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27 décembre 2023 3 27 /12 /décembre /2023 13:48

Nous venons d'apprendre avec une immense tristesse la mort la semaine dernière de notre camarade Jacqueline Vigne, ancienne Résistante au nazisme. Les obsèques ont eu lieu dans l'intimité familiale.  J'adresse mes condoléances à sa famille et j'ai une pensée émue pour Betty Jallaguier avec qui elle a si souvent témoigné de la Résistance dans les collèges et les lycées. En 2015, elles étaient toutes les deux présentes pour la pose de la plaque commémorative sur le cèdre planté le 8 mai 1945 dans notre jardin de Montaury par mon beau-père Daniel Mourgues, le papa d'Annie, membre des Francs Titreurs et Partisans Français (FTPF) matricule 73055.

Bernard DESCHAMPS

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Née à Sommières en 1926, elle passe son enfance à Anduze. Son père Paul Lapierre est maire communiste de cette petite ville de 1931 à 1935. Fidèle d’Henri Barbusse et de Paul Vaillant-Couturier il espère une démocratie populaire et reçoit dans la maison familiale Gabriel Roucaute, Etienne Fajon, Raoul Calas.  Durant la guerre, il milite au FN. L’entreprise de travaux agricoles qu’il possède est réduite à néant mais il ne demande aucun dédommagement à la Libération, la reconstruction du pays étant, pour lui, une priorité. Jacqueline Vigne qualifie son père d’utopiste.

Jacqueline fait ses études secondaires à Nîmes. En octobre 1940, son premier geste de « résistance » est de décrocher les portraits de Pétain, elle refuse de se rendre à la cérémonie du « salut aux couleurs », de chanter « Maréchal nous voilà » et trace des V de la Victoire à la craie. Elle colle des affichettes où est écrit « A bas Pétain », « Pétain au poteau », participe à des distributions de tracts et de journaux. Elle se souvient avoir distribué les poèmes de François la Colère (mais ne savait pas alors qu’il s’agissait d’Aragon). Les derniers tracts distribués en juillet 1944 sont en langue allemande pour appeler les soldats à déserter.

La famille Lapierre n’a jamais été inquiétée, la maison servait pourtant de boite aux lettres ; la consigne était : « tu n’as pas d’amis, tu ne parles pas, tu ne dis rien ».

En 1946, elle est une permanente des jeunesses communistes appelées alors JRF, et cotoie Maurice Fayet et Paul Vergnole. Elle épouse Edmond Vigne qui partage ses idées.

Edmond Vigne, né à Nîmes en 1925, fait partie du groupe de Paul Courtieu et d’Henri Julien, arrêté pour avoir dérobé une ronéo aux Ets Lacour. Jugé avec ses camarades par le tribunal militaire qui siège au Fort Saint-Nicolas à Marseille, il est condamné à 20 ans de travaux forcés pour reconstitution de ligue dissoute. Interné successivement au Fort Saint-Nicolas, à Mossac (Dordogne), au Puy d’où le maquis « Wooldy » organise l’évasion de 65 d’entre eux. Il rejoint alors ce camp FTPF où il est officier de liaison avec le grade de capitaine. Recherché et arrêté par les gendarmes d’Yssingeaux, il est remis aux GMR de Vichy qui vont lui faire subir des tortures dont il garde des séquelles toute sa vie. Il est ensuite interné dans la Centrale de Riom jusqu’à la Libération.

Après leur mariage il partent à Paris où il doit  faire un stage, il est alors un permanent du PC. Il passe ensuite des concours et entre à la SNCF, il est nommé à Grenoble.

Jacqueline va alors travailler aux côtés de Jean Capiévic, ancien résistant, dans différents journaux : Les Allobroges jusqu’en 1956, la République de Lyon et le Patriote de St Etienne (dont un des responsables est Montagne), jusqu’en 1959 date à laquelle ces journaux cessent de paraître.

Elle passe ensuite le concours de l’Education nationale et occupe un poste de documentaliste tout en ayant une activité syndicale importante.

En 1983 après le décès de son mari, elle est mutée à Nîmes. Elle fait alors une rencontre qui va décider de son devenir,  celle de Gaby Bastide, femme « extraordinaire » qui a fait passer l’intérêt des autres avant le sien, avant sa famille, et avec qui elle se lie d’amitié. Elle est pour Jacqueline « le révélateur », désormais sa tâche : transmettre les valeurs de la Résistance, valeurs rencontrées dans sa jeunesse chez son père, chez Paul Vergnole, chez son mari, chez ses camarades de Grenoble et chez Gaby Bastide. Au-delà des clivages politiques, elle rencontre des personnes avec qui elle prend plaisir à travailler, comme le général Gérard qui lui demande de devenir la secrétaire du CADIR, Aimé Vielzeuf qu’elle aide dans ses travaux. Elle est devenue et reste en 2008 la « cheville ouvrière » du CADIR, en assurant, en particulier, chaque année, l’organisation du Concours de la Résistance et de la Déportation dans le Gard.F

Fabrice Sugier

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