Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 août 2022 5 19 /08 /août /2022 09:50

J’aime le train. Le train me berce et m’endort. De Nîmes à Rennes c’est un véritable plaisir. De l’autre côté de la vitre, défile une partie de la France. Après Massy, c’est pour moi une découverte. Jusqu’au Mans se succèdent d’immenses surfaces moissonnées. Du Mans à Rennes, les emblavures alternent avec la culture du maïs, sur des parcelles petites ou moyennes. Je plains les éleveurs qui cette année en raison de la chaleur ne pourront pas utiliser le maïs desséché pour nourrir leur bétail.

Après seulement cinq heures et demie nous arrivons en gare de Rennes. Une gare au design moderne. Des couloirs aériens qui se croisent, à l’évidence construits pour dérouter le voyageur. Heureusement Cécilia et Charles m’attendent. Ils m’éviteront de me perdre dans ce labyrinthe. Une demi-heure de route jusqu’à Vicomté-sur-Rance et nous franchissons la grille d’entrée du parc du manoir où nous allons loger. Une demeure princière toute de granit clair, couverte d’ardoise fine. Un toit en poivrière coiffe la tour d’angle. Nous sommes au pays des fées, des korrigans  et des druides qui, n’en doutons pas, célèbrent ici, Samain, Imbolc, Beltaine et Lugnasad. Ce parc avec ses grands arbres, est à l’évidence un lieu privilégié pour la cérémonie du gui, la plante sacrée des druides, qu’ils vont couper le sixième jour de l’année celtique (approximativement le 1er novembre) en s'exclamant : "O Ghel an Heu", qui signifie littéralement "Que le blé germe !", et  qui a donné naissance à l’expression "Au gui l'an neuf !".

Charles qui est breton sera notre « gruide » tout au long de notre séjour.

Nous sommes en bordure de l’estuaire de la Rance qui prend sa source dans les monts du Mené à Collinée, dans le département des Côtes-d'Armor, et se jette dans la Manche entre Dinard et Saint-Malo dans le département d'Ille-et-Vilaine. Estuaire célèbre pour son usine marémotrice, mais dont l’ensablement suscite des inquiétudes de plus en plus vives.

La construction de ce prototype, produisant de l'électricité à partir de l'énergie des marées, est une décision du général de Gaulle qui a inauguré l'usine fin 1966. Bien qu'elle ait fait quelques émules à l'étranger, l'usine de la Rance reste unique en France. Pourtant, sa production d'électricité est loin d'être négligeable: avec ses 24 turbines de 5,35 m, aux pales orientables selon le sens de la marée, cette usine de 240 mégawatts (MW) pourvoit en moyenne aux besoins de 250.000 foyers, soit l'équivalent d'une ville comme Rennes.

Pour les besoins de l'usine, l'embouchure de la Rance a été fermée par un barrage d'une longueur de 750 m, surmonté d'une route. Mais le barrage a accentué l'envasement de l'estuaire et modifié le milieu.

Un envasement dont les impacts sont à la fois écologiques et économiques. Les différents milieux naturels de l'estuaire sont fragilisés, ainsi certaines espèces de poissons, les poissons plats ont notamment disparu, les effets sont aussi très néfastes pour les oiseaux nicheurs. Mais les conséquences de l'envasement sont également économiques pour les ports du fleuve, comme celui de Dinan dont l'accès est rendu de plus en plus difficile pour les plaisanciers.

Si personne ne remet en cause l'usine, beaucoup exigent un plan d'action pour débarrasser l'estuaire des sédiments accumulés.

Un plan quinquennal a bien été mis en place (2018-2023) pour extraire la vase. Il aurait dû démarrer au 1er juillet 2018, mais rien n'a commencé. Un rapport rendu à l'été 2017 par une mission diligentée à l'époque par la ministre de l'Écologie Ségolène Royal,  préconisait un curage du piège à sédiments du Lyvet, l'extraction de 250.000 m3 de boues sur cinq ans - à raison de 50.000 m3 par an - et un programme de recherche et développement pour la connaissance de la dynamique sédimentaire.

