El Moudjahid
12/06/2022
Editorial
Tollé
Le revirement à 180 degrés de Madrid auquel personne ne s’attendait a déclenché une vague de réprobation en Espagne et soulevé l’indignation d’une opinion publique espagnole traditionnellement favorable à l’émancipation du peuple sahraoui.
La position de Pedro Sanchez vis-à-vis du conflit qui oppose le Maroc au Front Polisario est largement rejetée, voire stigmatisée, car elle porte un sérieux coup d’estocade aux efforts des Nations unies et du nouvel Envoyé personnel du secrétaire général et, conséquence plausible, contribue directement à l’aggravation de la situation au Sahara occidental et dans la région.
À gauche comme à droite, ses alliés et ses soutiens parlementaires l’ont fait savoir avec véhémence, l’accusant, ainsi que son exécutif, d’avoir cédé au chantage du Palais royal marocain. Avec une extrême virulence, la dirigeante du parti Ciudadanos, Inès Arrimadas, a qualifié le Chef du gouvernement de danger public.
«La politique étrangère d'un pays est quelque chose qui n'appartient pas à un chef de gouvernement, car c'est l'image de l'Espagne. Cela peut avoir des retombées géopolitiques très graves», a-t-elle déclaré dans une interview publiée par La Razon.
Le gouvernement Sanchez a asséné un coup sans précédent à la politique internationale espagnole, a encore critiqué le dirigeant du PP, craignant que ses compatriotes n’en paient les conséquences.
Il est vrai que c'est une volte-face radicale et unilatérale de la part d'un pays qui est la puissance administrante de jure du Sahara occidental.
L'Espagne a toujours défendu une solution sur la base des résolutions des Nations unies, ce qui signifie clairement une défense de l'autodétermination du peuple sahraoui pour parachever le processus de décolonisation. Voilà que tout tombe à l’eau.
Selon nombre d’analystes, Pedro Sanchez a étrillé une position jusque-là consensuelle, hypothéquant démesurément le bénéfice d’une sage neutralité, faisant courir à son pays la possibilité de perdre son statut dans la recherche d’une solution juste et durable à un conflit vieux de 47 ans.
Pedro Sanchez, tout comme l’ex-Président des États-Unis, Donald Trump, ne changera rien à la situation, pour des raisons très simples : le Sahara occidental relève d’un processus de décolonisation à résoudre selon le plan de règlement UA/ONU, à travers l'organisation d'un référendum libre et équitable.
La Quatrième Commission de décolonisation n’a de cesse de réitérer le droit imprescriptible du peuple sahraoui à l'autodétermination.
Pour dissiper les doutes, l'institution onusienne a demandé à la Cour pénale internationale un avis consultatif émis le 16 octobre 1975, indiquant que le Maroc n'a jamais eu de souveraineté sur le Sahara occidental.
Par ailleurs, la RASD siège à l'Union africaine et entretient des relations diplomatiques suivies avec de nombreux pays.
C’est une question qui ne peut être résolue qu’à travers l’application du droit international et de la doctrine bien établie des Nations unies et de l’Union africaine.
Autrement dit, l’exercice authentique des Sahraouis de leur droit inaliénable à l’indépendance, conformément aux dispositions de la Résolution 1514 (XV). Dont acte.
El Moudjahid
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Lettre du 18 mars 2002 de Pedro Sanchez au Roi du Maroc
Majesté
J’ai l’honneur de m’adresser à Votre Majesté pour lui transmettre quelques idées importantes pour les nouvelles relations entre les Royaumes du Maroc et d’Espagne.
Nos deux pays sont inextricablement liés par une histoire, une géographie, des intérêts et une amitié communs. Je suis convaincu que les destins de nos deux peuples le sont aussi, la prospérité du Maroc est liée à celle de l’Espagne et inversement. Notre objectif doit être de construire une nouvelle relation, basée sur la transparence et la communication permanente, le respect mutuel et le respect des accords signés par les deux parties et s’abstenant de toute action unilatérale, afin d’être à la hauteur de l’importance de tout ce que nous partageons et de prévenir de futures crises entre nos pays.
