Pour mémoire

• 19 décembre 2019, Abdelmadjid Tebboune, Président de la République.
• 30 décembre 2020, promulgation de la nouvelle Constitution de l’Algérie.
• 12 juin 2021, renouvellement de l’Assemblée Nationale Populaire.
• 17 septembre 2021, décès de l’ancien Président Abdelaziz Bouteflika.
• 27 novembre 2021, renouvellement des Assemblées Populaires Communales (Mairies) et des Assemblées Populaires de Wilayas. (Départements).
• 30 décembre 2021, promulgation de la Loi de finance2022.
• 5 février 2022, prochain renouvellement du Conseil de la Nation (Sénat).
• Taux de change du dinar algérien (19/01/2022) : 1 DA=0,0063€

La Loi de Finance 2022 (1)

Le budget de l’Etat en très forte augmentation, passe en dépenses de 5.314.506.529.000 DA en 2021 à 6.311.532.437.000 DA en 2022.

Budgets en augmentation : Présidence de la République ; Finances ; Affaires Etrangères ; Justice ; Energie et Mines ; Transition énergétiques ; Affaires religieuses ; Education nationale ; Enseignement supérieur et Recherche scientifique ; Formation et Enseignement professionnel ; Culture et Arts ; Jeunesse et sports ; Numérisation et Statistiques ; Postes et Télécommunications ; Industrie ; Agriculture ; Habitat, Urbanisme et Ville ; Commerce, Promotion des exportations ; Transports ; Ressources en eau ; Santé, Travail, Emploi, Sécurité sociale ; Environnement ; Pêche et productions halieutiques ; Industrie pharmaceutique.

Budgets en diminution : Energies renouvelables ; Moudjahidines et ayants-droits.

Budgets pratiquement sans changement: Services du Premier ministre ; Défense nationale ; Intérieur, Collectivités locales ; Solidarité nationale, famille et conditions de la femme ; Communication ; Travaux publics ; Tourisme et industrie artisanale ; Relations avec le Parlement.

Salaires, revenus, prix, pouvoir d’achat

La majorité de la presse algérienne et les partis d’opposition dressent en ce début d’année 2022, un tableau sombre de la situation économique, politique et sociale de l’Algérie.

Ce constat est en contradiction avec l’opinion émise par la Banque mondiale dans une étude récente (2)  : « « Même si l’Algérie a connu un ralentissement de la croissance au cours des cinq dernières années, elle a fait des efforts persistants pour améliorer le quotidien de sa population. En effet, au cours de la dernière décennie, l’Algérie a fait des progrès modestes dans la réduction de la pauvreté multidimensionnelle. Elle a réduit la mortalité des moins de 5 ans et la malnutrition ; et amélioré l’éducation dans la petite enfance et le taux d’achèvement de l’enseignement secondaire, entre autres. Le choc de la pandémie de COVID-19 a pu altérer les tendances positives en matière de développement humain en Algérie »

Or, les prix des produits de première nécessité, notamment des produits alimentaires connaissent une hausse vertigineuse du fait, à la fois de l’augmentation des coûts de production et des transports, des pénuries dont certaines sont organisées par des maffias de spéculateurs et en raison des hausses des taxes décidées par la Loi de Finance 2022.

Celle-ci a entr’autres instauré une TVA de 9% sur le sucre brut et le sucre blanc (3). Les députés ont également voté le 17 novembre 2021, la suppression des subventions généralisées sur les produits de base comme l’huile, le pain ou le lait. Ce mécanisme existait depuis des décennies. « Le gouvernement assure que système sera remplacé par un ciblage des plus nécessiteux. Il répond surtout aux injonctions du FMI »(4)

Selon TSA (5), le prix de la baguette de pain ordinaire de 250 g. est passé de 8,50 DA (prix fixé par l’Etat)  à 15 DA. Soit 0,094 € (et non 3,45 € comme l’écrit l’Humanité du 10 janvier) ce qui représente 0,08%  du SMIC mensuel net algérien fixé à 18 000 DA. Contre 0,06% en France.

L’huile de la marque Elio, vendue normalement 125 DA le litre et 250 DA les 2 litres est passée à 150 DA le litre et 275 DA les deux litres, soit 100% d’augmentation pour la bouteille d’un litre.

« Les légumes et fruits sont inabordables. haricot vert : 450 DA ; poivron : 180 DA ; tomate : 150 DA ; aubergine : 200 DA, courgette : 170 DA ;  fèves : 160 DA, pommes de terre : 75 DA ; carottes et navet : 70 DA ; chou-fleur : 80 DA. Les fruits de saison sont également chers : clémentine : 180 DA, orange : 140 DA,; dattes : 700 DA ; pomme : 550 DA ; bananes : 320 DA ; fraise : 650 DA. Les augmentations n’ont pas épargné les légumes secs : haricots blancs : 260 DA ; pois chiche : 340 DA ; pois cassés : 240 DA, lentille : 180 DA… Pâtes et riz ont également pris l’ascenseur.  Du côté des viandes blanches, le prix du poulet était fixé à 480 DA  le kilo » (soit 3€ contre 10,25€ en France).

Rappelons que le SMIC algérien fixé à 18 000 DA (112, 65 €) n’a, pas évolué depuis  2012. « Selon l’Office national des statistiques le salaire net mensuel moyen en Algérie (hors agriculture et administration) a progressé en 2019 de 2%, pour s’établir à 41.800 dinars contre 41.000 dinars en 2018.

