TSA DZ
Par: Ryad Hamadi 07 Juin 2023
Nouvelles interrogations sur la visite de Tebboune à Paris
Le président Abdelmadjid Tebboune effectuera-t-il une visite à Paris durant la deuxième quinzaine du mois de juin dans un contexte marqué en France par les tirs groupés contre l’accord de 1968 ?
Rien ne permet de l’exclure, même si, dans les colonnes de la presse française, cette interrogation revient sans cesse, suivie de spéculations sur les raisons qui font que ce déplacement, prévu de longue date, n’a toujours pas lieu. La dernière communication officielle d’Alger et de Paris a fixé la visite pour la deuxième quinzaine de juin.
Le président Emmanuel Macron a effectué en août dernier une visite en Algérie qualifiée par les observateurs de très réussie. Les deux pays avaient alors tourné la page de la grave crise provoquée par des propos tenus une année plus tôt par le président français sur l’Algérie, ses dirigeants et son histoire.
Au terme de la visite, les deux parties ont signé la « Déclaration d’Alger pour un partenariat renouvelé » et annoncé une visite similaire du président Tebboune à Paris. (Voir mon commentaire sur ce blog à la date du 11 octobre 2022, ndlr ).
Le 15 janvier dernier, les deux présidents sont convenus au cours d’un entretien téléphonique que la visite aura lieu en mai, sans fixer de date précise.
Mais trois semaines plus tard, le 8 février, une grave crise éclate entre Paris et Alger, qui a procédé au rappel de son ambassadeur en France pour protester contre le « rôle » des services consulaires français dans l’embarquement pour la France, à partir de l’aéroport de Tunis, de l’activiste Amira Bouaoui, alors qu’elle était interdite de sortie du territoire national.
Cette nouvelle brouille ne sera toutefois pas aussi longue que la précédente. Les choses sont rentrées dans l’ordre le 24 mars à l’issue d’un autre entretien téléphonique entre les deux chefs d’Etat qui, outre le retour de l’ambassadeur d’Algérie à son poste, ont aussi évoqué la visite programmée de M. Tebboune à Paris.
Cela signifiait que le déplacement était maintenu. La presse française a même avancé qu’il aura lieu entre le 2 et le 5 mai. Mais la présidence algérienne a annoncé le 23 avril que le déplacement aura finalement lieu dans la deuxième moitié de juin, après un nouvel entretien téléphonique entre Macron et Tebboune.
A mesure qu’approche l’échéance, les spéculations vont crescendo quant au maintien ou non de la visite.
Des titres de la presse française avancent même que le rendez-vous est à nouveau décalé. Le Parisien écrit dans son édition de ce mercredi 7 juin que « Paris mise sur une visite à la rentrée de l’automne ». Le journal dit tenir l’information d’une source diplomatique qui lui précise toutefois que « tout reste ouvert » et qu’il ne s’agit que de « simples problèmes d’agenda ».
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Le Parisien et Europe 1
7 juin 2023
Au-delà de ce « casse-tête calendaire », les médias s’interrogent si le « froid » n’est pas revenu entre les deux capitales.
Le Parisien cite quelques faits qui pourraient avoir créé une nouvelle brouille : le livre brûlot de Xavier Driencourt, ambassadeur de France en Algérie à deux reprises, l’appel de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe à révoquer l’accord de 1968 sur l’immigration ou encore la résolution du Parlement européen sur l’Algérie.
Si la visite a lieu comme annoncé dans la deuxième quinzaine de juin, elle surviendra dans un contexte pour le moins particulier, l’actualité en France étant en effet dominée par le débat sur l’opportunité de maintenir ou pas des accords de 1968.
De nombreux poids lourds de la classe politique française se sont prononcés pour la révocation du traité jugé » avantageux » pour l’immigration algérienne.
Le parti Les Républicains serait même sur le point de passer à l’action en envisageant le dépôt d’une motion pour la révocation de l’accord, selon le Journal du Dimanche.
Bien que le gouvernement français a exclu formellement une telle option, toute cette agitation ne plaît pas à Alger, à en croire L’Opinion qui rapporte que les propos de l’ancien Premier ministre français ont été particulièrement mal reçus en Algérie où on dénonce par ailleurs « le mercantilisme électoral des droites françaises ».
« Nous n’avions pas besoin qu’Edouard Philippe surfe sur la vague migratoire en pointant l’Algérie, d’autant qu’il jouissait plutôt d’une bonne image dans notre pays », a déclaré une source que l’Opinion présente comme étant « proche du pouvoir à Alger ».
Des analystes à Paris estiment que la remise en cause de l’accord pourrait donner lieu à une grave crise entre les deux pays. Ce serait « un casus belli pour Alger », a même soutenu l’historien Pierre Vermeren.
De son côté, Alger n’a pas réagi à la polémique sur la suppression de l’accord de 1968. Pour la visite de Tebboune à Paris, rien n’a changé non plus, selon nos sources. « On s’en tient au dernier communiqué annonçant la visite de Tebboune à Paris durant la deuxième quinzaine du mois de juin », affirment nos sources.