Après le Mali, la Guinée, le Burkina Faso, voici que le Niger est le quatrième pays d’Afrique de l’Ouest à connaître (ou à subir) un coup d’État militaire. Ceux-ci résultent évidemment de multiples enjeux politiques et économiques internes, mais on retrouve dans l’argumentaire des putschistes -qu’il ne s’agit pas ici de défendre ou de soutenir un même fil rouge. La bien-pensante y désigne la main de Moscou pour ne pas à avoir à discuter du rejet partout en Afrique de la présence militaire et politique française. On peut toujours déclamer de beaux discours ici sur « la souveraineté ». En Afrique, nos bases militaires sont considérées comme un déni de souveraineté voir un affront de la part de l’ancienne puissance coloniale. De mêmes mouvements de rejet se constatent désormais au Tchad et au Sénégal. Cette présence militaire et les ingérences politiques se doublent ou servent le projet de poursuite du pillage des ressources de ces pays par les grands conglomérats industriels et financiers mondiaux. Ainsi, lorsqu’il se dit ici que l’énergie nucléaire française permet notre autonomie énergétique, on oublie trop souvent que l’uranium qui le permet est extrait dans les sous-sols du Niger.
Ce nouveau « coup d’État » peut aussi être considéré comme une nouvelle défaite dans « la guerre contre le terrorisme ». La seule réponse militaire est inefficace face au djihadisme sahélien. N’avoir pensé l’engagement français toutes ces dernières années que sous le seul prisme du déploiement de forces militaires ne pouvait que conduire à l’échec, alors que notre pays et d’autres pays occidentaux ont un devoir « de réparation » vis-à-vis des peuples d’Afrique » et la responsabilité d’impulser une de coopération pour le développement humain.
La situation créée comporte plusieurs dangers. La communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (la CEDEAO) financée largement par l’Union européenne se dit prête à utiliser la force pour rétablir le pouvoir du président Bazoum, si les discussions entre elle et la junte n’aboutissent pas... Ces enjeux et la construction de nouveaux projets de coopération entre l’Europe et l’Afrique devraient faire l’objet de plus de débats et d’actions nouvelles pour jeter de nouveaux ponts, de nouveaux projets solidaires entre les peuples.