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31 décembre 2023 7 31 /12 /décembre /2023 14:08

(Dernière mise à jour, mardi 2 janvier 2024, 17h.30)

A l’occasion de sa mort, je viens de relire les Mémoires du Général Nezzar. Il avait approuvé les décisions du Congrès de la Soummam du 20 août 1956  et il admirait Larbi Ben M’hidi et Abane Ramdane (Tome 1, pages 203, 204). Il était également très élogieux à l’égard de Houari Boumediene qu’il considérait comme « un chef proche des combattants » (ibidem, page 150) qui fit « accélérer le processus de modernisation de l’armée » (page 368). Khaled Nezzar participera au coup d’Etat militaire de Boumediene qui renversa Ahmed Ben Bella le 19 juin 1965. Il considèrera par la suite que des « erreurs politiques et économiques » furent commises sous sa présidence (page 398). Il sera critique à l’égard de Chadli Bendjedid. (page 397)

Le général Nezzar a été inhumé hier samedi au cimetière d'El Alia/

Bernard DESCHAMPS

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 Khaled Nezzar, né le 25 décembre 1937 est mort le 29 décembre 2023.

  Khaled Nezzar etait né à Seriana dans l'actuelle wilaya de Batna en Algérie, alors département français. Fils de Rahal Nezzar, sous-officier de l'armée française ayant fait la Seconde Guerre mondiale, il intègra l'école militaire préparatoire de Miliana en 1949, puis celle de Koléa en 1950 et enfin celle d'Aix-en-Provence de 1951 à 1953. Il rejoignit alors l'école de Strasbourg puis l'École nationale des sous-officiers d'active à Saint-Maixent-l'École, d'où il sortit sous-officier. Le 27 avril 1958, il déserta de l'armée française et rejoignit l'Armée de libération nationale.

   En 1964, il intègra l'Académie militaire Frounze, en Union soviétique, puis en 1975, l'École de Guerre à Paris. Il fut nommé commandant des forces terrestres en 1986, et le 16 novembre 1988, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire.

   Le 5 octobre 1988 éclata, en Algérie, une violente contestation qui entraîna des réformes politiques sans précédent. Les principales causes des événements furent la détérioration des conditions de vie : le chômage endémique, l'effondrement de l'économie à la suite de la privatisation de nombreuses entreprises, les privations et la bureaucratie. Dès le 6 octobre, le président Chadli Bendjedid proclama l'état de siège et en confie la responsabilité au général Khaled Nezzar.

   Le 12 janvier 1992, Khaled Nezzar fut le principal artisan du coup d'État qui interrompit le processus électoral qui aurait certainement conduit le Front islamique du salut (FIS), parti islamiste, au pouvoir. Le président Chadli Bendjedid démissionna et un Haut Comité d'État (HCE) fut mis en place. De 1992 à 1994, Khaled Nezzar fut l'un des cinq membres de ce Haut Comité d'État (HCE) présidé par Mohamed Boudiaf. Après l'assassinat de ce dernier, le 29 juin 1992, Ali Kafi, représentant du FLN le remplaça à la présidence du HCE, dont le général Nezzar resta membre. L'Algérie connut alors une période de guerre civile qui dura environ 10 ans. Cette guerre civile, fit selon les estimations, entre 60 000 et 200 000 morts ou disparus.

   Khaled Nezzar échappa à un attentat le 13 février 1993 : un fourgon bourré d'explosifs avait été mis à feu à distance au passage de son cortège, l'explosion ne fit  pas de victimes. Il se retira de la vie politique à l'arrivée de Liamine Zeroual la même année.

   Le général Nezzar porta plainte pour diffamation contre Habib Souaïdia, auteur du livre La sale Guerre publié en 2001, qui dénonçait l'utilisation de la torture par l'armée et les exécutions extrajudiciaires. L'éditeur étant français et l'auteur résidant en exil en France, c'est le tribunal correctionnel de Paris qui fut saisi. Il se prononca pour la relaxe de Souaïdia.

   Arrêté à Genève le 20 octobre 2011 à la suite d'une dénonciation de l'ONG TRIAL, puis de la plainte de deux anciens  terroristes responsables du Front islamiste du Salut, l'accusant de crimes de guerre commis durant les premières années de la guerre civile algérienne (1992-2000). Khaled Nezzar fut entendu deux jours durant par le ministère public de la Confédération (MPC). Il fut remis en liberté sur la promesse de participer à la suite de la procédure. Invoquant son immunité, le général Nezzar contesta la procédure ouverte à son encontre.

L'affaire fut relancée en 2019. Le ministère public de la Confédération suisse (MPC) procèda à l’audition finale de M. Nezzar le 4 février 2022 puis transmit le 28 août 2023 un acte d'accusation au Tribunal pénal fédéral (TPF) pour « crimes de guerre » commis entre janvier 1992 et janvier 1994. À la suite de cette annonce, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, dénonça une « « lecture révisionniste, par la justice suisse, de la bravoure du combat solitaire que l’Algérie a mené contre le terrorisme ».

Dans un contexte des manifestations de 2019 en Algérie, le général Nezzar fut convoqué le 14 mai par le tribunal militaire de Blida, entendu comme témoin par le juge d'instruction dans l'affaire impliquant Saïd Bouteflika, les généraux à la retraite Toufik et Tartag ainsi que Louisa Hanoune.

Le 6 août 2019, le tribunal militaire de Blida  émit des mandats d'arrêt internationaux à l'encontre de Khaled Nezzar, de son fils Lotfi et de Farid Benhamdine, homme d'affaires proche de Khaled Nezzar. Ils étaient accusés de complot et d'atteinte à l'ordre public.

Le procès eut lieu le 23 septembre en l'absence de Khaled Nezzar, de son fils Lotfi Nezzar et de Farid Benhamdine. Considérés en état de fuite, le tribunal militaire de Blida prononça une peine de 20 ans de prison à leur encontre.

Le 11 décembre, il rentra en Algérie et rejoignitt son domicile sans être arrêté.

 

Etaient présents aux obsèques: "le chef d’état-major de l’ANP, le Premier ministre, le directeur de cabinet de la présidence de la République, le secrétaire général du MDN, le commandant de la Garde républicaine, des membres du gouvernement, dont les ministres de l’Intérieur, des Affaires étrangères, de la Justice, de l’Industrie, de l’Energie, de l’Education nationale et du Commerce, le commandant de la Gendarmerie nationale, le patron de la DGSN, les commandants des forces, le commandant de la 1e Région militaire, les chefs des départements et les directeurs et chefs des services centraux du MDN et de l’état-major de l’ANP, des généraux et des colonels à la retraite, à l’instar de Toufik, Touati, Medjahed et Boukhari, et des personnalités des mondes politique et économique, parmi lesquels Soufiane Djilali et Issad Rebrab." (Algérie patriotique, 30 décembre 2023)

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