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30 avril 2022 6 30 /04 /avril /2022 20:20

Une cour ensoleillée dominée par le portrait de Marwan Barghouti levant le poing,  envahie par un public plutôt jeune. C’est le Prolé, lieu emblématique des luttes populaires à Nîmes, mais aussi lieu de culture. De rencontres des cultures du Monde. Cet après-midi Le Prolé accueillait le Quatuor Amayères de l’Association Gardoise des Ami.e.s de la Clarinette : Isabelle et Nicolas Stimbre, Margot Carles et Antoine Mézy dans un répertoire de compositeurs contemporains, successivement joyeux, tendre, iconoclaste souvent, bouleversant parfois.

Des intermèdes pleins d’humour extraits de « Arrêts sur image » de Romain Didier introduisaient chaque morceau, dits par les musicien-nes et notamment par Nicolas Stimbre.

 « The Antrios » (2021) qui débuta le concert,  du compositeur anglais Gary Yershon né à Londres en 1954, est une musique de scène écrite pour la version anglaise d'«Art» de Yasmina Reza.  Dans cette pièce, trois amis s’affrontent au sujet d’un tableau que l’un d’eux vient d’acheter fort cher. Un tableau blanc avec de fins liserés blancs. Leurs divergences vont en réalité au-delà du simple avis sur une œuvre d’art. Elles reflètent leur situation sociale et leur personnalité. Voici ce qu’écrit le compositeur: « La pièce de Yasmina Reza se divise en deux sections : premièrement, un certain nombre de scènes courtes, presque des vignettes, dans lesquelles un certain nombre de conflits sont mis en mouvement ; suivi d'une longue scène centrale dans laquelle se jouent les conséquences de ces conflits. La pièce se termine par une élégante coda mais ambiguë. » 

Cette partition nous entraîne dans une sarabande enjouée, quelque peu espiègle, à laquelle succède une période assez sombre avec des accents de marche funèbre, mais dans le final l’optimisme refait surface. Ce fut  pour moi une découverte, j’ai beaucoup aimé.

J’ai également été séduit par « Transocéanica » (2019) du compositeur urugayen Miguel Del Aguila né en 1957 à Montevideo, qui nous fait voyager en train de Rio de Janeiro à Lima en traversant les  vastes étendues de ces immenses pays que nous décrit la musique au  rythme des roues sur les rails.

J’ai été moins convaincu par Addis-Abeba dans Ciudades de Guillermo Lago (Willem van Merwijk), compositeur  néerlandais né en  1960, que j’aurais par son style  situé aux Etats-Unis plutôt qu’en Ethiopie, ce morceau ne reflétant pas du tout la culture de ce pays.

J’ai par contre été terriblement ému par Sarajevo du même compositeur qui évoque le siège – le plus long de l’histoire moderne - qui fit plus de 11 000 morts entre 1992 et 1996 dans  la capitale de la Bosnie-Herzégovine, la «Jérusalem de l’Europe». Cette composition débute par un chant funèbre d’une infinie tristesse et d’une grande douceur, mais la colère soudain se déchaîne en sons stridents contre ce crime, avant de s’éteindre comme s’éteignit la vie dans cette ville martyre.   Cette composition fut rejouée en clôture à la demande des nombreux spectateurs qui avaient les larmes aux yeux

Un grand merci pour cette belle fin d’après-midi, aux musicien-nes du Quatuor Amayères et à l’Association organisatrice de ce concert, Les Ami-es du Prolé, présidée par Florence Thiébaut.

Bernard DESCHAMPS

30 avril 2022

 

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