(Etude par B.D.)

La Ligue des Etats Arabes (1) créée en 1945 au Caire comprend 22 pays : Algérie, Arabie Saoudite, Autorité palestinienne, Bahreïn, Comores, Djibouti, Égypte, Émirats arabes unis, Irak, Jordanie, Koweït, Liban, Libye, Maroc, Mauritanie, Oman, Qatar, Somalie, Soudan, Tunisie, Yémen.

La Syrie qui en était membre, mais n’avait pas appliqué le plan  de la Ligue de « sortie de crise » et d’arrêt de la répression de l’opposition, en a  été suspendue en 2011. Cette décision avait été prise par 18 voix contre 4 (Irak, Liban, Syrie, Yémen). L’Algérie avait approuvé cette sanction mais maintenu son ambassadeur à Damas. Sera-t-elle réintégrée comme le souhaite l’Algérie ? C’est un des enjeux de ce sommet.

La décision de tenir le sommet à cette date (le dernier a eu lieu en 2019) a été prise le 9 mars 2022 par le Conseil ministériel de l’organisation panarabe quelques jours après l’agression de l’Ukraine par la Russie.

La Ligue arabe majoritairement pro-occidentale est traversée par de profondes divisions. Le vote à l’ONU condamnant la Russie en est une nouvelle illustration. La Syrie a voté contre cette condamnation, 19 pays l’ont approuvée. L’Algérie s’est abstenue. Ce qui est également la position de l’Autorité palestinienne qui avait démissionné en 2020 de la présidence de la LEA en raison du refus de celle-ci de désavouer le rapprochement de certains pays arabes avec Israël (2).

Faute de consensus, la LEA  n’a jamais pu prendre une décision au sujet du  Sahara occidental, certains pays  appuyant  sa marocanité, tandis que d’autres comme l’Algérie soutiennent la position de l’ONU du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

En ce qui concerne la Palestine, la Ligue arabe a adopté en 2002 à Beyrouth, et confirmé lors d’un autre Sommet de la Ligue en 2007 à Riyad, une  « initiative de paix » connue sous le nom d’« Initiative saoudienne », approuvée à l’époque par le défunt Président Yasser Arafat, et qui, selon le communiqué officiel  (BBC News du 28 mars 2002), se prononce en ces termes:

« A. Retrait complet des territoires arabes occupés, y compris les hauteurs du Golan syrien, jusqu'à la ligne du 4 juin 1967 et des territoires encore occupés au sud du Liban.

B. Parvenir à une solution juste au problème des réfugiés palestiniens à convenir conformément à la résolution n° 194 de l'Assemblée générale des Nations unies.

C. _ Accepter la création d'un État palestinien indépendant et souverain sur les territoires palestiniens occupés depuis le 4 juin 1967 en Cisjordanie et dans la bande de Gaza avec Jérusalem-Est pour capitale.

En retour, les États arabes feront ce qui suit :

Envisager la fin du conflit israélo-arabe, signer un accord de paix avec Israël et parvenir à la paix pour tous les États de la région

Établir des relations normales avec Israël dans le cadre de cette paix globale.»

Lors de sa rencontre le 30 mars 2022    avec le Secrétaire d’Etat des Etats-Unis, Antony J. Blinken, le Président Tebboune a indiqué : « Concernant la question palestinienne, la position algérienne reste maintenue. Une décision a été prise à la Ligue arabe de faire la paix avec Israël, et qu'Israël reconnaît l'État de Palestine, et c'est ce que nous suivons en ce moment.»

La tenue de ce sommet à Alger, l’année du 60^e anniversaire de l’Indépendance, s’inscrit dans une volonté algérienne de desserrer un relatif isolement à la suite du boycott des élections par la majorité de la population. L’Algérie déploie dans ce but une intense activité  diplomatique.

Le Président Tebboune s’est rendu en visite d’Etat en Arabie Saoudite, en Egypte, au Koweit,  au Qatar, en Tunisie et en Turquie dont il est très proche. Il a reçu Sergueï Lavrov le MAE de Russie, ainsi que  les ambassadeurs d’Ethiopie, du Nigéria… Depuis sa nomination en juillet 2021, le ministre des Affaires Etrangères, Ramtane Lamamra a multiplié les rencontres. Il s’est entretenu avec ses homologues des organisations et des pays suivants : Bosnie, Chine, Egypte, Irak, Italie, Liban, Mali, Niger, Russie, Soudan, Syrie, Tunisie, Union Africaine, USA…Il a été reçu par les chefs d’Etat, Michel Aoun au Liban,  Bachar Al Assad en Syrie et par Mustapha Al Kazimi, le Premier ministre d’Irak

L’Algérie veut faire du Sommet d’Alger, « le sommet de la réunification »,  « réunifier le camp arabe ». Il sera pour cela nécessaire de créer des « consensus » (La Sentinelle, Liban, 8 mars 2022). Selon le Président du Liban qui cette année préside la Ligue, l’objectif du sommet est : « la consolidation de la solidarité interarabe et le renforcement de l’action arabe commune ». 

