Par Bernard Deschamps
Dans la nuit de vendredi à samedi, l’offensive d’Israël a redoublé dans la bande de Gaza plongée dans le noir. Communications coupées et destructions d’une ampleur inouïe : l'enclave palestinienne plongée dans le noir a vécu au rythme des explosions et des incendies incessants déclenchés par les raids nocturnes israéliens. Les ONG indiquent avoir perdu tout contact sur place.
"La situation à Gaza devient de plus en plus désespérée d'heure en heure. Je regrette qu'au lieu d'une pause humanitaire cruellement nécessaire, soutenue par la communauté internationale, Israël ait intensifié ses opérations militaires", vient de déclarer Antonio Guterres, le Secrétaire général de l’ONU, lors d'une visite à Katmandou, la capitale du Népal.
Selon le journal La Croix avec l’Agence France Presse du 29 octobre, 8 000 dont la moitié sont des enfants, est le dernier chiffre généralement admis des morts à Gaza du fait des frappes israéliennes.
L'ONU déclare par ailleurs que plus de 19 000 personnes ont été déplacées au Liban.
La situation des hôpitaux palestiniens et de leurs personnels et patients, laisse craindre qu’ils soient pris pour cibles. D’après l’AFP, les bombardements les plus violents de la nuit se seraient concentrés aux abords de l’hôpital Al-Shifa, à Gaza, et d’un autre situé plus au nord, à Jabaliya. Depuis semaines Israël a fermé toutes les voies de ravitaillement menant à la bande de Gaza, ne laissant que quelques convois entrer à partir de l’Égypte, au sud. Le carburant, qui manque cruellement au fonctionnement des stations de désalinisation et aux générateurs des hôpitaux, est toujours formellement interdit par le gouvernement de Netanyahou. La population est au bord de la famine. De leur côté, les parents des 229 otages détenus par le Hamas vivent dans l’angoisse.
En Cisjordanie la situation est de plus en plus explosive. Les attaques de colons israéliens contre la population palestinienne étaient déjà nombreuses, mais elles se sont intensifiées depuis le 7 octobre et l'attaque du Hamas contre Israël.
Les crimes horribles que je condamne, commis par le Hamas le 7 octobre, ne justifient en aucune façon, la politique d’extermination du Peuple palestinien mise en œuvre par le gouvernement d’extrême-droite de Netanyahou, dans le prolongement de sa politique de colonisation et d’annexion.
« Le monde ne doit pas tolérer » ce qui se passe à Gaza », a affirmé samedi la présidente du Comité international de la Croix-Rouge, Mirjana Spoljaric, appelant toutes les parties à la « « désescalade.
L'Assemblée générale des Nations Unies, lors d’une session spéciale, a adopté vendredi 27 octobre une résolution sur « la protection des civils et le respect des obligations juridiques et humanitaires » dans le territoire palestinien occupé. Le texte appelle également à la « « libération immédiate et inconditionnelle » de tous les civils détenus en captivité et exige leur sécurité, leur bien-être et leur traitement humain, conformément au droit international.
Le projet de résolution, présenté par la Jordanie, au nom des pays arabes a été adopté par 120 voix Pour, 14 Contre et 45 Abstentions. La résolution appelle notamment à une « trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue », à ce que toutes les parties respectent le droit international et à une aide continue et sans entrave dans la bande de Gaza. Cette Résolution est malheureusement « non contraignante ».
Dans le monde entier, des manifestations pro-Palestine, qui demandent un cessez-le-feu immédiat à Gaza, continuent de se multiplier. Des milliers de personnes ont manifesté hier, samedi, à Londres ou encore à Paris et à New-York. Dans la capitale britannique, pour le troisième week-end consécutif, un cortège s’est formé à l’appel du mouvement Palestine Solidarity Campaign (PSC) : il est parti des rives de la Tamise afin de suivre un tracé menant à Parliament Square, non loin de Big Ben.
Les partis de gauche ont condamné l’intensification des bombardements sur Gaza. « Le gouvernement israélien ne peut pas bombarder aveuglément les civils », a déclaré le premier secrétaire du PS, Olivier Faure en réclamant un cessez-le-feu. Pour Marine Tondelier des Verts la « stratégie d’Israël (est) que l’on ait peu et bientôt plus d’images de ce qu’il se passe sur place ». Selon Jean-Luc Mélenchon, « un massacre de masse est en cours à Gaza. (…) Ce moment de l’histoire est la honte à jamais pour les criminels qui le commettent, pour ceux qui les soutiennent inconditionnellement, pour ceux qui laissent faire et pour ceux qui ont peur de protester ». Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a dit sa « colère face à l’intensification des bombardements sur Gaza et le massacre de masse qui s’opère sur les hommes, femmes, enfants. Colère aussi face à l’inaction coupable et le silence complice de la Fra nce et de l’Union européenne qui laisse ce massacre se perpétrer ».
Dans le Gard, les rassemblements et les manifestations ont été interdits par le Préfet et Nicole Ziani, une des responsables nîmoises de de France Palestine Solidarité a été convoquée par la police et mise en examen. Vincent Bouget, secrétaire départementale du PCF lui a immédiatement témoigné de la solidarité des communistes gardois et je lui ai, pour ma part, adressé ce message sur les réseaux sociaux : « Son combat est le mien. Ce soir c’est l'enfer à Gaza sous les bombes, alors que l'armée israélienne s'apprête à intervenir au sol. Avec toi ma courageuse camarade, nous poursuivrons le combat pour une Palestine indépendante et souveraine. »
LE PREFET DU GARD A MENTI
C’est par un arrêté du 27 octobre 2023, signé Frédéric Loiseau, Secrétaire général, au nom du Préfet du Gard Jérôme Bonet, que la manifestation qui devait se tenir le samedi 28 octobre à l’appel de l’AFPS-Nîmes et d’autres organisations, a été interdite, ce qui constitue une atteinte grave à la liberté constitutionnelle de manifester et nous rappelle la sombre période de la guerre d’Algérie et des guerres coloniales.
Dans les « considérants » qui motivent cette interdiction, on relève les affirmations suivantes : « Considérant en premier lieu que l’association France Palestine Solidarité (AFPS) est au nombre de celles qui depuis le 7 octobre dernier, organise, en divers endroits du territoire français des manifestations ou rassemblements ayant pour objet d’appeler au soutien des Palestiniens et aux moyens de lutte qu’ils ont choisi pour résister, et justifie voire approuve l’attaque conduite sur l’Etat d’Israël par le Hamas ; que tel a été le cas à Nîmes, Lille, Nantes ou Paris ; que l’AFPS-Nîmes a pris des positions sur les réseaux sociaux qualifiant les actions de l’Etat d’Israël de colonisateur et de régime d’apartheid… »
Outre la faute de syntaxe, on note que le Préfet du Gard adopte une position politique à l’encontre des qualifications de « colonisateur » et de « régime d’apartheid » et profère un mensonge. En effet, l’AFPS n’a pas approuvé les crimes du Hamas, comme en témoigne sa pétition du 14 octobre2023 qui comporte la phrase suivante : « Les crimes de guerre commis par des commandos du Hamas contre des civils israéliens ne peuvent en rien justifier qu’Israël commette d’autres crimes avec l’aval de ses alliés ».
En d’autres temps, nous aurions manifesté, malgré l’interdiction.
Bernard DESCHAMPS
Dimanche 29 octobre 2023