Qui va payer la facture qui en raison de l’ampleur des travaux, pourrait s'élever à 9 millions d'euros ? Entre les collectivités locales, l'Etat et EDF, la part de chacun n'a toujours pas été déterminée.

 

DIMANCHE APRES-MIDI

A peine nos bagages déposés, sans perdre une minute, nous partons à la découverte. Anna-Sofia et Naël se baigneront sur une jolie petite plage, à l’évidence snobée par les touristes, mais fréquentée par la population locale. Des familles avec beaucoup d’enfants. Un plaisir ! Nous souperons sur la terrasse d’une crêperie, dans le Port de Dinan. Au menu, cidre, galettes de sarrasin-saucisses et glace au caramel et au beurre salé. Puis, à l’heure où les ombres s’allongent, nous remonterons la rue du Jerzual bordée de  maisons en encorbellement, aux  colombages de différentes couleurs et qui conserve jalousement ses pavés disjoints.

 

LUNDI

Grâce à Ann-Charlotte et Frédéric qui ont le souci de notre santé et qui sont allés acheter des croissants, des brioches et du pain (que nous recouvrons de belles couches du réputé beurre salé de Bretagne), le petit déjeuner du matin est un moment précieux qui nous met en forme pour la journée. Ce matin plage.

A 6 km de Dinard, en bord de Manche, Saint-Briac est une jolie commune de 2000 habitants qui a inspiré les peintres parmi lesquels Paul Signac. L’eau est un peu fraîche mais agréable et il fait chaud en sortant en dépit de la brise marine qui est un bienfait en ces temps de canicule.

Dinard ! Je rajeunis de soixante-quatorze ans. J’avais seize ans en 1948. L’année du brevet élémentaire et du concours d’entrée à l’Ecole normale d’Instituteurs de Parthenay. Et l’année du camp des Eclaireurs de France auquel je participai…à Dinard. C’était un lieu ombragé – dont je suis incapable de situer l’emplacement - au sol sablonneux qui nous permettait, avec du sable et de l’eau,  de faire la vaisselle des bonamos. Je n’étais jamais retourné à Dinard.

Nous prenons ensuite jusqu’à Roche Brune, le sentier des Douaniers qui serpente au pied des hautes murailles qui entourent les somptueuses villas construites sur les bords de la Rance. A nos pieds des rochers déchiquetés et battus par les vagues. Le vent du large en rafales nous fouette le visage. En face de nous, de l’autre côté de l’estuaire, Saint-Malo et sa ceinture fortifiée. Le sentiment d’être sur le pont près à l’abordage. Nous sommes Duguay-Trouin et  Surcouf et rapportons le précieux butin conquis au fil du sabre. Les touristes nombreux en cette saison qui nous croisent et nous bousculent en passant, nous ramènent sur terre…en ayant failli nous jeter à la mer.

Souper et soirée tranquille au manoir. Les rayons du soleil couchant illuminent le faîte des arbres du parc qui se parent de teintes vert sombre à mordorées, puis rousses, avant que la nuit progressivement les enveloppe.

MARDI

Dans la fraîcheur relative du matin, au Port de Lyvet, nous prenons le chemin  de halage qui conduit  au Port de Dinan en  longeant la Rance dont les flancs rocheux et boisés abritent de belle villas, avec de loin en loin des bancs pour se reposer. Randonneurs, joggeurs, cyclistes s’y croisent en se saluant. Une merveilleuse balade.

A midi, hot-dog breton en bord de mer.