Cette réunification  se fera-t-elle au prix de concessions de l’Algérie sur la Palestine et le Sahara Occidental ? La présence au Sommet, du Maroc proche d’Israël, suscite à cet égard des inquiétudes, bien que la déclaration du Président Tebboune soit sans ambiguïté et que le ministre Lamamra ait toujours fait preuve de fermeté à cet égard (3). Si l’Algérie venait à reculer sur ces deux points, ce serait pour la première fois une remise en cause fondamentale de sa politique extérieure traditionnelle à laquelle le peuple algérien est très attaché. Je veux croire que ce ne sera pas le cas. L’avenir nous dira ce qu’il en est.

Bernard DESCHAMPS

5 août 2022

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1-La Ligue arabe est composée de vingt-deux membres : sept membres fondateurs auxquels se sont ajoutés par la suite quinze autres pays signataires, représentant une population d'environ 444,52 millions d'habitants : Algérie, Arabie Saoudite, Autorité palestinienne, Bahreïn, Comores, Djibouti, Égypte, Émirats arabes unis, Irak, Jordanie, Koweït, Liban, Libye, Maroc, Mauritanie, Oman, Qatar, Somalie, Soudan, Syrie (suspendue en 2011), Tunisie, Yémen.

Pays fondateurs :

La Charte de l’Association d'États arabes indépendants, destinée à promouvoir leur coopération fut signée le 22 mars 1945 au Caire par l'Égypte, la Syrie, le Liban, l'Iraq, la Transjordanie (devenue en 1949 la Jordanie), l'Arabie saoudite et le Yémen.

Cinq pays observateurs :

Brésil, Érythrée, Venezuela, Inde, Turquie.

Présidence tournante, actuellement : Liban.

Secrétaire général :

Ahmed Abou al-Gheït, ancien ministre égyptien des affaires étrangères, avait été désigné secrétaire général de la Ligue arabe en 2016 en remplacement de Nabil Al Arabi. Il a été réélu à l’unanimité pour cinq ans en 2021.

La Secrétaire générale adjointe, la Dr Haifa Abu Ghazaleh a été sénatrice à la Chambre haute du Parlement jordanien Avant sa nomination, Le Dr Abu Ghazaleh a été directrice du programme régional du bureau régional des États arabes du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme ( UNIFEM ).

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2-septembre 22, 2020

Reuters/VOA

Se sentant trahie, la Palestine abandonne la présidence de la Ligue arabe

La Palestine a quitté sa présidence actuelle des réunions de la Ligue arabe, a déclaré mardi le ministre palestinien des Affaires étrangères, condamnant comme déshonorant tout accord arabe visant à établir des liens formels avec Israël.

Les Palestiniens considèrent les accords que les Émirats arabes unis et le Bahreïn ont signés avec Israël à Washington il y a une semaine comme une trahison de leur cause et un coup porté à leur quête d'un État indépendant dans le territoire occupé par Israël.

Au début de ce mois, les Palestiniens n'ont pas réussi à persuader la Ligue arabe de condamner les nations qui rompent les rangs et normalisent leurs relations avec Israël.

La Palestine était censée présider les réunions de la Ligue arabe pendant les six prochains mois, mais le ministre des affaires étrangères Riyad al-Maliki a déclaré lors d'une conférence de presse dans la ville de Ramallah, en Cisjordanie, qu'il ne voulait plus de ce poste.

La normalisation des pays arabes avec Israël a déclenché un élan de solidarité entre les factions palestiniennes. Mardi des responsables de la faction Fatah du président Mahmoud Abbas basée en Cisjordanie et du mouvement islamiste Hamas devaient tenir des discussions de réconciliation en Turquie.

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3- R. LAMAMRA/« Au sujet de la Palestine, le chef de la diplomatie algérienne a appelé les membres du Mouvement à "apporter leur soutien aux efforts internationaux visant à s'attaquer aux causes profondes du conflit", en soulignant "l’impératif de mettre fin à l'occupation et de permettre au peuple palestinien de créer effectivement son Etat indépendant avec Al-Lods comme capitale".

