Premiers signataires de la tribune ci-dessous;
Nils Andersson, éditeur
Jean Asselmeyer, cinéaste
Marie-Laurence Attias, productrice
Khadicha Bariha, monteuse
Jean-Pierre Bastid cinéaste
Jean-Denis Bonan cinéaste
Mustapha Boutadjine, artiste
Sylvie Braibant, autrice
Sandrine-Malika Charlemagne, écrivaine
Francis Combes, éditeur
Monique Dental, militante féministe
Bernard Deschamps, ancien député
Serge Garde, journaliste
Khaled Ghorbal, cinéaste
Gérard Halie, responsable du Mouvement de la Paix
Mina Kaci, journaliste
Rachid Koraïchi, peintre
Lazhari Labter, journaliste-écrivain
Christophe Lafaye, historien
Pierre Mansat, militant associatif
Samia Messaoudi, responsable de l'association Au nom de la mémoire
Paul Morin, politiste-chercheur
Nadjia Nezzal, représentante du prix littéraire Fetkann Maryse Condé en Algérie
Jacques Pradel, Association Nationale des Pieds-Noirs Progressistes et leurs Amis
Alain Ruscio, historien
Dominique Sopo, président de SOS Racisme
Benjamin Stora, historien
Lilian Thuram, président de la Fondation pour l'éducation contre le racisme
Arnaud Viviant, critique littéraire
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Pierre Mansat
0676860863
pierremansat@gmail.com
www.pierremansat.com
10, La Gravelle 22690 Pleudihen sur Rance
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TRIBUNE:
"Indépendamment des relations entre États et gouvernements, nous sommes nombreuses et nombreux, en France, à nous engager pour des liens de solidarité entre les peuple salgériens et français.
Nous sommes nombreuses et nombreux à nous investir dans des initiatives concrètes de coopération, de partenariat culturel, social, économique….
Les années passées ont vu se développer à la fois la connaissance de l’histoire commune, colonisation, guerre de libération nationale et des actes consolidant cette évolution, laquelle doit continuer à perdurer.
Près de soixante et un ans après l’indépendance de l’Algérie, des actes, aussi symboliques soient-ils, peuvent largement contribuer à renforcer l’amitié entre nos deux populations, si proches dans bien des domaines. Des actes comme celui qui motive cette tribune.
En 1852, pour écraser un soulèvement, l’armée coloniale française forte de 6000 hommes, et sous le commandement de trois généraux - Pélissier - Yussuf et Bouscaren - assiège une commune du sud algérien : Laghouat. La bataille commence le 21 novembre.
Le 4 décembre, Laghouat est prise d’assaut. Les massacres durent plusieurs jours et n’épargnent personne : les combattants, les femmes, les enfants, les vieillards. Plus des deux tiers des habitants périssent dans des conditions insoutenables. Les estimations fontétat de 2500 morts.
Il ne restera quasiment plus rien de cette ville et de sa splendeur. Une ville aux portes du désert, où se pratiquait le commerce transsaharien, où musulmans de rites différents et juifs vivaient en harmonie dans un univers peuplé d’arbres fruitiers.
La « prise » de Laghouat est fêtée à Paris : les étendards des résistants sont exposés en la cathédrale Saint-Louis des Invalides où un te deum est célébré. Pélissier rapporte un trophée : une clé de la ville. En 1864, pour commémorer cette « grande victoire militaire », le nom de Laghouat est donné à une rue de Paris.
Ce crime de guerre est resté dans la mémoire collective des Laghouati sous le nom de « Am el-Khalia, l’année de l’anéantissement »
La clé et les étendards sont propriété du Musée de l’Armée. Le journaliste et écrivain algérien, Lazhari Labter (auteur de « Laghouat, la ville assassinée » ) a publié une lettre ouverte au président de la République, Emmanuel Macron, lui demandant d’agir pour la restitution de la clé et des étendards. A ce jour, la lettre est restée sans réponse.
Nous faisons nôtre cette initiative. Nous nous engageons à faire connaître ce crime de guerre. Notamment en proposant à la ville de Paris d’installer une plaque commémorative/explicative rue de Laghouat, dans le XVIIIe arrondissement de Paris.
De même, nous soutenons le processus de restitution de la clé et des étendards. Certes, les objets des musées nationaux sont inaliénables, mais il s’agit, dans ce cas, d’une prise de guerre. Ils ne sont donc pas entrés dans les collections nationales « normalement ».
Aussi, leur restitution ne nécessite pas une loi, mais une demande de la part d’une autorité politique algérienne ou bien d’une institution. Un musée par exemple.
Nous soutenons cette légitime demande de restitution.
L’histoire et la mémoire doivent pouvoir se confronter en toute sincérité. De la réalité naissent le défrichage, les déchirures, les souffrances. Jusqu’à trouver les clefs de tracer ensemble d’autres chemins pour demain."