« L’enquête de l’ONS montre que les activités pétrolières (production et services d’hydrocarbures) et financières (banques et assurances) sont les secteurs qui payent le mieux. Les salaires mensuels de ces deux secteurs, sont respectivement de 107.600 dinars et 61.200 dinars, suivis par les secteurs de la production et distribution de l’électricité du gaz et eau avec 47.142 dinars et de la santé avec 46.300 dinars.

La construction, l’immobilier et les services aux entreprises plus faibles

Par ailleurs, l’enquête a révélé que les salaires nets moyens mensuels dans les secteurs de la construction, de l’immobilier et services aux entreprises, enregistrent les niveaux les plus faibles avec, respectivement, 32.000 et 35.000 dinars.

Quant aux agents d’exécution, le salaire net moyen est de 74.500 dinars dans les industries extractives contre 24.700 dinars dans celui de la santé. »(6)

La Banque mondiale dans l’étude citée plus haut porte l’appréciation suivante : « Les régions les plus pauvres ont connu une amélioration plus rapide entre 2013 et 2019, montrant une convergence modérée avec les régions les plus aisées.(7)

Entreprises, emploi, chômage

Les chiffres du FMI et de la Banque mondiale :

« Selon les estimations du FMI, le chômage a atteint 14,2% de la population en 2020, contre 11,4% en 2019, en raison de la crise de Covid-19. Selon la Banque mondiale, le chômage est le plus élevé parmi les jeunes, les femmes et les diplômés en raison de l'inadéquation des compétences sur le marché du travail. Selon les estimations du FMI d'avril 2021, le chômage sera de 14,5% en 2021 et de 14,9% en 2022. » (8)

L’appréciation de UNIVERS ADOCC HUB ENTREPRENDRE (9)

« L'économie algérienne est principalement tirée par les hydrocarbures et l'investissement public. Les hydrocarbures représentent 98% des exportations, 60% des recettes fiscales et 19% du PIB. De tous les produits énumérés, le pétrole est le plus touché par Covid-19. Avant même l'arrivée du virus en Algérie, l'affaiblissement de la croissance du PIB s'expliquait par la tendance négative de la production et des prix des hydrocarbures, ainsi que par la faible diversification de l'économie algérienne. Un ralentissement de la croissance a également été enregistré dans les secteurs de la construction, des travaux publics et du logement, de l'agriculture et du commerce. Du côté de la demande, la croissance de la consommation privée a chuté de plus de moitié entre 2012 et 2019 car elle a été fortement impactée par la volatilité des prix du pétrole, le ralentissement des importations qui en résulte et l'incertitude politique. Selon les prévisions mises à jour d'avril 2021 du FMI, en raison de l'épidémie de COVID-19, la croissance du PIB est tombée à -6 % en 2020, mais elle devrait remonter à 2,9 % en 2021 et se stabiliser à 2,8 % en 2022, sous réserve de la reprise économique mondiale post-pandémie. »

Le bâtiment a particulièrement souffert

Selon l’ l’Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA), à la fin avril 2021, dernier chiffre connu : 5.700 entreprises avaient fermé et 150.000 emplois avaient disparu.(10)

Les prévisions de Statista Research Departement (11)

 «  Cette statistique présente l’évolution du taux de chômage en Algérie de 2012 à 2020, avec des prévisions jusqu'en 2026. Entre 2010 et 2020, le taux de chômage en Algérie a atteint deux pics à environ 14 % en 2018 et 2020. Selon les estimations du Fonds monétaire international, le taux de chômage en Algérie devrait augmenter plus fortement pour atteindre environ 19 % d'ici 2026. »(10)

Comme vous l’aurez constaté, les appréciations sur la base des mêmes chiffres, parfois diffèrent selon les organismes. A charge pour chaque lectrice/lecteur de se faire sa propre opinion.

Bernard DESCHAMPS

19 janvier 2022

1-Loi n° 20-16 du 16 Joumada El Oula 1442 correspondant au 31 décembre 2020 portant loi de finances pour 2021.  Loi n° 21-16 du 25 Joumada El Oula 1443 correspondant au 30 décembre 2021 portant loi de finances pour 2022.

2-Banque mondiale. Rapport de suivi de la situation économique de l’Algérie. Automne 2021./ Évolution de la pauvreté non monétaire et des inégalités en Algérie (P.22).

3- Article 94 de la loi de finances 2022 qui modifie l’article 23 du code des taxes sur le chiffre d’affaires CTCA

4- TV5 Monde. 17 nov 2021.Mise à jour 24.12.2021.

5- TSA, À la recherche de l’huile de table dans les magasins d’Alger.Par: Kenza Adil 03 Janv. 2022.

6- Algeria-Watch Informations sur la situation des droits humains en Algérie SOCIÉTÉ Salaires en Algérie : une enquête révèle les secteurs qui payent le mieux. PAR AW ·Publié novembre 2021·Mis à jour décembre 1, 2021.

7-Banque mondiale. Rapport de suivi de la situation économique de l’Algérie. Résumé analytique. XII.

8-Contexte politico-économique de l'Algérie - Données Exporthttps://export.agence-adocc.com › ... › Profil des pays

9- Ibidem

10- BTPH : 5.700 entreprises fermées et 150.000 emplois perdus ...https://www.algerie-eco.com › la deux

11- Publié par Statista Research Department, 16 juil. 2021.

Prochain article, « L’Algérie en ce début d’année 2022 (2) : La situation des libertés démocratiques. La politique extérieure de l’Algérie.