S’agissant du Sahara Occidental, M. Lamamra a indiqué que "la reprise du conflit armé, entre le Royaume du Maroc et le Front Polisario, mérite une plus grande attention de la communauté internationale". Il a appelé le Secrétaire Général de l'ONU à "accélérer la nomination de son Envoyé Personnel et à lancer un processus politique crédible entre les deux parties au conflit, dans le but de parvenir à une solution politique juste et durable qui assurera l'autodétermination du peuple de la République Sahraouie, membre fondateur de l'Union

Africaine (UA)".APS, 14 juillet 2021

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Sommet arabe d’Alger, Abu Ghazaleh : «intenses préparatifs à la ligue arabe»

La Secrétaire générale adjointe et chef du département des affaires sociales de la Ligue arabe, Haïfa Abu Ghazaleh, a déclaré, hier à Alger, que le sommet arabe, prévu début novembre prochain à Alger, sera un «sommet de consensus arabe». «Nous espérons que le sommet d'Alger soit un sommet de consensus arabe», a indiqué Mme Abu Ghazaleh, dans une déclaration à l'APS, en marge des travaux de la conférence internationale sur «Le militantisme de la femme algérienne : de la guerre de Libération au processus d'édification», tenus au Centre international des conférences (CIC) Abdelatif-Rahal, tout en souhaitant le succès de ce rendez-vous important qui sera rehaussé par «la présence des dirigeants arabes sur la terre d'un million et un demi million de martyrs».

D'intenses préparatifs sont en cours au niveau de la Ligue arabe en prévision de ce sommet, a-t-elle fait savoir, rappelant la récente visite effectuée par le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, en Algérie, où il a été reçu par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, avec lequel il a passé en revue les principaux points à aborder lors du sommet. «Le sommet d'Alger, qui ne sera pas uniquement consacré aux questions d'ordre politique, abordera également les questions socioéconomiques d'intérêt commun pour le monde arabe», a-t-elle ajouté.

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AHMED ABOUL GHEÏT MET FIN À L’INTOX : « L’Algérie prépare très sérieusement le Sommet arabe »

Au sortir de sa rencontre avec le président Tebboune, le chef de la Ligue arabe a dû avoir le cœur net sur l’avancée remarquable des préparatifs du prochain Sommet arabe à Alger. I l a ainsi exprimé la confiance de l’organisation en les capacités de l’Algérie quant à relever le double défi, organisation et succès des travaux du rendez-vous. Émanant d’Ahmed Aboul Gheït en personne, ces affirmations sont à même de clouer le bec à ceux qui ont parié sur l’échec du Sommet arabe. Le Makhzen, puisque c’est de ses organes de propagande qu’il s’agit, a beaucoup investi pour torpiller le rendez-vous d’Alger. Et pour cause, non seulement pour avoir trahi la cause palestinienne- placée au cœur de ce Sommet- mais surtout qu’il obéit désormais au doigt et à l’œil de son allié sioniste. Avant même de mettre pied en Algérie, le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a eu une idée sur les préparatifs du Sommet arabe qu’il estime « très sérieux » en prévision et dont la tenue est maintenue à la même date et au même lieu. « J’ai soumis au président Tebboune un rapport exhaustif sur ce dont nous avons convenu avec mon frère et ami, M. Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères, concernant les préparatifs de ce Sommet », a d’emblée indiqué Aboul Gheït dans une déclaration à la presse au sortir de l’audience que lui a accordée le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. « Les préparatifs en Algérie sont très sérieux pour la tenue de ce Sommet les 1e et 2 novembre prochain », a-t-il précisé avec force de conviction. « Nous continuerons, en tant que Secrétariat général de la Ligue arabe et ministère algérien des Affaires étrangères, à préparer ce Sommet », a-t-il assuré l’Algérie du soutien total de l’organisation. Des propos qui mettent fin à la campagne d’intox menée par le Makhzen qui a laissé entendre, à travers ses relais médiatiques, que l’Algérie n’aurait pas eu le consensus nécessaire parmi les pays arabes pour pouvoir tenir ce Sommet. Preuve encore à la confiance qui anime l’esprit du SG de la Ligue arabe ainsi placée en l’Algérie, il souligne qu’il « se rendra au Centre international des conférences (CIC) «Abdellatif-Rahal » pour s’enquérir des modalités de tenue du sommet et de tout ce qui est de nature à en assurer le succès ». Qualifiant sa visite en Algérie de « très positive », Aboul Gheït a affirmé que sa rencontre avec le chef de l’État algérien était l’occasion pour « évoquer, de manière très approfondie, la situation sur les scènes régionale, arabe et internationale », soulignant qu’il avait écouté, avec « un vif intérêt », les vues du président de la République et l’intérêt particulier « sincère et honnête » qu’il porte à la région arabe, ainsi que « ses analyses concernant la situation internationale sensible ».

Farid Guellil

Le Courrier d'Algérie QUOTIDIEN NATIONAL D'INFORMATION, Directeur de la publication - Gérant : Ahmed TOUMIA

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