EL MOUDJAHID - DZ
06/09/2023
«Cette déclaration servira de base à la position commune de l'Afrique dans le processus mondial sur le changement climatique jusqu'à la COP28 et au-delà», affirment les signataires de ce texte.
Le sommet de Nairobi a lancé quatre mois de réunions internationales abordant les questions climatiques, qui culmineront avec la conférence de l'ONU sur le climat (COP28) de Dubaï fin novembre, où s'annonce une vive bataille sur la fin des énergies fossiles.
Dans leur déclaration finale, les pays africains demandent notamment à la communauté internationale de contribuer à «augmenter la capacité de production des énergies renouvelables de l'Afrique de 56 gigawatts en 2022 à au moins 300 gigawatts d'ici 2030 (...) pour lutter contre la précarité énergétique et de renforcer l'approvisionnement mondial en énergie propre et rentable».
Ils proposent également d'établir «une nouvelle architecture de financement adaptée aux besoins de l'Afrique y compris la restructuration et l'allégement de la dette», dont le fardeau pèse lourdement sur leurs économies.
Ils appellent aussi les dirigeants de la planète à «se rallier à la proposition d'un régime de taxe sur le carbone, comprenant une taxe carbone sur le commerce des combustibles fossiles, le transport maritime et l'aviation, qui peut également être augmentée par une taxe mondiale sur les transactions financières».
Lors de ces trois jours de réunion dans la capitale kényane, 23 milliards de dollars de promesses d'investissement dans les énergies renouvelables ont été faites, a affirmé le président Ruto.
Les pays pollueurs doivent dédommager l'Afrique de l'Est
L'ONG OXFAM a appelé les dirigeants africains à demander aux pays riches et pollueurs de rendre des comptes et de dédommager l'Afrique de l'Est en raison de la crise climatique, notant que le nombre de personnes dans quatre pays d'Afrique qui ont un besoin urgent d'aide alimentaire en raison d'une grave sécheresse liée au climat, est passé de 20,7 millions depuis 2017 à 43,5 millions. «Les nations riches doivent immédiatement injecter des fonds pour répondre aux 8,74 milliards de dollars de besoins humanitaires de l'ONU pour l'Afrique de l'Est afin de sauver des vies maintenant», a souligné la directrice de l'ONG humanitaire en Afrique, Fati N'Zi Hassane, citée par l'agence de presse kényane, KNA, en marge du premier Sommet africain sur le climat 2023, qui a pris fin hier à Nairobi. Mme Hassane a insisté sur le fait que les plus gros pollueurs devaient payer leur juste part de l'argent dont l'Afrique de l'Est a besoin pour renforcer ses efforts visant à aider ses citoyens les plus vulnérables à se préparer au prochain choc climatique, ajoutant que les fonds devaient être durables, sous forme de subventions plutôt que de prêts.
Ainsi, elle a noté que près de la moitié des fonds, soit 45%, accordés par les pays riches étaient des prêts, ce qui a encore aggravé l'endettement de la région.
A l'approche de la COP28, a-t-elle ajouté, «les voix africaines doivent s'élever pour exiger des pays riches et pollueurs qu'ils réduisent drastiquement leurs émissions (de gaz à effet de serre GES), et dédommagent l'Afrique de l'Est pour toutes leurs pertes et dommages climatiques, afin que la région puisse se remettre de ces chocs climatiques de plus en plus graves». Elle a indiqué que les conditions météorologiques extrêmes et fréquentes causées par le changement climatique ont eu des effets néfastes dans certaines régions du Kenya, de l'Ethiopie, de la Somalie et du Soudan du Sud, épuisant les réserves alimentaires des populations. Mme Hassane a également noté que la crise climatique «a fait des ravages», en particulier chez les femmes et les jeunes filles qui sont obligées de parcourir quotidiennement de longues distances à la recherche d'eau et de nourriture pour nourrir leur famille, et chez les jeunes filles qui abandonnent l'école, sans compter les déplacements de familles.
«Ces quatre pays d'Afrique de l'Est ont subi des pertes estimées à 30 milliards de dollars entre 2021 et la fin de 2023. OXFAM calcule que ces pays ont également perdu du bétail pour une valeur d'environ 7,4 milliards de dollars», a-t-elle noté.
La responsable a également révélé que, bien qu'elles soient largement responsables de l'aggravation de la crise climatique en Afrique de l'Est, les nations riches n'ont versé à l'Ethiopie, au Kenya, à la Somalie et au Soudan du Sud que 2,4 milliards de dollars en financement du développement lié au climat en 2021, alors que cette région d'Afrique aurait besoin de 53,3 milliards de dollars par an pour atteindre ses objectifs climatiques pour 2030. »