Je reconnais l’importance de la question du Sahara Occidental pour le Maroc et les efforts sérieux et crédibles du Maroc, dans le cadre des Nations Unies, pour trouver une solution mutuellement acceptable. En ce sens, l’Espagne considère que la proposition marocaine d’autonomie présentée en 2007 est la base la plus sérieuse, crédible et réaliste pour résoudre ce différend.
Dans ce nouveau contexte, vous avez ma garantie que l’Espagne agira avec la transparence absolue qui correspond à un grand ami et allié. Je vous assure que l’Espagne tiendra toujours ses engagements et sa parole.
J’attends avec impatience l’occasion de rencontrer Votre Majesté dans les meilleurs délais pour renouveler et approfondir la relation privilégiée entre nos deux pays frères, dans un esprit de dialogue étroit et pour réitérer notre détermination à relever ensemble des défis communs, notamment la coopération en matière de gestion des flux migratoires en Méditerranée et en Atlantique, agissant toujours dans un esprit de coopération totale et rétablissant la pleine normalité dans la circulation des personnes et des biens, au bénéfice de nos peuples. Toutes ces actions seront menées afin de garantir la stabilité et l’intégrité territoriale de nos deux pays.
De même, j’espère que nos deux ministres fixeront conjointement une date pour la visite du ministre des Affaires européennes, de l’Union européenne et de la Coopération à Rabat, afin de commencer à travailler pour construire ensemble cette nouvelle relation entre nos deux pays.
Veuillez agréer, Votre Majesté, l’expression de mes sentiments les plus distingués. »
Le Monde
Le Maroc dépose à l'ONU un plan d'autonomie pour le Sahara occidental
Les indépendantistes du Front Polisario ont rejeté le plan, qui consacre la souveraineté marocaine, et présenté un projet alternatif préservant le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui.
Par Florence Beaugé et Philippe Bolopion (à New York)
Publié le 12 avril 2007 à 14h10 - Mis à jour le 12 avril 2007
Le Maroc a soumis à l'ONU, mercredi 11 avril, un projet d'autonomie pour le Sahara occidental, visant à "mettre fin à l'impasse" de plus de trente ans sur le statut de l'ancienne colonie espagnole, annexée par Rabat en 1975. Les indépendantistes du Front Polisario ont rejeté le plan, qui consacre la souveraineté marocaine, et présenté un projet alternatif préservant le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui.
Le projet marocain n'est, selon une source sahraouie pro-marocaine, que "l'ossature d'un plan destiné à s'étoffer". Il prévoit pour les habitants du Sahara occidental un Parlement et un gouvernement autonomes, "comparables à ce qui existe en Espagne". L'enseignement ou la gestion des affaires du Sahara reviendraient à ce pouvoir autonome, alors que les affaires étrangères, la défense, la monnaie, la gendarmerie ou la douane resteraient aux mains de Rabat.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, dépositaire de la nouvelle initiative, a, selon une source onusienne, rappelé au Maroc que toute solution devrait être "mutuellement acceptable" et a fait référence aux résolutions du Conseil de sécurité, qui mentionnent le droit à l'autodétermination. Le Conseil de sécurité, qui doit renouveler, fin avril, la Mission des Nations unies au Sahara occidental (Minurso), examinera le projet.
PROPOSITION "CRÉDIBLE"
La monarchie chérifienne maintient son refus du plan "Baker II", du nom de l'ancien secrétaire d'Etat américain, qui prévoit un référendum d'autodétermination après une autonomie de cinq ans. La diplomatie marocaine s'est lancée, ces derniers mois, dans une vaste offensive diplomatique, sur tous les continents, pour défendre son plan, qui exclut l'indépendance.
Le Front Polisario, qui mène une contre-offensive, ne fait pas l'unanimité au Sahara occidental, où le Maroc a eu l'habileté de réactiver le Conseil des tribus sahraouies (Corcas), tombé en désuétude, et l'a associé à l'élaboration de son projet d'autonomie. Epuisée et démoralisée par un conflit qui s'éternise, la population sahraouie n'est pas insensible aux positions du Corcas et rejette aussi bien le pouvoir central marocain que la tutelle du Front Polisario ou de son parrain algérien.
