J’ai trouvé par hasard cet article qui m’avait alors échappé, du média algérien national Algérie 360 ° paru en 2017 concernant mon ouvrage Chroniques algériennes, 2006-2016 publié en Algérie, mais qui n’est pas édité en France. Bernard DESCHAMPS
“Chroniques algériennes 2006-2016” De Bernard Deschamps: Manifeste d’un défenseur des libertés.
Par s.sihem 22 mai 2017
« Paru aux éditions El-Ibriz, cet ouvrage revient sur les relations franco-algériennes pendant les dix dernières années, sous la plume d’un admirateur de la guerre de Libération nationale.
Construites à la manière d’un journal intime, ces Chroniques algériennes, parues dernièrement aux éditions El-Ibriz, nous glissent dans la peau de cet instituteur de formation, homme politique français et ancien président-fondateur de l’association France – El-Djazaïr, qu’un lien très fort lie à notre pays, car même envoyé en Algérie durant la guerre, il ne cessera de dénoncer les agissements du système colonialiste. Un journal personnel romancé qu’est cet ouvrage nous pourrions dire, à travers les dix chapitres consacrés à la décennie 2006-2016.
Une période qui nous est décrite dans les moindres détails et aussi loin que les souvenirs de notre narrateur remontent, puisque l’actualité politique ou ses remembrances sont accompagnées d’anecdotes, d’élans reminiscents de Deschamps dès qu’il foule ce sol. Dans l’avant-propos, il donne “les dix clés pour comprendre l’Algérie”, en soulignant l’attachement du peuple à son indépendance, ses acquis après la guerre anticoloniale, mais aussi ses contradictions, comme l’indissociabilité de l’Algérie et de l’islam, et sa vigilance à l’égard de l’intégrisme religieux, son ouverture à la mondialisation d’un côté, et son “patriotisme économique” de l’autre, avant de conclure que, finalement, “seul le peuple décidera de ces contradictions”. L’ancien député PCF du Gard livre son analyse du contexte sociétal, politique et diplomatique, avec un regard d’admirateur du combat du peuple algérien pour son indépendance, de magnanime et surtout d’ami.
Mais ce qui attire le plus dans ces 423 pages rédigées au fil de ses réflexions et déplacements, c’est sa façon de nous présenter ses visites, où l’émotion et le plaisir de se retrouver dans sa terre d’adoption sont manifestes, comme dans les ruelles de La Casbah, au cimetière chrétien de Saint-Eugène où sont enterrés des résistants comme Fernand Yveton, guillotiné un certain 11 février 1957, ainsi que la dernière reine de Madagascar, Ranavalona III, déportée en Algérie jusqu’à sa mort en 1917, ou encore dans la belle Ghardaïa et sa “mosaïque rose, opale et bleue”. Une plume qu’on devine fébrile mais assurément extatique de renouer avec cette terre, pour laquelle Deschamps déclame si bellement son amour.
Par ailleurs, l’ouvrage donne à voir l’intérêt porté de l’auteur aux différents courants politiques algériens, qui se traduiront par des rencontres avec leurs dirigeants, comme Saïd Sadi, membre fondateur du RCD, avec lequel il discutera de laïcité, de l’identité algérienne avec “sa berbérité, arabité, islamité et son français”, et des rapports au pouvoir, qui mèneront l’ancien président du parti à s’interroger sur l’après de cette “Algérie arrivée à la fin d’un cycle biologique”. Aussi, Deschamps n’hésite pas à dénoncer, de son point de vue, “le monopole de l’État sur les médias audiovisuels” au détriment des partis politiques dont l’influence se retrouve dès lors limitée, ou encore l’emprisonnement des journalistes par le pouvoir, alors que “théoriquement”, précise-t-il, “la presse est libre”.
L’analyse des relations franco-algériennes revêt elle aussi une importance capitale, tant celles-ci sont données par un connaisseur des deux nations, qui note un net réchauffement de rapports diplomatiques post-sarkozysme, à l’arrivée de François Hollande, “le seul qui est allé le plus loin dans la condamnation du colonialisme”. Une coopération qui contribuera “à l’essor de l’une et de l’autre si elle est équitable et mutuellement avantageuse”. Nous noterons en sus la grande culture de l’auteur qui, au-delà de sa connaissance des rouages politiques, dissémine çà et là de nombreuses références littéraires sur Faulkner, Cézanne ou encore Ali Mellal. »