(Mineurs algériens à Branoux (Gard) en compagnie du responsable de la CGT)
TSA (Algérie)
5 juin 2023
France-Algérie : un ex-Premier ministre appelle à dénoncer l’accord de 1968
Dans une interview au magazine Le Point en mai dernier, Xavier Driencourt, deux fois ambassadeur en Algérie entre 2008 et 2012 puis de 2017 à 2020, a appelé les autorités françaises à annuler l’accord de 68 même s’il faut aller au clash avec l’Algérie.
Le diplomate n’a pas exclu qu’Alger réagisse à une telle décision par la rupture pure et simple des relations diplomatiques avec Paris, mais il a estimé nécessaire que la France franchisse un tel pas.
L’Algérie tient toujours à cet accord et l’a réaffirmé par la voix du président Abdelmadjid Tebboune qui a indiqué en décembre dernier dans un entretien au Figaro que ce texte doit être respecté du moins tant qu’il est en vigueur.
Le gouvernement français a de son côté fait savoir que la révocation du texte n’est pas à l’ordre du jour.
L’accord a été signé en 1968, six ans après l’indépendance de l’Algérie, pour régir la mobilité entre les deux pays et les conditions de séjour des ressortissants algériens en France, afin de combler la situation de vide juridique laissée par l’indépendance de l’Algérie en 1962.
Les autorités françaises de l’époque visaient aussi à travers l’accord de combler le manque de main d’œuvre qu’accusait le pays. « L’accord de 68 était une demande française », rappelle un diplomate algérien.
Aujourd’hui, beaucoup de politiques en France trouvent le texte avantageux pour les immigrés algériens, contrairement à ceux des autres nationalités qui sont soumis aux lois françaises de droit commun, selon eux.
Les avantages dont bénéficient les Algériens en vertu de cet accord concernent notamment les conditions de regroupement familial et d’obtention du titre de séjour.
Algérie – France : tirs groupés contre l’accord de 68
Lorsque, le 20 mai, les trois plus hauts responsables du parti Les Républicains, dont le président Éric Ciotti, ont proposé d’amender la Constitution pour mettre fin à la primauté de la législation européenne et les accords internationaux sur les lois françaises, c’était précisément l’accord de 1968 avec l’Algérie qui était ciblé.
Ce lundi 5 juin, un autre personnage important de la classe politique française a joint sa voix à toutes celles qui voient dans la dénonciation de cet accord un début de solution à l’épineuse question de l’immigration en France.
Il s’agit d’Édouard Philippe, Premier ministre d’Emmanuel Macron entre mai 2017 et juillet 2020. Dans un entretien paru dans L’Express, Édouard Philippe a noté une « particularité nette » en faveur des immigrés algériens, estimant qu’« aucun ressortissant d’un autre État ne bénéficie de tels avantages ».
Même s’il reconnaît que les relations avec l’Algérie sont « historiques » et « extrêmement puissantes », l’ancien locataire de Matignon a estimé qu’il n’est « plus justifié » de maintenir cet accord avec « un pays avec lequel nous entretenons des relations compliquées ». Pour lui, il s’agit d’une « immigration du fait accompli ».
La nouvelle provenance « géographique » de l’immigration en France, soit d’Afrique du Nord et d’Afrique subsaharienne, semble aussi poser problème à Édouard Philippe qui souligne que depuis le début des années 2000, l’augmentation de la population française est de 9 % tandis que le nombre d’étrangers a augmenté de 53 %.
Après sa démission du gouvernement en juillet 2020, Édouard Philippe a fondé un parti politique, Horizons, incarnant l’aile droite de la majorité présidentielle. Il est aussi maire de la ville du Havre.