Parenthèse heureuse dans une situation politique extrêmement dangereuse,* j’attendais avec impatience, ce concert annoncé comme un évènement. Je n’avais, en effet, jamais entendu le Trio Tramonto et son instrument vedette, le serpent. J’en avais vu des images, mais ne l’avais jamais écouté. La présence de Grégory Daltin et de son accordéon, habitués des Fêtes de l’Alto, était à mes yeux, une garantie de qualité. Ajoutons-y la virtuosité de Marc Bardoscia à la contrebasse, et j’étais assuré de passer une soirée exceptionnelle.
Imaginez la fusion du free-jazz, du musette des bals d’antan, des airs du folklore populaire et de la musique classique, dans des sonorités alternativement douces, enjouées, nostalgiques, toujours empreintes de délicatesse, et vous aurez le Trio Tramonto.
Tramonto, « coucher de soleil » en italien. Le premier morceau s’intitulera précisément « Les charmes de la nuit ». Le chant, très lent, de la contrebasse, auquel se superposent bientôt les notes de l’accordéon et le jaillissement…de la lune ?
Passeggiata, promenade, accompagnée par la contrebasse et l’accordéon, dont les pas sont rythmés par le serpent sur un tempo lent et grave.
Via Paradiso, qui peut être traduit par, « vers le Paradis » ou « en route pour la ville de Paradiso », interprété par les trois instruments sur le ton de la confidence.
Shüruq, enjoué, mélodieux, à la contrebasse et à l’accordéon, avec les surgissements du serpent.
Quiproquo, par la contrebasse et le mélodica, comme venu du fonds des âges, nostalgique, où cependant perce une note d’espoir jazzy.
Musette, les bals du samedi soir, la musique à trois temps mâtinée de jazz et le petit vin blanc.
Ninna nanna per la piccola, berceuse, entamée doucement par la contrebasse, prolongée par le récit de l’accordéon et la voix du serpent.
Sarra Vecchio Frac, une composition de Domenico Modugno, célèbre auteur-compositeur italien qui fut successivement sénateur puis député du Parti radical, de centre-gauche, anticlérical. Vecchio Frack, interprété par les trois instruments, a été composé à la mémoire du Prince Raimondo Lanza di Trabia décédé en 1954 dans des circonstances suspectes. Triste et délicat.
Marc Bardoscia, Grégory Daltin et Michel Godard, longuement et chaleureusement ovationnés, nous ont offert pour clore ce concert, la reprise de Shüruq. (ci-dessous)
Un grand merci à Viv’Alto, pour cet agréable moment.
Bernard DESCHAMPS
24 juillet 2023
*Dangereuse au plan mondial avec le risque d’une guerre nucléaire et en France avec, hier, les déclarations séditieuses de deux des plus hauts responsables de la police nationale qui témoignent après celles de Darmanin d’une fascisation rampante à l’œuvre dans la société et les institutions.