l'opposition. Hier, il a reçu la secrétaire générale du parti des travailleurs Louisa Hanoune. Le 27 novembre dernier, c'est le nouveau patron du FLN, Abdelkarim Benmebarak qui, à sa demande, a été l'hôte du président de la République. Quelques jours plus tôt, soit le 7 novembre, le chef de l'État a rencontré le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abdelali Hassani, également à la demande de ce dernier. D'autres formations politiques ont, également, défilé au palais d'El Mouradia dont, notamment le plus vieux parti d'opposition, le FFS.(L’expression, 12 décembre 2023)
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LES PARTIS POLITIQUES ALGERIENS
FORCES DU PACTE DE L’ALTERNATIVE DEMOCRATIQUE
On y retrouve, à l'origine, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (avec Said Salhi), le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) avec Mohcine Belabbas à sa tête, le Front des forces socialistes (Ali Laskri), le CAMAN d'Ali Brahimi, Tarik Mira, Hacène Boudjema et Hamid Ouazar[réf. nécessaire], l’UCP de Zoubida Assoul [réf. nécessaire], le Parti pour la laïcité et la démocratie (PLD),de Mustapha Hadni, le Mouvement démocratique et social de Fethi Ghares, le Parti des travailleurs, le Parti socialiste des travailleurs de Mahmoud Rechidi, ainsi que le Rassemblement actions jeunesse (Hakim Haddad)6.
Le 11 novembre 2019, le PLD se retire du PAD à cause du trop faible garanti de la laïcité au sein de l'alliance, dont l'éventuelle participation de l'islamiste Abdallah Djaballah au PAD.
Le 6 novembre 2020, le FFS, annonce son retrait du PAD « pour des divergences de fond avec les partis qui composent cette instance.
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UCP (Union pour le changement et le progrès, progressiste)
L’Union pour le changement et le progrès (UCP) multiplie les activités et tente de s’imposer sur la scène politique nationale. Pour élargir et favoriser le cercle de la réflexion et du débat avec ses militants sur les questions de l’heure, le parti va organiser ce week-end (17 et 18 novembre) son université d’automne au complexe Les Pins d’or de Zemmouri, dans la wilaya de Boumerdès.
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PADS (Parti algérien pour la démocratie et le" socialisme, communiste, Le lien, Alger républicain)
Le PADS a participé du 20 au 22 octobre 2023, à la 23e Rencontre internationale des partis communistes et ouvriers à Izmir en Turquie. (A lire sur Lien pads du 2 Novembre 2023 )
Extraits de la résolution :
« Nous sommes solidaires :
Avec le peuple de Cuba, qui lutte contre le blocus criminel des États-Unis et les efforts des impérialistes pour détruire les réalisations de la révolution cubaine ;
Avec le peuple de Palestine, qui subit l'occupation criminelle israélienne depuis des années, ainsi qu'avec les autres peuples du Moyen-Orient qui subissent l'agression israélienne ;
Avec les peuples d'Europe, d'Amérique, d'Asie…Avec les peuples d'Afrique… Avec les peuples d'Ukraine et de Russie, qui subissent les conséquences d'une guerre menée dans l'intérêt des capitalistes. En particulier, nous voulons souligner que cette guerre, qui se déroule sur le territoire de l'Ukraine, en versant le sang de deux peuples qui ont vécu et prospéré ensemble pendant des décennies en construisant la nouvelle société socialiste et qui, les armes à la main, ont combattu et vaincu le fascisme - que le système capitaliste engendre -, est basée sur le renversement du socialisme et la dissolution de l'Union soviétique… »
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FFS (Front des forces socialistes)
« C’est le premier secrétaire du parti, Youcef Aouchiche, qui a dévoilé, à l’occasion d’une conférence de presse a]nimée samedi 2 septembre au siège national du parti, à Alger, les grandes lignes de [cette l’] initiative, annoncée il y a trois mois de cela. Son objectif ? Raffermir le lien national pour faire face aux menaces auxquelles est exposé le pays.
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RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie, laïc)
« Le parti d’opposition n’a pas reçu d’autorisation administrative pour tenir son conseil national. Une interdiction déguisée qui vient s’ajouter à une longue série de procédures judiciaires visant le RCD depuis qu’il a exprimé son soutien au Hirak. » (Jeune Afrique, 5 décembre 2023)
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MDS (Mouvement démocratique et social, ex-communiste)
« Le conseil d'Etat a ordonné, ce jeudi 23 février 2023, le gel des activités du Mouvement démocratique et social (MDS) » (Interlignes, 23 févr. 2023)
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PT (Parti des travailleurs, trotskiste)
« La Secrétaire générale (SG) du Parti des Travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune a appelé, mercredi à Alger, au renforcement du front interne pour contrer toute tentative de chantage à l'égard de l'Algérie.
Lors d'une conférence de presse consacrée aux points évoqués avec le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune lors de l'audience qu'il lui a accordée hier, Mme Hanoune a affirmé avoir soulevé "la nécessité de renforcer l'immunité de notre pays et sa capacité à résister à travers la résorption des problèmes qui l'affaiblissent, et ce, par la prise d'une série de mesures, notamment dans les domaines social et politique, pour renforcer le front interne".
La SG du PT avait plaidé, lors de sa rencontre avec le président de la République, en faveur de "l'amélioration du pouvoir d'achat du citoyen à travers l'élargissement des mesures sociales positives comprises dans la loi de finances 2024, pour inclure tous les travailleurs et toutes les catégories sociales sans exception", a-t-elle indiqué, ajoutant que le président de la République avait réitéré son attachement "au caractère social de l'Etat et aux acquis de l'indépendance nationale".