Après ce rapide casse-croûte, nous embarquons à Dinard pour traverser l’estuaire jusqu’à  Saint-Malo.  Nous sommes assis à l’avant du bateau. A mesure que nous avançons, les remparts de la cité des corsaires peu à peu se précisent. De la masse bistre émergent peu à peu les mâchicoulis, puis les créneaux, les meurtrières, et  surplombant le tout,  les immeubles des anciens armateurs dont les fenêtres vitrées nous renvoient les rayons du soleil. Enfin, après dix trop courtes minutes, nous arrivons à quai et nous débarquons près d’une porte qui permet d’entrer directement dans la ville. Nous faisons un tour des remparts qui nous permet d’admirer les îlots rocheux du Petit Bé et du Grand Bé où gît la sépulture de Châteaubriand, avant de nous rendre en ville, au n°3 de la rue éponyme où il naquit. Notre visite est un peu gâchée par la foule des touristes qui ont envahi la ville.

J’avais fait hier, la connaissance de Barbara et de Dominique, le papa de Charles. Je fais ce soir la connaissance d’une grande partie de la famille, frères et sœurs, cousins et cousines. J’aime ces rencontres familiales où se retrouvent jeunes et moins jeunes dans la diversité de leurs parcours, actifs et retraité-es, étudiant-es, intermittents du spectacle, communicante, chef-fes d’entreprises et salarié-es, dentistes, dépositaires de presse, kiné-es, agents immobiliers, entrepreneurs de travaux publics, concessionnaire automobile, agent territorial, avocat-es…La dégustation de spécialités culinaires bretonnes apportées par chacun-e est arrosées de vins du Gard. Comme il s’agissait d’un buffet, nous allions de l’un-e à l’autre pour échanger. Pour parler de nos familles, de nos régions, de leurs cultures. Rire, plaisanter, mais aussi aborder des sujets sérieux, l’électronucléaire, le suivi des enfants en difficulté, l’Algérie et même…la différence entre Lénine et Trotski ! Une soirée animée, en musique, qui se termina fort tard. Anna-Sofia s’est régalée à danser. Naël aussi en jouant au loup dans le noir du parc avec les autres enfants.

MERCREDI

Parmi mes lectures de jeunesse, René-François de Châteaubriand occupe une place privilégiée, aux côtés de Jean-Jacques Rousseau. Curieux, n’est-ce pas, tant ils sont différents. L’Emile, Le Contrat Social, ont beaucoup contribué à mon évolution idéologique. Les Mémoires d’outre-tombe, c’est différent. Les motifs de l’intérêt que je portais à leur lecture sont complexes et plongent au plus profond. Peut-être d’abord une certaine similitude entre la dure discipline et la vie sans gaîté imposées à l’écrivain alors enfant et ce que je vivais. L’atmosphère religieuse dans laquelle j’ai baigné enfant et le  souvenir prégnant de la chouannerie dans mon village des Deux-Sèvres, n’étaient pas non plus si éloignés de l’atmosphère médiévale dans laquelle il avait vécu. J’ai d’ailleurs toujours éprouvé de l’attraction pour les châteaux-forts. Et puis, et puis…mais là, l’introspection devient plus difficile, il y a chez Châteaubriand, un sens de la continuité historique de la France, par-delà les évolutions, les ruptures, les révolutions, que j’éprouve presque viscéralement. Enfin je ne suis pas insensible à son style que d’aucuns diront ampoulé, et qui sera celui des Romantiques.

J’avais donc très envie, après son lieu de naissance à Saint-Malo, de me rendre à Combourg.

« Enfin nous découvrîmes une vallée au fond de laquelle s’élevait, non loin d’un étang, la flèche d’une église d’une bourgade. A l’extrémité occidentale de cette bourgade, les tours d’un château féodal montaient dans les arbres d’une futaie éclairée par le soleil couchant ».(P.219)

A partir de l’immense terre-plein dont l’herbe est jaunie par la sècheresse de cet été exceptionnel, la forteresse se dresse devant nous grise, imposante, compacte avec ses quatre tours d’angles « surmontées d’un toit pointu, comme un bonnet posé sur une couronne gothique ».