Cette lassitude, la communauté internationale la partage. Cela explique les réactions globalement favorables au projet marocain de pays tels que la France, la Belgique et l'Espagne. Chacun voit là une coquille vide qu'il convient de remplir, avec l'espoir d'aboutir un jour à un compromis acceptable par tous, sur le modèle nord-irlandais.
Le numéro trois du département d'Etat américain, Nicholas Burns, a qualifié la proposition de "sérieuse et crédible". Les Etats-Unis "espèrent" qu'elle "va provoquer un débat et offrir l'occasion au Maroc et au Polisario d'ouvrir des négociations directes, sans conditions préalables", a-t-il ajouté dans un communiqué.
Florence Beaugé et Philippe Bolopion
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Pierre Laurent réitère le soutien de son parti aux revendications du peuple sahraoui
Paris, 13 oct 2019 (SPS) Le Secrétaire national du Parti communiste français (PCF) et vice-président du Parti de la gauche européenne, Pierre Laurent, a réitéré samedi le soutien ferme de son parti aux revendications du peuple sahraoui, en particulier le droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance.
Dans son discours prononcé lors de la manifestation des communautés sahraouies établies en Europe, tenue samedi à la Place de la République à Paris, Pierre Laurent a déclaré que son parti "soutient pleinement les revendications des manifestants et de tous les Sahraouis, en particulier le droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination et la reconnaissance de son droit à l'indépendance nationale".
"Nous ne voulons pas que la France mène la bataille, mais tout ce que nous demandons aujourd'hui, c'est que Paris mette fin à son soutien inconditionnel au Royaume du Maroc et qu'elle soit du côté des revendications du peuple sahraoui au sein des Nations Unies afin de pouvoir exercer son droit à l'autodétermination et à l'indépendance. Et œuvrer pour la libération de tous les prisonniers politiques sahraouis dans les prisons de l'occupation marocaine", a soutenu M. Laurent dans son allocution.
"J'ai visité avec un certain nombre de députés, les camps de réfugiés sahraouis et le mur de la honte, et nous avons beaucoup exposé sur la réalité et les conditions de vie du peuple sahraoui", a-t-il ajouté. "Nous resterons avec le peuple sahraoui tout au long de sa lutte de libération jusqu'à l'indépendance", a-t-il insisté.
D'autre part, M. Laurent a renouvelé son "soutien à la lutte du peuple sahraoui et être toujours avec la communauté sahraouie en France lors de manifestations et autres événements afin que les Sahraouis puissent atteindre tous les responsables du pays, les organes des Nations Unies et la communauté internationale dans son ensemble".
La communauté sahraouie d’Europe et les participants à cette grande manifestation de soutien au peuple sahraoui, ont appelé à la tenue d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental qui permettra aux Sahraoui de décider librement de leur avenir.
A l'appel de la Coordination des associations de soutien au Sahara occidental en France, la manifestation a vu la participation de plusieurs centaines de personnes, venus adresser un message fort à Paris pour qu'elle joue un rôle constructif dans le règlement du conflit au Sahara occidental, conformément aux principes et à la Charte des Nations Unies qui garantissent au peuple sahraoui son droit inaliénable à l'autodétermination
La manifestation a été également l'occasion pour les participants, la communauté sahraouie établie en Europe, les associations et les partis politiques, ainsi que les acteurs de la société civile solidaires avec les Sahraouis dans leur combat, pour dénoncer les violations des droits humains perpétrées par les forces d'occupation marocaines au Sahara occidental et pour demander au Conseil de sécurité de l'ONU d’étendre le mandat de la MINURSO à la surveillance des droits humains dans la dernière colonie en Afrique.
Les manifestants ont demandé à la France de renoncer au soutien et à la protection de l'occupant marocain dans les enceintes internationales, de respecter le droit au peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance, ainsi que la libération des prisonniers politiques sahraouis, en particulier ceux de Gdeim Izik. (SPS)