Mme Hanoune a indiqué que cette rencontre était également une occasion pour évoquer d'autres questions, à l'instar de "la prise de mesures d'apaisement pour immuniser le pays et renforcer sa capacité de résilience" face aux tentatives de chantage.
Elle a évoqué aussi la loi relative aux partis politiques, soulignant "l'attachement du président de la République à la consultation des partis politiques pour la modification de cette loi".
D'autre part, Mme Hanoune a affirmé que l'agression sioniste contre la bande de Ghaza était l'une des questions qu'elle avait exposées lors de sa rencontre avec le président de la République, où elle a rappelé les positions de son parti en faveur de la cause palestinienne. » (APS, 13 décembre 2023)
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RAJ (Rassemblement action jeunesse)
Le Rassemblement actions jeunesse (RAJ) est une ONG fondée en 1992 dont le siège est à Alger, en Algérie. Ses principales missions sont la sensibilisation et la mobilisation des jeunes aux problèmes sociaux, ainsi que la promotion des activités culturelles et la promotion des droits de l'homme en Algérie.
L'association fait partie des Forces du pacte de l'Alternative démocratique, mises en place dans le cadre du Hirak. Elle a été dissoute par le pouvoir en octobre 2021.
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PST (Parti socialiste des travailleurs)
Le jeudi 20 janvier 2022, le Conseil d’État a annoncé la suspension du Parti Socialiste des Travailleurs et la fermeture de ses locaux.
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FLN (Front de libération nationale, nationaliste)
« Les travaux du 11ème Congrès du parti Front de libération nationale (FLN) ont débuté, samedi au Centre international de Conférences "Abdellatif-Rahal" (Alger).[…] Le SG du parti a, [également], appelé à la nécessité de faire face à toutes les tentatives visant à attenter à la stabilité du pays et ouvrir "de nouvelles perspectives de dialogue et de consensus, afin de créer un véritable consensus national autour des questions principales qui ont un impact sur l'avenir de la patrie et de sa sécurité".
A cette occasion, M. Baadji a salué les "réformes globales menées par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, et les réalisations accomplies dans le cadre du parachèvement de l'édification de l'Algérie nouvelle", soulignant les efforts de la diplomatie algérienne dans la défense des causes de libération de par le monde, en tête desquelles les questions palestinienne et sahraouie. […]Enfin, M. Baadji a rappelé sa décision de ne pas présenter sa candidature au Secrétariat » (APS, 11 novembre 2023)
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RND (Rassemblement national démocratique, nationaliste)
« Le Rassemblement national démocratique (RND) a salué, lundi, les acquis réalisés par l'Algérie au cours des quatre dernières années, se félicitant de la tradition politique instituée par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, à travers son discours à la nation prononcé devant les deux chambres du Parlement.
La même formation politique s'est enorgueillie "des acquis accomplis, par l'Algérie au cours des quatre dernières années, notamment les réformes constitutionnelles et l'engagement en faveur du caractère social de l'Etat à travers le renforcement des acquis sociaux par des mesures solides, à l'instar de la révision de la grille des salaires, l'exemption des personnes à faible revenu de l'impôt, l'institution d'une allocation chômage, la révision des statuts des différents secteurs de la fonction publique et la préservation du pouvoir d'achat des citoyens".
Le parti a également salué "l'engagement du président de la République en faveur d'une économie forte à travers la révision du cadre juridique relatif à l'investissement, le renforcement de la création de startups, et de la production agricole tout en allant de l'avant pour la réalisation de l'autosuffisance". […] S'agissant de la politique étrangère, le parti a affirmé son "soutien absolu aux positions de la diplomatie algérienne sous la direction du président de la République en faveur des causes justes dans le monde, en tête desquelles les causes palestinienne et sahraouie ».(APS,25 décembre 2023)
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MSP (Mouvement de la société pour la paix, islamiste)
Ce parti a voté contre la Loi de finances pour 2024. (à lire sur ce blog à la date du 12 décembre 2023 ) « Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abdelali Hassani Cherif a plaidé, samedi depuis la wilaya d’El-Oued, pour l’instauration d’un "partenariat politique" à même de contribuer à établir un programme politique inclusif et une relance économique globale. […] Abordant la cause palestinienne, le président du MSP a rendu un hommage à la position inébranlable de l’Algérie vis-à-vis de cette cause, à savoir son soutien indéfectible au peuple palestinien pour l’édification de son Etat, avec pour capitale El-Qods, en ajoutant que "l’Algérie a vigoureusement dénoncé l’extermination menée par l’occupation sioniste contre des innocents sans défense dans la bande de Ghaza".
Le président du MSP a appelé à réfléchir à créer un axe de pays rejetant l’odieuse agression sioniste contre la bande de Ghaza, pour servir de tribune de défense des droits spoliés du peuple palestinien. » (APS, 9 décembre 2023)
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FRONT EL MOUSTAKBEL (proche du FLN)
« Le président du Front El Moustakbal, Abdelaziz Belaid, a reçu, dimanche à Alger, une délégation du Parti communiste chinois (PCC), conduite par le vice-président du Département Afrique du Nord au sein du parti, Yu Wei, indique un communiqué du parti algérien.
Lors de cette rencontre, qui s'est déroulée au siège national du Front El Moustakbal, "la délégation du Parti communiste chinois a fait part de sa volonté de nouer des contacts avec les partis algériens et d'échanger avec eux en matière de formation et d'expertises politiques dans divers domaines d'intérêt commun", précise la même source.
A cette occasion, les deux parties ont examiné les questions d'intérêt commun, dont l'agression sioniste contre Ghaza, ajoute le communiqué […] (APS, 5 novembre 2023)
Bernard DESCHAMPS
4 janvier 2024