« Sa triste et sévère façade présentait une courtine portant une galerie à mâchicoulis, dentelée et couverte […] Le château entier avait la figure d’un char à quatre roues »(P.220)

On y accède  par un monumental escalier de pierre qui compte 22 marches, nous dit Châteaubriand. Anna-Sofia qui ne croit que ce qu’elle voit en a compté 35.

« Nous montâmes le perron ; nous pénétrâmes dans un vestibule sonore, à voûte ogivée…»(P.220)

Dès l’entrée, nous sommes subjugués par l’éclat et la splendeur du plafond peint et de la décoration des murs. Le blason des Châteaubriand est mis en valeur, fleurs de lys sur fond rouge, portant la devise « Mon sang teint la bannière de France » en souvenir de l’aïeul qui,  lors de la Bataille de Mansourah (1250), fit dévier le coup de poignard destiné au roi Louis IX (Saint-Louis). La bataille de Mansourah avait eu lieu après la prise de Damiette. Les remparts d’Aigues-Mortes – ville chère à mon cœur - d’où Louis IX partit pour la 7e croisade, furent construits sur le modèle de ceux de Damiette.

L’immense Salle des Gardes sous plafond à la française « semé d’écussons coloriés et d’oiseaux peints », a été scindée en deux grandes pièces, l’une pour les réceptions, l’autre comme salle à manger, richement meublées d’armoires et de dessertes ouvragées, et séparées par une cheminée monumentale. Ici et là, des pendules impressionnantes qui donnent l’heure exacte.

« Deux corridors, à plan incliné, comme le corridor de la grande Pyramide, partaient des deux angles extérieurs de la salle et conduisaient aux petites tours. Un escalier serpentant dans l’une de ces tours, établissait des relations entre la Salle des Gardes et l’étage supérieur… » (P.221)

Après avoir grimpé de nombreuses marches, nous accédons au chemin de ronde de  la courtine. A nos pieds, un magnifique paysage éclaboussé de soleil, et «  un étang, la chaussée de cet étang sur laquelle passait le grand chemin de Rennes,  un moulin à eau, une prairie couverte de troupeaux de vaches… » (P.222)

Pour parvenir à la chambre où dormait Châteaubriand dès l’âge de huit ans jusqu’à ses dix-huit ans, nous empruntons des escaliers étroits, tortueux, malaisés, ceux-là même que l’enfant devait emprunter le soir en s’éclairant d’une bougie, après avoir accompagné sa mère et ses sœurs à leur chambre. Une épreuve. Pour se retrouver dans une chambrette sous les toits, exigüe, sans décoration, grinçant et soupirant par grand vent, quand ce n’étaient pas les fantômes qui profitaient de la nuit pour visiter le château. Certes, un chat noir avait bien été emmuré vivant lors de la construction, dont on a retrouvé la dépouille exposée sous une cloche de verre, mais cette cruelle précaution n’avait pas suffi pour chasser les esprits maléfiques et le jeune Châteaubriand entendait certaines nuits le pilon d’une jambe de bois frapper les marches des escaliers de ce château truffé de « cachots » et de « souterrains murés ».

Son lit est toujours là. Dans un cadre de bois comme celui que j’ai longtemps eu dans notre petite maison des Horts à Soudorgues. Anna-Sofia est très impressionnée par cette visite.

Méfiez-vous des flatteurs ! J’avais fini par les croire et cet après-midi j’ai été rattrapé par mon âge. A vingt-cinq kilomètres du manoir, juste avant d’arriver à la plage, j’ai eu un coup de pompe. Annélie a téléphoné à Adil qui était resté travailler et qui a tout quitté pour venir me chercher. Ah ! le bonheur d’avoir des enfants, des petits-enfants et arrière-petits-enfants aimants.

Après m’être reposé, j’ai pu ce soir pleinement participer au repas de fruits de mer préparé par Cécilia et Charles, avec la famille proche.

