Comme chaque année, le 8 février 2023 commémorons le crime du 8 février 1962 au Métro Charonne.
Devant la stèle de la bourse du travail CGT de Nîmes.
1300 avenue Georges Dayan, 30900 Nîmes à 18 h.
Nous étions à 40 jours des Accords d’Evian qui allaient mettre fin à huit ans d’une guerre atroce contre le peuple algérien en lutte à juste titre pour accéder à l’indépendance et se débarrasser du joug colonial.
Les tueurs de l’OAS, au nom de « l’Algérie française », se déchaînaient en Algérie et en France, multipliant les attentats, tuant, mutilant. Le 8 septembre 1961, le général de Gaulle avait échappé à un attentat à Pont-sur-Seine. Le 7 février 1962, dix attentats ont lieu en France, dont un contre l’écrivain André Malraux, blessant grièvement une petite fille de son immeuble, Delphine Renard.
La riposte est immédiate. A l’appel des syndicats CGT, CFTC, UNEF, SGEN, FEN et SNI, et le soutien du PCF, du PSU et du Mouvement de la Paix, 60 000 personnes défilent à Paris. Des milliers en province. A Nîmes, la Galerie Jules Salles comble .
A l’issue de la manifestation parisienne du 8 février 1962, alors que le cortège se dispersait, la police aux ordres du pouvoir, chargea au Métro Charonne, faisant neuf morts.
N’oublions pas leur nom : Jean-Pierre Bernard, Fanny Dewerpe, Daniel Féry, Anne-Claude Godeau, Édouard Lemarchand, Hippolyte Pina, Suzanne Martorell, Raymond Wintgens, Maurice Pochard.
Daniel Féry avait 15 ans.
L’émotion est considérable. Le 12 février, 1 million de personnes manifestent à Paris, 4 000 à Nîmes, 2 500 à Alès. Cette riposte massive est à la hauteur de la gravité de la situation. Bien plus importante que celle, quelques mois plus tôt, le 17 octobre 1961, contre le pogrom au cours duquel des centaines d’Algériennes et d’Algériens furent massacré-es ou noyé-es dans la Seine. Cela doit nous faire réfléchir.
Adhérent-es de la CGT, les victimes de Charonne étaient presque toutes/tous membres du Parti Communiste Français. Preuve, s’il en était besoin, de l’engagement des Communistes et de la CGT contre les guerres coloniales et pour l’indépendance des pays colonisés. Certes, le PCF a commis des erreurs, comme les pouvoirs spéciaux accordés au chef du gouvernement socialiste, Guy Mollet, le 12 mars 1956, faute que les députés communistes corrigèrent quelques mois plus tard. Mais sans les Communistes, la bataille de l’opinion publique n’aurait pas été gagnée.
Le combat contre les guerres coloniales prit différentes formes. Certain-es furent des porteurs de valises du FLN algérien. Des soldats désertèrent. D’autres restèrent dans l’armée, sur les conseils du PCF, pour convaincre leurs camarades de ne pas porter les armes contre les combattants de l’indépendance. Nombreux/ses furent les Communistes qui distribuèrent des tracts, beaucoup de tracts, qui ont contribué au recul des préjugés coloniaux longtemps majoritaires dans l’esprit des Français.
Toutes ces actions ont été utiles, mais que se serait-il passé, s’il n’y avait pas eu les initiatives du PCF et des Communistes ? La leçon vaut aussi pour aujourd’hui.
Bernard DESCHAMPS
8 février 2023