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21 janvier 2022 5 21 /01 /janvier /2022 15:03

Politique extérieure

Algérie-Maroc

Ne nous y trompons pas, la situation à la frontière algéro-marocaine est particulièrement préoccupante et grave. Rappelons les faits. Alors que depuis près de trente ans ( !), le Sahara Occidental attend vainement le référendum d’auto-détermination conformément à la Résolution 690 du Conseil de Sécurité de l’ONU du 29 avril 1991, le Maroc qui considère ce territoire autonome comme lui appartenant, fort de son soutien par l’Etat d’Israël, a déclenché le 13 novembre 2020 une opération militaire dans la zone tampon de Guerguerat. Ce qui a conduit la République Arabe Sahraouie Démocratique à reprendre les armes. Le 17 novembre, 11 victimes civiles sahraouies sont tombées sous les balles de la monarchie marocaine et un adolescent a été tué le 27 novembre par un drone de l’armée marocaine. Depuis l’origine de ce conflit colonial, l’Algérie soutient le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Pour se venger de cette position conforme au droit international, le Maroc, choisissant la voie d’une escalade dangereuse, a récemment apporté son soutien au MAK (Mouvement pour l’Autodétermination de La Kabylie) soutenu également par l’Etat d’Israël et dont le chef est domicilié en France, afin d’encourager la séparation de la Kabylie de la nation algérienne dont elle est partie prenante. Dans le même temps, le Maroc en coopération avec Israël, s’apprête à construire une base militaire à proximité de la frontière avec l’Algérie, à Mellila (possession espagnole revendiquée par le Maroc). Comme viennent de le déclarer plusieurs universitaires, dans l’Humanité du 7 janvier 2022 : « Face à ces provocations, les autorités algériennes ont réagi avec retenue, de manière diplomatique et économique (non-renouvellement du contrat du gazoduc GME passant par le Maroc) ».

Avec le Mali

Alors que Macron et Le Drian la pressent d’intervenir militairement au Mali, ce que permet désormais sa nouvelle Constitution, l’Algérie continue de faire le choix de la non-intervention et de privilégier les initiatives en faveur de la Paix.

Le 10 janvier, dans un communiqué, où l’on reconnait le sens de la diplomatie du ministre des Affaires Etrangères Ramtane Lamamra, le Président Tebboune en qualité de « chef de file de la Médiation internationale et Président du Comité de suivi de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, et à titre également de pays voisin partageant une longue frontière terrestre ainsi qu’une longue histoire de bon voisinage et fraternité avec le Mali », « mettant en garde contre les conséquences politiques, sécuritaires et économiques que peut avoir toute transition longue telle que celle envisagée par la partie malienne », s’est prononcé à la fois sur    « la nécessité pour les autorités de la transition du Mali de s’engager à faire de l’année 2022 celle de l’instauration d’un ordre constitutionnel malien rassembleur et consensuel ayant pour objectif de consacrer les acquis et les préconisations de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali issu du processus d’Alger » et fait part de sa préoccupation  « Devant les risques graves et les épreuves que portent en elle la panoplie de sanctions massives annoncées par le sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la CEDEAO ce 9 janvier à Accra, ainsi que les contre-mesures annoncées par le gouvernement de la République du Mali, l’Algérie appelle toutes les parties à la retenue et au réengagement dans le dialogue en vue d’éviter à la région un engrenage de la tension et une exacerbation de la crise ».

La situation en Libye

L'Algérie est inquiète du chaos qui règne chez son voisin libyen divisé désormais entre le Gouvernement d'union nationale libyen (GNA) basé à Tripoli et les forces du général Khalifa Haftar. Alger entend peser diplomatiquement dans la résolution du conflit.

Certains acteurs internationaux ne comprennent pas le scepticisme d’Alger pour le maréchal Haftar et son inclination pour le Gouvernement d'union national (basé à Tripoli et reconnu par l'ONU), soupçonné d’être pro-islamiste.

« Culturellement, Khalifa Haftar ressemble aux dirigeants algériens. Comme eux c'est un laïc et un militaire. Pourquoi cette défiance algérienne à son égard ? Le maréchal Haftar est perçu comme étant l’agresseur, celui qui a déclenché l’offensive militaire d’avril sur Tripoli. Pour les Algériens, ce que le maréchal Khalifa Haftar a fait, en bombardant les civils, relève de la Cour pénale internationale de la Haye. »(1)

L’Algérie et la démocratie

A l’occasion d’une conférence de presse, le 3 janvier dernier, la Secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT trotskiste) a porté un jugement sévère : « …plus de 300 détenus d’opinion sont recensés sans compter des milliers d’autres victimes de l’arbitraire […] Il y a aujourd’hui menace même sur le multipartisme et les acquis démocratiques […] Une simple publication sur une page personnelle conduit à la prison », a-t-elle déploré, expliquant que les violations des libertés ont atteint un niveau terrifiant ».

Ce que nie le pouvoir. Le chef de l'État, Abdelmadjid Tebboune déclarait le 8 août 2021 devant des représentants de la presse algérienne. « Il n’existe aucun détenu d’opinion en Algérie et l'insulte n'est pas une opinion ».(2)

Le Comité National pour la Libération des Détenus d’opinion(CNLD) a publié sur les réseaux sociaux, une liste nominative arrêtée à la date du 18 janvier 2022, par wilayas, avec les dates d’incarcération.

Les observateurs notent une aggravation par rapport à l’époque d’Abdelaziz Bouteflika. Ce sont les activistes du hirak qui sont particulièrement visés.

Bernard DESCHAMPS

22 janvier 2022

 

1-TV5 Monde : "l'Algérie veut jouer un rôle de médiateur " Jahel Harchaoui. AP/Jens Meyer)Mise à jour 24.12.2021 par Pierre Desorgues.

2- Observalgerie.Détenus d'opinion en Algérie : la LADDH répond à Abdelmadjid Tebboune Ali Aomar 9 Août 2021

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