JEUDI

Avec ses larges artères pavées, bordées de maisons à colombages, Dinan, malgré l’afflux de  touristes, conserve son âme médiévale. C’est une ville souriante où l’on se sent bien. Ayant garé notre voiture près de la Basilique Saint-Sauveur, ce sera notre première visite. La juxtaposition d’une architecture romane du 12e siècle et du gothique flamboyant du 15e, lui confère un caractère original plein d’attrait. Mais ce sont les vitraux qui m’ont le plus captivé. A part Le vitrail des Evangélistes (Jean, Luc, Marc et Mathieu) qui date du 15e siècle, la plupart ont été réalisés dans la seconde partie du XXe, par l’atelier Barillet dont le fondateur,  le maître-verrier  Louis Barillet (1880-1948), fut l’un des rénovateurs de l'art du vitrail dans l'esprit du style Art déco.  De grands aplats de couleurs vives à dominante bleue. J’ai particulièrement apprécié Anne de Bretagne, Saint-Clément le patron des pêcheurs et l’évocation des soldats en tenue bleu horizon dans les tranchées de la première guerre mondiale.

Notre déambulation dans les rues animées de la ville nous conduit ensuite à la Tour de l’horloge, un beffroi du 15e siècle, octogonal, haut de  quarante-cinq mètres. Une des cinq cloches, la cloche des heures,  porte le nom de Duchesse Anne.

J’avais été séduit par la rue du Jerzual. Je suis conquis par Dinan.

Cette merveilleuse escapade dans la région qui sera peut-être bientôt celle de Cécilia, prend fin à 15h.29, heure à laquelle je reprends le train qui me ramène à Nîmes.

Faire la connaissance d’une nouvelle famille, découvrir de nouveaux paysages sont des moments privilégiés. Mais le plus important fut le temps passé à regarder vivre Anna-Sofia et Naël. Je les vois régulièrement, mais vivre avec eux plusieurs jours de suite, c’est autre chose. Ils me surprennent à chaque instant. Leurs réactions devant telle ou telle situation me ravissent. La tchatche de Naël, son esprit de répartie. L’attention et l’attitude réfléchie d’Anna-Sofia. Naël et les crabes. Anna-Sofia nageant d’une brasse ample en eau profonde. Anna-Sofia attentive pendant les quarante-cinq minutes de visite du Château de Combourg. Naël en chevalier, heaume sur la tête, épée à la main. Naël apprenant avec son papa à écrire le A et le N d’Anna. Anna-Sofia, décortiquant avec élégance des moules marinières. Anna-Sofia confectionnant une envoûtante boisson magique de sorcière. Anna-Sofia élégante dans la robe bleue achetée à Dinard. Naël pratiquant le Kung Fu avec Charles. Naël endormi lové dans les bras d’Annélie sa maman. Anna-Sofia sportive faisant la roue sur la plage. Anna-Sofia passionnée de danse. Anna-Sofia mettant le couvert pour le repas du soir. Anna-Sofia grande fille et Naël qui déjà a des allures de petit homme. Anna-Sofia et Naël pas très rassurés sur le cheval blanc de Barbara.

Leur complicité avec leur Tata Cécilia…

Les voir grandir. Quel bonheur !

 

Papy avec la participation de Cécilia et de Charles.

Août 2022

 

 

 

 

Ô BREIZH !
Ô BREIZH !
Ô BREIZH !
Ô BREIZH !
Ô BREIZH !
Partager cet article
Repost0

commentaires

G
J'ai énormément apprécié le récit que tu fais de cette courte semaine en Bretagne. Merci pour ce moment fort agréable de lecture. Amitiés. Roger
Répondre

Présentation

  • : ww.bernard-deschamps.net
  • : Blog consacré pour une grande part aux relations entre l'Algérie et la France.
  • Contact

Recherche

Pages

Liens